Nutanix est une des étoiles du marché des systèmes hyperconvergés. Sudheesh Nair, Président et co-fondateur explique le positionnement de son entreprise et ses projets de développements.

« Si tu ne vas pas au cloud, c’est le cloud qui ira à toi ». Telle pourrait être le motto de l’entreprise qui considère que le cloud public ne résout pas tous les problèmes mais jette les fondements d’une manière d’organiser l’IT. Le cloud présente de nombreux avantages reconnait Sudheesh Nair : time to market très court, consommation IT en fonction de la demande, l’IT en un clic, l’accès à l’innovation continue. Mais il a aussi ses revers : pas de possibilité de personnalisation, un coût plus élevé, la délégation à un tiers d’un service qui peut mettre en péril l’activité de l’entreprise et le syndrome de l’Hotel California selon lequel le client est enfermé par son fournisseur (lock-in en bon français).

5-nutanix-4En clair, les entreprises d’une certaine taille ne doivent pas et ne peuvent pas mettre toute leur IT sur le cloud public. Il faut donc leur donner accès à la technologie cloud dans leur propre data center. C’est ce que propose désormais Nutanix en évoluant vers une plate-forme complète. Il faut donc pouvoir proposer des solutions de type cloud hybride qui jettent les bases d’une informatique totalement flexible. « Prenons une société de distribution, elle pourra avoir la majorité de ses traitements en interne de janvier à novembre et en déporter une partie sur le cloud en décembre lorsqu’ l’activité bat son plein », explique Sudheesh Nair.

Créé en 2009, Nutanix a commencé sa phase commerciale il y a quatre ans. Elle fait état de 50 000 nœuds installés chez quelque 3500 clients soit une moyenne de 14 nœuds par systèmes installés. Mais elle a installé un système de 1800 nœuds chez un géant de la distribution et des systèmes de plus de 500 nœuds chez Best Buy et Toyota démontrant ainsi la scalabilité de ses systèmes parfois mise en question. Les annonces de l’année ont amélioré l’offre de virtualisation Acropolis Hypervisor basé sur KVM (ce qui évite de payer les royalties de VMware). Elle a également innové avec les solutions AHS (Acropolis File System), ABS (Acropolis Block Services) et ACS (Acropolis Container Services). Elle a également intégré des fonctions d’analytics dans le système de gestion d’infrastructure Prism.

Il faut libérer les applications de la « tyrannie » des infrastructures autrement dit de leur adhérence très forte avec celles-ci. Tout nouvelle démarche doit être orientée application en se concentrant sur les SLA et l’intégration des appstores sur les clouds publics et privés, facilement personnalisable et une plate-forme basée sur le choix et l’automatisation. Pour Sudheesh Nair, le cloud se définit par les API, les SDK (Software Development Kit) et l’automatisation. Un bon exemple est celui d’Uber qui ne possède aucune infrastructure et jour un rôle d’intégration en associant des technologies proposées par d’autres (AWS, Google Maps, moyens de paiements en ligne, mobiles, appstore…).

A l’instar de cette démarche, Nutanix entend proposer une plate-forme complète qui s’appuie sur des matériels standards (Dell, Lenovo, Cisco, les matériels basés sur les référence Open Compute, Project) aux applications en passant par toutes les couches intermédiaires (voir schéma ci-dessous), y compris les offres de virtualisation et de containers fédérés autour d’Acropolis, et des solutions d’automatisation et d’analytics autour de l’offre Prism.

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Et sur cette plate-forme, les utilisateurs peuvent ajouter des modules suppléments pour la gestion des services informatiques (ITSM), de gestion des actifs, d’orchestration, de sécurité…

Une fois cette plate-forme construite, Nutanix entend donc proposer une solution de cloud hybride basée sur deux pieds : AWS côté cloud public et Nutanix pour concevoir une solution de cloud privé avec la possibilité de faire un lien aussi fluide que possible entre les deux en fonction des besoins rendu possible notamment avec le logiciel d’automatisation.

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L’objectif pour les dirigeants de Nutanix est de mettre la société sur orbite en accélérant la croissance et le prise de part de marché en ayant fait le pari que l’architecture et le design de ses systèmes répondaient aux besoins actuels des DSI mais étaient suffisamment flexibles pour évoluer en fonction des besoins en gardant une longueur d’avance sur ses concurrents. « Ce que nous avons fait ces cinq dernières années sera décisif pour l’avenir », assure Sudheesh Nair. Nutanix a concentré ses efforts sur les dimensions compute et storage et fait appel à des solutions tierces standard pour la gestion réseau le plus souvent avec des équipement Cisco et Arista. Les clients commencent à utiliser des systèmes 40 Gbits. « Dans nos systèmes, la dimension réseau est un peu au second plan car nous faisons tout pour que les données restent locales », précise Sudheesh Nair.

Pour assurer sa croissance, Nutanix s’est introduite en bourse en octobre dernier, la plus importante de l’année au terme duquel l’entreprise est aujourd’hui valorisée à près de 5 milliards de dollars. Dans un contexte où l’introduction en bourse n’est pas actuellement la solution préférée des jeunes pousses, l’IPO de Nutanix est la plus réussie de l’année. Nutanix vient de publier ses premiers résultats de société cotée en bourse, résultats qui s’inscrive dans une stratégie de conquête de part de marché qui met donc l’accent la croissance au détriment d’une profitabilité à court terme. Mais la société entend dégager un excédent brut d’exploitation dans trois ou quatre trimestres. Nutanix a réalisé un chiffre d’affaires de 166 M$ en croissance de 90 % par rapport au même trimestre il y a un an mais une perte d’exploitation de 40 M$ (contre 32 M$ il y a un an). « Alors que ce n’était sans doute pas la voie la plus facile, nous sommes entrés en bourse pour deux raisons, conclut Sudheesh Nair : une validation de notre stratégie pour nos clients et en raison de la discipline qu’elle impose ».

Quadrant magique du Gartner des systèmes convergés

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