A peine arrivé au poste de « country manager » d’Oracle France, Gerald Karsenti a lancé le programme Go Oracle ! censé refonder l’entreprise en interne et son approche avec les clients.
Pour son baptême du feu en tant que patron de la filiale française, Gerald Karsenti a donc détaillé les contours de son nouveau programme Go Oracle ! ((Il insiste sur le !) qui se décline sur plusieurs facettes : business avec plein cap sur le cloud, ressources humaines avec You at Oracle pour mobiliser les troupes, client avec la customer generation et innovation avec Innov at Oracle avec des technologies avancées comme la blockchain ou l’intelligence artificielle.
« Ce plan s’appuie sur deux idées simples mais par triviales », explique Gerald Karsenti : le client et le cloud. « Le client devient la clé de voute, le centre et le moteur de notre approche et ce nouveau programme nous amènera à revoir notre manière de fonctionner de fond en comble ». Il est vrai que sur ce point, la période récente a été plutôt turbulente.
« Les audits de licences à répétition donnant systématiquement lieu à lourdes factures de mise en conformité ont profondément dégradé l’image d’Oracle auprès des clients », expliquait le PDG d’un gros partenaire français d’Oracle à notre confrère ChannelNews. « La politique de licencing d’Oracle est devenue extrêmement complexe et surtout piégeuse ce qui la rend difficile à respecter à la lettre », poursuivait-il. Le cloud est désormais l’horizon indépassable d’Oracle. « On vendait des solutions traditionnelles, reconnait Gerald Karsenti, on va désormais vers le tout cloud. Et j’ai rejoint Oracle car je pense que l’entreprise possède les solutions pour être leader de ce marché ».
Parmi les arguments militant en faveur de cette idée, Gerald Karsenti explique qu’Oracle est le seul acteur activement présent sur les 4 segments du cloud : le DaaS (Data as a Service), Saas, PaaS et IaaS. La base de données est considérée comme un élément stratégique mais n’est qu’un brique de l’ensemble de l’offre. « Chez Oracle, tout part de l’application, un avantage important car c’est là problématique métier des clients », explique Karine Picard en charge de la stratégie applicative et du business development. Sur le segment du IaaS, Oracle est encore très loin des ténors du marché que sont AWS, Microsoft ou Google ce qui ne l’empêche pas très agressif en matière de prix. « Nos offres sont environ 50 % moins chères que celles de nos grands concurrents », affirme Gerald Karsenti. Pour ce qui concerne la dimension réseau, Oracle a noué des accords avec des partenaires, notamment Equinix qui héberge certains de ces data centers, notamment celui de Frankfort qui vient d’être ouvert. Au total, Oracle gère 27 data centers. L’éditeur propose également des offres incluant des bandes passantes garanties.
Même si l’entreprise ne s’engage vraiment sur des objectifs chiffrés, elle ne manque pas d’ambition et semble donc considérer que la partie n’est pas terminée. Le cloud est désormais au centre des activités de conseil et des applications dont il représente respectivement 70 et 95 % des nouveaux projets, présageant un basculement vers l’informatique en nuage plus rapide qu’on le pense couramment.
Pour Oracle comme pour ses clients, l’évolution vers le cloud est une révolution. Selon Gerald Karsenti, il y a trois manières de déployer le cloud : on-premise c’est-à-dire dans ses propres data centers, en appelant des services sur le cloud public, ou encore ce qu’Oracle appelle le cloud machine ou cloud at customer qui est une sorte de cloud public chez le client et s’appuie sur une infrastructure de type Exadata ou Exalogic.
Chez Oracle, la migration vers le cloud est aussi une révolution culturelle car « jusqu’ici on vendait des solutions traditionnelles alors qu’aujourd’hui, il s’agit d’accompagner les clients dans leur transformation numérique, notamment via le cloud, en apportant de la valeur ajoutée », précise Gerald Karsenti.
Le cloud sera aussi un moyen de redresser l’image écornée d’Oracle par des pratiques un peu âpres (Oracle : Gérald Karsenti aura-t-il les moyens de remplir sa mission ?) que reconnait partiellement Gérald Karsenti. Concernant les audits de licences, le nouveau patron d’Oracle considère que « nos contrats correspondent à des offres avantageuses en contrepartie desquelles nous attendons des clients qu’ils respectent les règles de déploiement. En revanche, l’audit ne doit pas être un business. Je n’entends pas mener la politique commerciale demain comme cela a été fait par le passé » poursuit-il.
Dans cet accompagnement vers le cloud, Oracle déploie plusieurs initiatives destinées à faciliter la tâche des clients. La « digital mission » permet en une journée de développer une maquette ou l’agence Next qui, elle, permet de développer un prototype. Parallèlement, Oracle a embauché une centaine de spécialistes qui seront directement attaché à des clients et s’assureront de la bonne marche des opérations. Pour résorber ce déficit d’image creusé ces dernières années, Gerald Karsenti entend écouter attentivement les désiderata de tous les clients en examinant chaque cas et en y apportant une réponse particulière. Ce qui n’empêche pas Oracle d’engager un nouveau dialogue avec le Cigref pour expliquer « notre nouvelle stratégie » et ouvrir un groupe de réflexion.
Dans cette grande transformation, le nouveau patron d’Oracle aura-t-il les moyens de ses ambitions étant l’organisation de l’entreprise ? « J’ai défini une feuille de route qui a été acceptée avant que j’entre chez Oracle, affirme-t-il. Mais il faut définir un juste milieu entre une indépendance totale et l’application rigide d’une stratégie globale. En tous cas, l’organisation d’Oracle est en tout point comparable à celle d’HP » (avant la scission) dont il a présidé la filiale française.