Pas d’annonces majeures lors de ce Cloudworld qui se tenait aujourd’hui à Paris mais la volonté d’Oracle de montrer qu’il entend être un acteur majeur du cloud.

« Notre offre cloud est unique sur le marché », expliquait Thomas Kurian, responsable de la R&D de l’éditeur avec un budget de 5 milliards de dollars et près de 28 000 personnes sous sa responsabilité lors de la conférence plénière de Cloudworld. « D’abord parce que nous sommes  présents sur les trois niveaux (SaaS, Paas et IaaS) alors que nos concurrents ne couvrent qu’un, voire deux, de ces segments. Ensuite, toute notre offre logicielle et applicative est (ou le sera) disponible en mode cloud. » Sur ce point, Oracle précise que son applicative (HCM, CRM, ERM…) sera disponible uniquement sur son propre cloud. En clair, Oracle entend garder un certain avantage concurrentiel avec ses propres solutions applicatives et ne pas être en concurrence avec ses éventuelles partenaires. Seules les solutions d’infrastructure (bases de données, middleware, outils de développement…) sont disponibles sur des clouds publics de type AWS. « Enfin, dernier élément différenciant, conclut Thomas Kurian, notre offre cloud a été conçue et développée pour être mise en œuvre aussi bien par les petites entreprises que par les grandes sociétés multinationales. »

Vu d’Oracle, quelles sont les raisons les plus fréquentes qui poussent les entreprises vers le cloud et où cette technologie apporte des réponses particulièrement adaptées ? Dans le cas d’une expansion géographique, il sera très commode d’avoir un ERP en central On premise et des ERP périphériques sur le cloud. Dans la situation d’une entreprise où des ERP ont été installés au niveau des divisions, le cloud facilitera la consolidation. Une troisième situation adaptée à une démarche cloud est celle où l’entreprise souhaite adopter une solution spécialisée comme par exemple une application de sourcing.

« La vague du cloud déferle très vite, poursuit Thomas Kurian, et deux–tiers des implémentations nouvelles d’ERP (une des applications jusqu’ici les plus réfractaires au cloud) le sont directement sur le cloud ».

Si les ambitions d’Oracle dans le cloud sont grandes, la réalité est différente dans la mesure où la position de l’éditeur sur les 3 segments est encore modeste. Même si les chiffres fournis par Oracle donne la dimension de la puissance de feu : 13 data centers dans le monde gérant 205 Po de données, 9 millions d’utilisateurs connectés qui passent chaque jour 19 milliards de transactions. Mais les jeux ne sont pas faits car c’est un marché loin d’être mature et la position des différents protagonistes évoluent très rapidement. « On ne sait pas ce que sera la cartographie du marché dans 5 ans, assure Jean-Luc Galzi, SVP applications services chez Schneider Electric France. D’ailleurs, il est préférable de choisir une offre en fonction de ce que sera son fournisseur demain et non ce qu’il est aujourd’hui ». Un raisonnement qui laisserait toutes chances à la firme de Larry Ellison même si elle accuse un certain retard.

Si le cloud apporte des solutions aux nombreux problèmes posés aux DSI, il présente des écueils comme les solutions traditionnelles. « Malgré les ERP qui ont instauré le centralisme démocratique que l’on connait depuis longtemps,  les entreprises sont assez peu intégrées et toujours organisées en silos, considère Eric Delgove, Partner Technology chez Deloitte. Si le cloud est un outil d’intégration formidable, il peut tout aussi bien reproduire le schéma existant. »

Une autre fausse idée est que le cloud est la panacée qu’il apportera inévitablement une simplification des problèmes d’architecture et d’infrastructure. C’est la une illusion d’optique qui confond le point de vue de l’utilisateur et celui de l’informaticien. Avec le risque mentionné par Pierre Hessler, conseiller du président chez Capgemini, « de confondre la familiarité d’usage suite à l’utilisation courante des nouvelles technologies et la familiarité avec les problématiques liées aux architectures et au développement ». Le message est clair, la simplicité d’usage qui a été une des conséquences de ce l’on appelle la consumérisation de l’IT ne doit pas masquer la complexité derrière l’interface utilisateur. Et cloud ou pas cloud, celle-ci est réelle. Certes, une entreprise peut s’en délester auprès de son fournisseur de services cloud, mais celle-ci existe bel et bien.

Cloud ou pas cloud, les problèmes liées à la mise en place de solutions informatiques sont toujours les mêmes. « Un projet moderne qui capote ressemble étrangement à un projet ancien qui capote, insiste Pierre Hessler, et les raisons des échecs sont les mêmes qu’avant : sous-estimation de la tâche à accomplir, manque de moyens, pas de soutien de la direction générale, mauvais accompagnement au changement… » Bref, le cloud apporte des solutions mais il ne résout pas tous les problèmes.