L’étendue des connaissances technologiques dont les fournisseurs de services ont besoin a augmenté de façon exponentielle. Pourtant, le nombre d’employés est resté stable, voir en déclin, chez la plupart d’entre eux. En effet, le bassin de talents du numérique n’a pas été en mesure de suivre cette cadence.

Avec un écosystème plus diversifié et collaboratif que jamais, de multiples choix s’offrent aux fournisseurs de services. Le challenge est alors de trouver un juste équilibre entre former les talents en interne, ou se tourner vers des partenaires externes. Plusieurs facteurs sont à prendre en considération au moment de décider comment, quand et avec qui établir un partenariat bénéfique.

Se concentrer sur son cœur de métier

Pour la plupart des entreprises, le succès économique provient de leur activité principale. Les dirigeants doivent examiner attentivement leur entreprise et se demander ce que leur cœur de métier peut offrir et que personne d’autre n’est en mesure de répliquer.

Il est important de connaître les points forts de son organisation et de se concentrer sur l’optimisation de ces derniers, grâce à l’innovation notamment. Nul besoin donc de copier la manière dont les concurrents du marché opèrent.

De plus, une bonne connaissance de son cœur de métier permet une prise de décision éclairée, notamment en matière de partenariats. Cela permet une identification plus aisée des organes externes pertinents pour résoudre une problématique donnée et de déterminer dans quels domaines l’entreprise a besoin de logiciels tiers pour avancer.

La diversification : un levier clef pour progresser

Compte tenu de la pénurie croissante de compétences numériques spécialisées, nous devons encourager les entreprises à se tourner vers les technologies émergentes. Exit les domaines attendus des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), place au STIAM, le A caractérisant les « arts ». Les entreprises doivent s’ouvrir à d’autres compétences et perspectives rencontrées sur le marché pour mieux appréhender la diversité de leurs clients.

Un diplôme d’ingénieur n’est pas indispensable pour utiliser un logiciel. Il n’est pas non plus nécessaire de comprendre comment il est développé. Les entreprises doivent considérer leur business dans son ensemble, et ce que différentes visions peuvent apporter lors du développement de logiciels. Cela s’applique aussi bien à la politique de recrutement qu’à la cohésion entre les équipes et aux partenariats.

Choisir des leaders d’opinion

Le vrai leadership d’aujourd’hui n’est pas seulement incarné par les individus à même de résoudre des problématiques technologiques. Il ne se confine pas non plus à une vision technique de l’avenir. C’est reconnaître le besoin de façonner son organisation avec les capacités qui lui permettent de saisir les occasions qui se profilent à l’horizon.

Jim Whitehurst, CEO de Red Hat, appelle cela « organiser pour l’innovation ». Il soutient que dans l’environnement changeant d’aujourd’hui, la planification telle que nous la connaissons est morte. Les entreprises doivent plutôt bâtir l’état d’esprit et les mécanismes qui leur permettront d’aller plus vite et de se transformer afin de répondre à l’évolution des besoins.

La quête d’une philosophie commune

Les entreprises doivent statuer sur le type de partenaires auxquels elles souhaitent être associés ainsi que sur la manière dont elles souhaitent être perçues sur le marché. Cela leur permet d’aller de l’avant avec des partenaires dont les valeurs fondamentales correspondent aux leurs. À mesure que l’écosystème évolue, de plus en plus vers l’Open Source, désirent-elles être perçu comme un leader de l’innovation « upstream » ? Devenir un contributeur actif aux communautés Open Source et aider à influencer les nouvelles fonctionnalités pour répondre aux attentes du marché ? Ou encore, se positionner en tant que chef de file dans l’adoption de technologies pour étendre leurs capacités d’innovation ?

* Les communautés « upstream » sont les projets et les personnes qui participent au développement de logiciels libres et sont également connues sous le nom de moteurs d’innovation.

L’honnêteté : une valeur fondamentale

L’honnêteté et la transparence permettent aux entreprises de grandir ensemble en identifiant rapidement les challenges auxquels elles sont confrontées. Le fait de travailler dans des communautés Open Source oblige à une certaine transparence au sujet des déficiences dans la mesure où elles sont visibles par l’ensemble des parties prenantes. Le code source est entièrement exposé, et tout le monde travaille sur la même base, ce qui permet de s’unir plus facilement autour de causes et de problématiques communes.

Lorsqu’une entreprise envisage des partenaires potentiels, elle doit déterminer leur degré d’implication au sein de communautés Open Source, et être clair sur l’importance d’une communication ouverte et honnête dans le cadre de l’ensemble de ses transactions commerciales.

Établir des modèles clairs pour engager ses partenaires

Une relation avec un partenaire peut prendre des formes diverses. La collaboration au développement Open Source est un engagement distinct de celui de travailler avec le même partenaire sur le plan commercial.

Les communautés « upstream » sont axées sur l’itération rapide, la créativité et l’innovation. Le processus de mise sur le marché d’un produit doit porter sur sa fiabilité, sa sécurité et l’assurance qu’il fonctionne bien dans la pratique.

Ces deux domaines peuvent se chevaucher : les besoins économiques peuvent influencer les communautés dans une certaine direction, et la collaboration en amont entre partenaires peut consolider une relation économique. Les entreprises peuvent également travailler de concert en amont, tout en se livrant une concurrence féroce durant la phase de vente.

Par conséquent, il s’agit d’établir dès le départ des modèles d’engagement. Si l’entreprise ne détermine pas en amont ce à quoi ressemble la « réussite » pour les deux parties prenantes, alors le succès à long terme du partenariat est discutable.

Comprendre l’Open Source

La prolifération de l’Open Source dans tous les secteurs permet à de nouveaux acteurs d’entrer sur les marchés et aux acteurs existants de collaborer de manière plus étroite. Il existe différentes façons d’exploiter les technologies Open Source et il est important de comprendre l’impact de chacune sur son entreprise.

La mise à disposition gratuite des logiciels libres ne signifie pas qu’ils ne représentent aucun coût pour l’entreprise. Celle-ci est tenue de s’assurer que le logiciel est sécurisé en permanence. La gestion du cycle de vie du logiciel nécessite des ressources et des compétences. De surcroît, le fait de réaliser des modifications qui ne sont pas fournies en amont nécessite de prendre en charge la surveillance, la maintenance, le support technique, les mises à jour et le cycle de vie complet du logiciel. Enfin, les fournisseurs qui n’apportent pas tous les changements aux projets en amont deviennent désynchronisés de la version communautaire et ne peuvent plus profiter de l’innovation qu’elle apporte.

Le fait d’opter pour des logiciels pris en charge (version d’entreprise d’un logiciel communautaire à code source ouvert) implique que l’entreprise doit s’acquitter d’un abonnement à un fournisseur de logiciels, mais c’est au fournisseur de stabiliser le logiciel, de certifier qu’il fonctionne avec un écosystème d’autres matériels et logiciels, de s’assurer que son utilisation est sûre pendant son cycle de vie et de fournir les conseils nécessaires pour l’intégrer à l’environnement existant et obtenir les résultats escomptés.

En conclusion, les entreprises doivent continuellement évaluer leurs objectifs économiques et les résultats qu’elles enregistrent au sein de leur marché, et ce, afin d’ajuster leur approche au fil de l’eau. Les erreurs commises aident à apprendre pour l’avenir. Une entreprise qui est stratégique dans les projets auxquels elle participe et qui n’a pas peur de changer et d’abandonner les projets qui ne réussissent pas sera plus agile et s’adaptera mieux au changement. Les entreprises doivent être ouvertes à diverses catégories de compétences et transparentes au sein de leur organisation et avec leurs partenaires au sujet de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. En matière de partenariats, c’est toujours une vision stratégique à long terme qui positionne le mieux l’entreprise pour réussir.

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Susan James est Senior Director, Telecommunications Strategy, Red Hat