Les approches du multi-cloud vont du choix de différentes plates-formes pour différentes charges de travail au déplacement dynamique des charges de travail afin de tirer parti des prix et des performances spécifiques des fournisseurs. La surveillance de la performance du cloud vous donne les informations dont vous avez besoin pour prendre des décisions de gestion éclairées.

La norme se résume aujourd’hui à plusieurs plateformes de cloud computing

Le multi-cloud attire beaucoup d’attention en ce moment. 80 % des entreprises interrogées par Forrester en 2018 décrivaient leur stratégie de cloud comme étant basée sur plusieurs plateformes. Il n’existe pas aujourd’hui de définition « officielle » du multi-cloud, certaines entreprises considèrent qu’il s’agit d’utiliser des clouds privés et publics pour différentes charges de travail tandis que d’autres diront que c’est l’utilisation simultanée de plusieurs clouds public pour la même charge de travail. Mais quelle que soit l’approche choisie, l’objectif est de faire correspondre les exigences de charge de travail à la plate-forme qui offre la meilleure combinaison de prix, de performances et de facilité de gestion.

Une taille unique ne convient pas à tous

Le choix de la meilleure plate-forme pour une charge de travail particulière dépend de nombreux facteurs : conception de l’application, exigences d’intégration, emplacement des utilisateurs ou des données, besoin de sécurité et disponibilité des outils de gestion. Les fournisseurs de plates-formes, qu’elles soient privées ou publiques, se différencient également en offrant des fonctionnalités uniques et des services complémentaires pour attirer un certain type d’utilisateurs ou adresser des marchés spécifiques. Certains utilisateurs vont être rassurés par le contrôle que procure l’utilisation d’une plate-forme de cloud ouverte. L’un ou l’ensemble de ces facteurs peut jouer un rôle dans la décision initiale relative à la plate-forme. De plus, la facilité d’acquisition des services cloud a conduit de nombreux groupes non informatiques à acheter des services cloud, renforçant encore la diversité des plates-formes que le service informatique est censé gérer.

Le multi-cloud réduit les risques

En plus des fonctionnalités pures, certaines entreprises répartissent une charge de travail unique sur plusieurs plates-formes de cloud afin d’accroître la résilience face aux pannes. Bien qu’elles soient rares, les pannes et les failles se produisent même chez les plus grands fournisseurs, ce qui constitue un risque inacceptable pour certains secteurs d’activité. Avec une plate-forme unique, la « recouvrabilité » est limitée à ce que le fournisseur est en mesure d’offrir. A contrario, un déploiement multi-cloud permet aux utilisateurs de transférer le traitement vers un autre fournisseur, si nécessaire, pour récupérer rapidement après une perte partielle ou totale d’une plate-forme.

La répartition du traitement entre deux fournisseurs fournit également une police d’assurance contre la hausse des coûts. Avec des contrats et des procédures de paiement en place chez deux fournisseurs, une entreprise peut accélérer le traitement sur la plate-forme la plus rentable à mesure que la demande augmente. De nombreuses organisations utilisent cette stratégie pour se protéger des hausses de prix. Le principal obstacle au changement de fournisseur est la dépendance à des outils ou à des services natifs. Les utilisateurs réagissent avec des plates-formes de gestion dans le cloud (cloud Management Platform – CMP) et des courtiers de services dans le cloud (cloud Services Brocker – CSB) qui séparent la partie « gestion » de la plate-forme cloud sous-jacente, afin de réduire le blocage et de fludifier les transferts.

Le transfert de la charge de travail peut améliorer les performances

Une stratégie multi-cloud offre également aux entreprises des options pour améliorer les performances de leurs applications et de leur réseau. Avant qu’un changement de plate-forme puisse être justifié, l’équipe informatique doit d’abord gagner en visibilité sur les performances d’un environnement distribué et identifier les mesures à mettre en oeuvre pour prendre des décisions concernant la plate-forme. La prochaine étape critique consiste à effectuer des simulations sur d’autres plates-formes et à valider leur capacité à respecter les accords de niveau de service requis. Dans le cloud, le transport de données est souvent hors du contrôle de l’entreprise et a un impact significatif sur l’expérience de l’utilisateur final. Certaines applications sont sensibles au retard, à la gigue ou à la perte de paquets. Une étape critique de la gestion multi-cloud consiste à simuler un mélange réaliste de trafic complexe et volumineux sur divers terminaux pour observer et documenter tout avantage de performance. La validation de la nouvelle plate-forme avant sa mise en œuvre augmentera les chances de réussite du déploiement avec un minimum de perturbations pour les utilisateurs.

La maintenance et le dépannage d’un réseau distribué représentent un coût important pour une organisation. Certaines organisations utilisent déjà la surveillance active pour mesurer en permanence leur productivité, identifier de façon proactive les goulots d’étranglement et apporter des correctifs aux tests. Dans un contexte multi-cloud, la surveillance active des performances peut conduire à une réduction des coûts et fournir des informations critiques pour l’orchestration du cloud.

L’avenir du multi-cloud

A la pointe de la stratégie multi-cloud, les entreprises construisent un environnement dans lequel les transferts potentiels de charge de travail sont automatiquement identifiés et exécutés de manière dynamique. Dans cet environnement, les stratégies et les tolérances sont préétablies et les paramètres clés font l’objet d’une surveillance continue pour déterminer quand un transfert est pertinent. Une plate-forme d’orchestration initie et complète le transfert de la charge de travail entre les plates-formes. Cette stratégie s’appuie sur la technologie des conteneurs et de nouveaux outils de gestion des données sur le cloud, conçus pour permettre l’utilisation de configurations de ressources sur plusieurs plates-formes et le suivi des dépendances entre les clouds. À terme, ces outils réduiront l’effort manuel d’orchestration et permettront aux entreprises de créer des environnements multi-cloud à grande échelle.

Pour la plupart des entreprises, une approche véritablement dynamique du multi cloud n’est pas encore une réalité. Entre-temps les entreprises devraient établir des pratiques et sélectionner des outils de surveillance et de mesure de la performance dans le cloud afin d’acquérir les connaissances dont elles ont besoin pour la mettre en œuvre. Au fur et à mesure que la technologie multi-cloud mûrit, la capacité de changer de plate-forme sans dépense importante ni effort manuel est une assurance contre la hausse inattendue des coûts, le manque d’innovation ou un service et un support inacceptables.

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Lora O’Haver est Senior Solutions Manager chez Ixia (Keysight)