Les cadres dirigeants des entreprises feraient plus confiance à leur intuition qu’aux solutions de business intelligence pour prendre leur décision.

Trois cadres dirigeants interrogés sur quatre font confiance en priorité à leur intuition pour prendre leur décision. C’est ce que révèle l’enquête Mind Over Promise – The role of people in technology-driven

organisations réalisée il y a quelques mois par the Economist Intelligence Unit (EIU) auprès d’une centaine d’organisations européennes. Et même parmi ceux qui indiquent s’inscrire dans une démarche basée sur l’analyse des données, plus des deux tiers s’appuient d’abord sur leur intuition.

Cet état d’esprit est-il le manque de culture des décideurs sur les solutions d’analyse de données, un manque de compréhension de systèmes de plus en plus complexes, notamment tout ce qui appartient au big data, où est-ce une crainte de cette nouvelle concurrence, de plus en plus appuyée des machines intelligentes ? C’est là un problème qui n’est pas nouveau et s’est posé dans différents disciplines comme l’éducation ou la médecine où l’ordinateur allait remplacer le professeur ou le médecin. Par exemple, certains s’émerveillent des prouesses réalisées par le système Watson d’IBM, d’autres s’en inquiètent.

Près de 6 personnes interrogées sur 10 déclarent qu’elle demanderait une nouvelle analyse des données disponibles dans l’hypothèse où les résultats qu’elles révèleraient ne seraient pas en accord avec leur intuition. Et pourtant, de manière un peu paradoxale, une très grande majorité (87%) pense qu’améliorer le processus de prise de décision améliorerait les performances financières de leur entreprise.

Pour qu’elles soient pertinentes et efficaces, les décisions doivent s’inscrire dans un processus et bénéficier du soutien de ceux qui seront chargés de les mettre en œuvre, explique le rapport. Car une décision prise de manière solitaire et qui n’est ni comprise ni adoptée n’est pas une bonne décision.

Autre manquement que met en avant le rapport, la démarche irrationnelle des décisionnaires. « Par le passé, les entreprises ont abusé de l’utilisation des données, considère Robin Tye, DG d’Ersnt & Young UK. Trop souvent, ils utilisaient des données qui soutenaient leur décision.

Rupert Naylor Vice President de la société Applied Predictive Technologies (APT) estime que pour analyser les données, « il faut adopter une démarche comparable à celle utilisée dans toute expérimentation scientifique commençant à poser des hypothèses nécessaires à la collecte des données. Les données sont ensuite analysées donnant des résultats qui sont réinjectés dans de nouvelles hypothèses, puis de nouveaux tests ».  Une boucle vertueuse que trop de décisionnaires ne semblent pas encore enclins à adopter. Avec l’avancée rapide des systèmes d’aide à la décision grâce notamment au big data, une telle attitude posera des problèmes de plus en plus importants.