L’Idate a organisé un Digiworld sur l’habitat du futur dont les développements n’ont pas été ceux attendus. Quelles évolutions en 5 points.

Le marché de la maison connectée n’a pas décollé faute de services attractifs, qui ne peuvent être rendus qu’en combinant différents équipements. Les freins à lever sont d’ordre économique (quel business model dans un système faisant intervenir autant d’intervenants ?) et d’ordre technologique (comment gérer la fragmentation ?).

C’est paradoxalement une technologie (l’intelligence artificielle) qui pourrait permettre de lever les freins technologiques freinant les usages humains. Mais l’intelligence artificielle est aussi une des technologies qui fait le plus peur aux humains. Elle se développe donc d’abord avec des approches plus invisibles (l’assistant vocal n’étant que la pointe de l’iceberg), notamment dans des modèles B2B2C favorisant d’abord la productivité dans les bâtiments et les établissements de soins.

L’intelligence artificielle est nécessaire pour accélérer le développement du marché 

Les usages actuels du numérique appliqués aux domaines de l’habitat sont encore très modestes, confinés à une niche d’utilisateurs technophiles souvent ultra-équipés. Les solutions de première génération de domotique se sont développées avec une approche techno-centrée dans un contexte de guerre des standards complexifiant encore un peu plus les usages. Longtemps délaissé, le sujet de la maison connectée revient désormais dans les préoccupations grâce au regain de l’IA, pour mieux accompagner l’humain.

L’usager est désormais au cœur des réflexions en termes de développement de services et notamment de scénarios combinant différents objets et/ou capteurs. Sans eux, les fonctionnalités restent limitées et l’attractivité de la maison connectée en pâtit. C’est l’IA qui facilitera le développement de ces scénarios (trop) complexes en permettant des configurations automatisées (ou au moins des suggestions). L’IA pourrait même permettre le développement de nouvelles approches du service.

Le bâtiment intelligent a déjà le vent en poupe, principalement pour la gestion de l’énergie

Dans le secteur tertiaire, l’IA se met assez rapidement en place autour notamment de la gestion de la consommation énergétique (éclairage, chauffage, climatisation, ventilation). Il s’agit évidemment d’abord de réaliser des gains économiques, sous le contrôle du gestionnaire du bâtiment qui pilote les usages. Mais les développements vont plus loin en tenant compte du contexte et des occupants pour assurer le respect de règles locales (typiquement contrôle d’accès) ou offrir plus de confort.

Les développements autour de la maison connectée restent incertains

Le marché de la maison connectée progresse nettement, mais la croissance n’explose pas. L’IA va faciliter les développements de demain et soutient d’ailleurs le développement des assistants vocaux (via l’amélioration considérable de la reconnaissance vocale), fournissant une nouvelle interface utilisateur plus adaptée aux usages complexes que les applications.

Toutefois, l’IA ne suffit pas sur les segments grand public pour assurer le développement de la maison connectée, la mise en place de ces solutions reste complexe à mettre en œuvre et se heurte en particulier aux problèmes de coûts pour assurer la diffusion à grande échelle des capteurs et des objets connectés (souvent vendus de manière premium). Les usages d’objets connectés à la maison via les assistants vocaux restent ainsi marginaux.

Le modèle économique en B2B2C reste la principale opportunité

Le modèle économique de la maison connectée est très compliqué à mettre en œuvre. Pour l’utilisateur grand public, contrairement aux solutions B2B, le gain économique est rarement le bénéfice principal (sauf autour de la sécurité et de la gestion d’énergie qui sont d’ailleurs les applications les plus développées de la smart home) et cantonne l’essentiel du marché à une approche de renouvellement (logiquement lent).

Les objets eux-mêmes sont souvent chers. Les alternatives sont souvent par ailleurs nombreuses pour les usages simples et le recours à des modèles économiques reposant intégralement sur le service (ie incluant l’objet) est plutôt rare. La situation est d’ailleurs relativement similaire pour la ville intelligente (ou smart city) prise dans son ensemble, avec de nombreux services non marchands qui ne représentent alors que des coûts à supporter.

Face à ces difficultés sur les marchés B2C (et B2G), les fournisseurs de solution domotique se tournent vers des approches s’appuyant sur des prescripteurs et intermédiaires, notamment autour des promoteurs ou des assureurs de santé, ce qui résout la question de l’équipement en amont et la problématique du canal de vente. A une échelle plus large, l’approche est similaire avec les assureurs autour du maintien à domicile.

L’usager adopte une attitude encore prudente

L’IA ne suffira pas seule à assurer le développement du marché. La capacité de l’usager à accepter de tels développements, notamment autour de l’IA, n’est pas clairement évidente. L’IA fait souvent peur, en particulier à domicile, par la perte de contrôle qu’elle implique, malgré les bénéfices en termes d’usage.

Plus largement, l’acceptabilité sociale de tels dispositifs est aussi à clarifier. Les personnes âgées, souvent peu technophiles, voient souvent d’un mauvais œil ces solutions perçues mettant en lumière leur perte d’autonomie. Une partie significative des propriétaires des nouveaux logements ne souscrit pas aux offres de domotique, même lorsque celles-ci sont proposées à moindre coût.