De la simple virtualisation on-premises au cloud public, les entreprises ont le choix dans une très large palette de services cloud. Mais elles sont aussi confrontées à des coûts non planifiés lorsqu’elles ont franchi le pas.
La virtualisation des serveurs sur site est souvent considérée comme la première étape vers la mise en œuvre de services cloud. En 2015, c’est pour l’instant la plus importante et de très loin puisqu’elle est cité par 7 décideurs informatiques sur 10. C’est ce qu’indique une étude publiée par le cabinet Saugatuck (Evolving Infrastructure Profiles – The Shift to the Cloud Accelerates) qui montre que la question de l’infrastructure IT va évoluer rapidement. Dans quatre ans, la situation devrait être significativement différente. Le premier chemin emprunté par les entreprises est la mise en œuvre d’un cloud privé, soit en interne soit hébergé chez un fournisseur spécialisé (fournisseurs de data centers de colocation neutres ou plus simplement hébergeurs) cité par 4 décideurs sur 10. Vient ensuite, le cloud hybride qui associé des solutions de cloud on-premises et de cloud public. La solution de pure cloud public ne représente qu’une part très modeste des choix des DSI (9 % des choix seulement).
Les cartes sont en train de se distribuer assez rapidement. D’abord, les fournisseurs investissent des sommes considérables pour construire un réseau dense de data centers couvrant la planète. Selon Charlie Burns, Vice-President du cabinet Saugatuck, considère que les entreprises qui engagent cette transformation devraient garder le (ou les) fournisseurs initialement choisi. D’où l’importance pour ces derniers de bien prendre des positions le plus tôt possible. Cela s’explique par l’inertie habituelle constatée dans ce type de situation et aussi par le manque de standards en matière d’interopérabilité dont le développement ne se fera que lentement. A l’inverse, celles qui ont repoussé cette échéance de transformation à plus tard, ont également remis à plus tard le choix de leur fournisseur.
Quels freins ?
Parmi les freins qui pourraient ralentir cette évolution, les DSI reconnaissent les inefficacités et l’inertie inhérente à leur infrastructure est un inhibiteur au fonctionnement et développement de leur entreprise. D’où l’importance de mettre en œuvre un IT agile permettant de mettre en place rapidement une informatique où le mobile et le big data notamment trouvent toute leur place. Pour contourner ces entraves, en particulier le manque de compétences dans ces technologies liées au cloud, les DSI devraient faire de plus en plus appel à des fournisseurs proposant des services managés (Infrastructure Selection Criteria: Increasing Importance of Managed Services). C’est ainsi que leur IT évoluera d’une situation où elle ne fait que supporter l’activité à celle où elle sera réellement un agent d’innovation. C’est d’ailleurs, ce qui caractérise toutes les nouvelles entreprises dans le sillage d’Uber, Airbnb où l’IT est le principal agent de différenciation et non un simple auxiliaire de cette transformation.
Les coûts inattendus du cloud
90 % des entreprises françaises ont été confrontées à des coûts non planifiés pour le fonctionnement de leur cloud, contre 81 % pour la moyenne de l’ensemble des répondants européens. Les raisons de ces dépassements de coûts sont nombreuses, et comprennent d’abord les coûts d’intégration système (44 %), les coûts de maintenance interne (38 %) et les coûts humains de gestion de déploiement (28 %). On note également le montant important de certains coûts liés à la gestion de leurs fournisseurs de services Cloud (22 %). C’est ce qu’indique l’enquête Cloud Hangover commanditée par le prestataire de services pour la gestion d’infrastructures Sunguard Availability Services selon laquelle les coûts de maintenance du cloud additionnés aux coûts non planifiés représentent en France 1,5 milliard d’euros par an.
Les entreprises françaises placent en tête de leurs attentes vis-à-vis du cloud une maîtrise des dépenses (48 %), une sécurité accrue (45 %) et un plus grand avantage compétitif par-rapport à leurs concurrents (41 %). La maîtrise des dépenses est également la première attente au Royaume-Uni (64 %), en Irlande (62 %) et en Suède (60 %).
Toutes les entreprises n’ont pas rencontré le même succès dans l’atteinte de ces objectifs : si 47 % des entreprises françaises ont constaté une réduction des coûts, 43 % estiment avoir échoué sur ce point ; 53 % ont constaté une augmentation de la sécurité contre 37 % un échec sur ce point ; enfin, l’accroissement de l’avantage compétitif a été atteint pour 46 %, mais n’a pas été perçu pour 35 % d’entre elles. Toutefois, d’autres effets positifs du cloud ne figurant pas parmi les attentes des entreprises françaises ont été atteints, comme plus d’agilité pour 69 % d’entre elles, alors que seules 39 % des entreprises françaises s’attendaient à ce type de bénéfices.
Un des facteurs les plus marquants de la complexité à laquelle se retrouvent confrontées les entreprises françaises pour la gestion de leurs infrastructures cloud est la très grande variété de services de cloud qu’elles doivent gérer au quotidien. En effet, 52 % des répondants français ont 5 fournisseurs ou plus de cloud (29 % en Europe), 32 % en ont 6 ou plus (17 % en Europe) et jusqu’à 14 % en ont 8 ou plus (8 % en Europe), faisant de la France le pays européen avec le plus de fournisseurs différents. Le marché français du cloud apparait donc plus éclaté, plus complexe à gérer.