Alors que l’Arcep ouvre un ouvre un guichet « pilotes 5G » accessible à tous type d’acteurs, le gouvernement américain serait en train de considérer une nationalisation du réseau 5 G.
La 5G sera une génération de rupture, celle qui ne s’intéresse plus uniquement au monde des opérateurs de téléphonie mobile et des communications grand public, mais qui ouvre de nouvelles perspectives et permet la cohabitation d’applications et usages extrêmement diversifiés, unifiés au sein d’une même technologie. Les solutions techniques et standards autour des premiers déploiements 5G commencent à se préciser. Telle est la présentation proposée par l’Arcep de cette nouvelle vague technologique qui pourrait rebattre les cartes des positions nationales.
En décembre, le 3GPP, organe de normalisation des technologies mobiles (2G, 3G et 4G), a le premier standard relatif à la manière dont les terminaux 5G pourront communiquer avec des antennes 5G, et profiter de leurs performances accrues, en s’appuyant sur les réseaux 4G existants. Par ailleurs, l’élaboration d’une stratégie nationale pour la 5G fait actuellement l’objet d’une consultation publique lancée par le Gouvernement.
Deux bandes de fréquences semblent se démarquer en Europe. En France, ces bandes ne sont pas encore attribuées par l’Arcep aux réseaux mobiles.
– La bande 3400 – 3800 MHz, qui a fait l’objet d’une consultation publique de l’Autorité en mars dernier, est communément admise comme bande » cœur » de la 5G : elle offre des canalisations importantes, permettant des débits très élevés, dispose d’une certaine maturité technologique et sera disponible à court terme dans une grande majorité des pays Européens ;
– La bande 26 GHz, qui appartient à la nouvelle génération de bandes » millimétriques » et permettra des débits jusque-là inédits : son niveau de maturité technologique est encore faible, mais elle reste d’un grand intérêt pour l’écosystème 5G dans la mesure où elle permettra l’arrivée de technologies de rupture.
Guichet « pilotes 5G »
En vue de permettre à l’ensemble des acteurs de la chaine de valeur 5G de s’approprier les cas d’usages et les enjeux de cette nouvelle génération, l’Arcep ouvre aujourd’hui, en vue de contribuer à la mise en place d’une stratégie nationale pour la 5G, son guichet « pilotes 5G ». Les objectifs de ce guichet sont multiples :
La mise en place de pilotes 5G doit permettre d’appréhender les modalités de cohabitation entre acteurs et de tester les modèles d’affaire : l’ensemble de la chaîne de valeur 5G doit ainsi pouvoir s’approprier en conditions réelles l’ensemble des enjeux de ces futurs réseaux, au-delà du simple cadre de validation technique des équipements de réseau. Les opérateurs, mais aussi tous les » verticaux » (acteurs industriels, d’infrastructures à connecter, etc.) devront pouvoir être parties prenantes de ces pilotes.
L’Arcep peut délivrer des autorisations d’utilisation de fréquences, à titre transitoire, pour développer des pilotes 5G, notamment dans les deux bandes précitées, dans la limite de leur disponibilité. Dans la bande 3400 3800 MHz, des fréquences sont déjà disponibles dans les agglomérations de Lyon, Bordeaux, Nantes, Lille, Le Havre, Saint-Étienne, Douai, Montpellier et Grenoble.
Enfin, ces pilotes 5G permettront au régulateur d’obtenir de premiers retours sur l’utilisation des réseaux de prochaine génération. Ces retours d’expérience alimenteront les travaux de l’Arcep dans la préparation de la procédure d’attribution des futures autorisations 5G.
La 5G sera probablement constituée de différentes innovations (antennes actives, usage de fréquences très hautes, multiplication des petites cellules…) qui pourraient modifier significativement la manière de déployer un réseau mobile. En 2018 seront engagés les premières réflexions sur le partage d’infrastructure, les procédures d’attribution de fréquences et les obligations de couverture.
Etats-Unis : vers une nationalisation du réseau 5G ?
Les responsables de la sécurité nationale Trump envisagent une prise de contrôle fédérale sans précédent d’une partie du réseau mobile national pour se prémunir contre la Chine, C’est ce qu’indique le site reconnu Axios qui a obtenu des documents via un haut fonctionnaire du Conseil national de sécurité qui indiquent que les Etats-Unis ont besoin d’un réseau national 5G centralisé dans trois ans.
L’Exécutif américain envisagerait deux options principales :
– Le gouvernement des États-Unis finance et construit le réseau unique – ce qui serait une nationalisation sans précédent d’une infrastructure historiquement privée.
– Les fournisseurs de services sans fil construisent leurs propres réseaux 5G en concurrence avec comme inconvénient « que cela pourrait prendre plus de temps et coûter plus cher ».
Toujours selon Axios, une source familière avec la rédaction des documents indique que la seconde option serait désormais prise en compte : un seul réseau centralisé est nécessaire pour protéger l’Amérique contre la Chine et d’autres acteurs.
La première option mènerait au contrôle fédéral d’une partie de l’économie aujourd’hui largement contrôlée par les fournisseurs de services sans fil privés. Dans les documents, l’administration Trump considère le réseau 5 G comme « le système routier national Eisenhower du 21e siècle[1] ». Dans cette option, le gouvernement construirait le réseau et en louerait l’accès aux opérateurs comme AT & T, Verizon et T-Mobile.
Toutefois, la proposition de nationaliser un réseau 5G ne couvre également qu’une partie des ondes et il y aurait des bandes de fréquences où les entreprises privées pourraient construire.
Selon l’administration américaine, les États-Unis doivent rapidement développer la technologie sans fil 5G ultra rapide parce que « la Chine occupe une position dominante dans la fabrication et l’exploitation de l’infrastructure réseau » et que « la Chine est l’acteur malveillant dominant dans le domaine de l’information ».
L’industrie du sans-fil américaine travaille déjà au déploiement de réseaux 5G, AT & T, Verizon et T-Mobile ont déjà investi massivement dans ce domaine. Le processus de définition des normes 5G est en cours. La Corée a été à l’avant-garde des essais, tout comme le Japon et d’autres pays.
Les acteurs du secteur des satellites ont été les premiers à réagir dans la mesure où les bandes de fréquences retenues pour la 5 G sont celles qu’ils utilisent. Les réactions des opérateurs de télécom mobiles pourraient être différentes en fonction de leur positionnement. T-Mobile pourrait apporter son soutien car il n’est pas très avancé sur cette technologie alors que Verizon et AT&T pourraient être beaucoup plus critiques.
Parmi les premières réactions des opérateurs, celle des opérateurs qui indiquent que « grâce aux investissements de plusieurs milliards de dollars réalisés par des entreprises américaines, le lancement du service 5G aux États-Unis est déjà bien avancé. Des normes industrielles ont été établies, des essais sont en cours depuis 2016, et plus tard cette année, AT & T sera le premier à lancer le service 5G mobile dans 12 sites américains. Nous n’avons aucun doute que l’Amérique mènera la révolution 5G. »
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[1] La Federal-Aid Highway Act de 1956, connue populairement sous le nom de National Highway Interstate and Defense Highways Act (loi publique 84-627), a été promulguée le 29 juin 1956 par le président Dwight D. Eisenhower. Avec une autorisation initiale de 25 milliards de dollars pour la construction de 41 000 milles (66 000 km) du réseau routier Interstate censément sur une période de 10 ans, c’était le plus grand projet de travaux publics de l’histoire américaine à cette époque.