L’IoT, toujours très fractionné, commence à toucher un grand nombre de cas d’usages dans beaucoup de secteurs industriels. C’est que l’on a pu constater à L’IoT Solutions World Congress qui s’est tenu à Barcelone à la fin du mois d’octobre, une conférence centrée sur les cas d’usages, plutôt que sur les technologies.

Pour la 4e de l’IOTSWC les organisateurs de la manifestation ont cherché à affirmer leur différenciation face aux autres manifestations IoT qui fleurissent dans le monde. « Il ne se passe pas un mois sans qu’une nouvelle manifestation IoT apparaissent » indiquait Richard Mark Soley, Directeur Executif du Industrial Internet Consortium (IIC), co-organisateur de la manifestation. Les organisateurs de IOTSWC, appuyés par le Gouvernement de Catalogne se sont donc centrés sur les usages de l’Internet des Objets dans les secteurs industriels (Manufacturing, Santé, Bâtiments intelligents, Transports, Villes intelligentes, Energie) et des segments verticaux.

« Nous nous intéressons surtout à la manière dont l’IoT permet de résoudre des vrais problèmes dans tous ces secteurs et permet aux entreprises de se transformer, plutôt que de mettre l’accent sur des technologies nouvelles qui seront réellement utilisées seulement dans 4 ou 5 ans » explique Roger Bou, le directeur de la manifestation.

Omniprésence des plateformes IoT

Intel, Microsoft, Google Cloud et les opérateurs Vodafone, Verizon, Orange, Telefonica  étaient les vedette de l’exposition, chacun montrant et expliquant sa plateforme IoT comme étant la solution capable de résoudre « presque » tous les problèmes IoT dans l’industrie… Il existe ainsi une bonne centaine de plateformes ou d’écosystèmes IoT dans le monde industriel, portées souvent par une entreprise (Microsoft, Cisco, IBM, Intel, etc.) ou qui sont plus souvent le résultat de coopérations et d’alliances entre plusieurs constructeurs, opérateurs, intégrateurs et fournisseurs de solutions et de services qui cherchent à s’intègrer dans une offre IoT dite « de bout en bout… Chaque leader dans son secteur ou segment propose donc une plateforme qui s’adapte plus ou moins spécifiquement aux possibilités de ce secteur dans l’IoT.

Cette approche provoque donc un effet de fragmentation et de complexité avec l’accumulation de multiples écosystèmes et plateformes plus ou moins fermés. Aucune de ces plateformes, très variables selon les cas d’usages, ne cherche vraiment à s’interconnecter avec les autres. L’IoT apparait dans ces offres comme une extension et non pas comme une problématique propre à part entière. Google vend du cloud et Android, Microsoft vend avant tout de l’Azure, du Windows ou de l’Office 365, Intel vend surtout ses processeurs, Cisco des routeurs, les opérateurs téléphoniques du réseau et éventuellement de services cloud, etc… Chacun cherche à bâtir ou renforcer son jardin qui lui permet de protéger son business existant sur lequel il s’appuie pour pénétrer dans le monde de l’IoT. Aujourd’hui, il n’existe aucun « pure player » dans l’IoT… Il apparait maintenant assez clairement qu’une période de consolidation et de standardisation devra se dérouler pour permettre les déploiements massifs qui semblent se préparer…

Les consortiums vont-ils clarifier le paysage ?

Constatant cette fragmentation de l’IoT, et l’intense compétition qu’elle provoque, plusieurs sociétés ou regroupements de partenaires ont donc cherché à fédérer leurs efforts pour résoudre certaines difficultés qui se présentent chez les utilisateurs industriels. Pour tenter d’accélérer la croissance du marché, l’Industrial Internet Consortium (IIC) a été créée par AT&T, Cisco, IBM et Intel en mars 2014, rejoints par un peu plus de 300 sociétés pour qui l’IoT représente un intérêt plus ou moins stratégique, une opportunité, une préoccupation.  L’une des particularités de l’IIC est d’avoir, au-delà de 19 groupes de travail autour de 7 grands thèmes, développé un groupe qui élabore des Testbeds à partir de propositions faites par les membres du consortium.

Dans la manifestation, plusieurs de ces Testbeds étaient présentés comme : une voiture de pompier intelligente entièrement monitorée par des capteurs ; une bouée intelligente pour monitorer la qualité de l’eau en Alaska pour sauver les Belugas ; une solution pour analyser et scanner un pied pour réaliser une chaussure sur mesure en imprimante 3D, etc…C’est Intel, Arm et Pelion qui ont co-developpé une solution permettant à un utilisateur de connecter n’importe quel Objet IoT au Cloud en quelques secondes… qui étaient reconnu le meilleur Testbed du salon.. ! La solution appelée Intel Secure Device Onboard s’adresse cependant aux objets connectés dotés d’un processeur Intel ou ARM comportant un module « EPID » d’authentification et d’encryptage préalablement enfoui dans le silicium.

Startups rencontrent grandes entreprises…

Si les organisateurs du salon pensaient pour l’année prochaine faire une offre spéciale aux startups, quelques-unes d’entre elles avaient cependant fait le déplacement cette année. Plusieurs startups françaises étaient présentes sur un stand regroupant les régions Paca, Auvergne. La startup Grenobloise Jyse.io, présentait un générateur automatique de tableaux de bord pour la visualisation et le suivi des données industrielles ou IoT en temps réel, sans qu’il soit nécessaire de créer du code. Cette solution est utilisée en marque blanche par Orange dans sa plateforme IoT Live Objects. Le gouvernement de Catalogne sponsorisait et gérait cependant dans le salon un vaste espace appelé « Brokerage Events » dont l’objectif est de permettre des rencontres entre des startup, des experts en entreprises, des universitaires, des grandes entreprises ou des investisseurs inscrits dans une vaste base de données européennes Enterprise Europe Network. Ce réseau qui fonctionne aussi au Mobile World Congress permet d’organiser plusieurs centaines de rencontres entre des participants venus de 60 pays tout au long du salon.