La technologie SDN (Software-defined networks) est plus qu’une nouvelle technologie réseau ; elle est devenue un élément important du réseau, voire indispensable, pour avoir une meilleure vision de votre data center, et elle va améliorer votre coût total de possession (TCO). Certains clients l’appellent d’ailleurs software-defined data center (SDDC) et espèrent ainsi diminuer les coûts de leur data center tout en augmentant sa flexibilité. Comme un de mes clients me disait récemment, sa nouvelle génération de data center va s’appuyer sur ces nouvelles solutions et ses indicateurs clés sont exploités par les principaux fournisseurs de cloud.

La stratégie d’un software-defined data center s’appuie sur trois principales fondations :
– les serveurs software-defined
– les réseaux software-defined
– et le stockage software-defined.

Alors que le logiciel de virtualisation des serveurs a créé des environnements software-defined pour les machines virtuelles (VM), le composant le plus important du réseau, réside désormais dans le serveur. Alors que le stockage software-defined a créé des solutions de stockage programmables, la convergence des réseaux crée de nouveaux services pour les réseaux des data centers qui doivent être correctement configurés et administrés. Alors que l’infrastructure réseau est devenue plus programmable, le réseau, lui, évolue rapidement.

Je voudrais, ici, me concentrer sur la construction de réseaux overlay. Selon VMware, les solutions dans ce domaine comme le VXLAN (Virtual Extensible LAN), peuvent faire gagner jusqu’à 1800 $ par déploiement de serveur virtuel.

Au début, le terme SDN faisait référence aux commutateurs OpenFlow, mais la mise en place de réseaux Virtuels devient de plus en plus populaire grâce à la virtualisation des serveurs dans les solutions SDN des Data Centers. Les nouvelles solutions de réseau virtuel intègrent le VXLAN et le NVGRE (Network Virtualization using Generic Routing Encapsulation). Le SDN intègre désormais le réseau overlay à la périphérie du réseau et à l’intérieur du serveur.

Certaines sociétés ont mené quelques recherches pour définir ce que devrait être un software-defined data center et voici quelques astuces indispensables à connaître pour construire avec succès votre réseau overlay :

1- Le facteur-clé est la puissance – les métriques utilisées pour mesurer le succès du software-defined data center commencent à ressembler à celles des prestataires cloud, où plus de puissance équivaut à plus de dollars, et les économies de coûts sur la puissance vont prévaloir dans les critères de sélection habituels. Selon l’un de nos clients : « La nouvelle métrique est performance/coût/puissance » et les équipes informatiques changent carrément leur manière d’évaluer des solutions. Comme les processeurs x86 deviennent énergétiquement efficaces, les avantages du déchargement hardware se concrétisent en économies importantes en puissance, dissipation calorifique et rafraîchissement.

2- Diminution significative de la complexité d’administration – lorsqu’il est mis en oeuvre correctement, le SDN contribue à diminuer la complexité d’administration des data centers classiques. Par exemple, si une nouvelle machine virtuelle ou un serveur physique est installé, tous les composants réseau rattachés à cette nouvelle tâche doivent être mis à jour. Normalement, l’étape suivante pour l’administrateur du serveur est d’ouvrir un nouveau ticket pour mettre à jour la configuration afin de prendre en charge la nouvelle charge de travail. Des coûts supplémentaires peuvent surgir, pour les reconfigurations manuelles du pare-feu, les mises à jour manuelles du routeur, de l’ACL sur le réseau, etc. Les solutions SDN des réseaux overlay d’un serveur, comme VXLAN ou NVGRE, permettent d’automatiser le moyen de faire migrer les machines virtuelles et les charges sur des serveurs « Bare Metal ». Comme déjà spécifié, les réseaux overlay peuvent diminuer de manière significative les coûts d’administration du réseau.

3- Stabilité logicielle – même si le marché est impressionné par la capacité des géants du web à utiliser des logiciels open source gratuits, ces géants disposent également de nombreux développeurs capables de prendre en charge les logiciels open source. Récemment, le projet Open Compute (la communauté qui publie les spécifications hardware open source) a fait part de ses progrès dans la fourniture d’une solution de commutateurs open source. Ces solutions conviennent parfaitement aux géants du web, puisqu’ils peuvent programmer des commutateurs, construire des plans de contrôle et réécrire le logiciel défaillant. Mais, pour les entreprises qui n’ont pas de ressources ou d’équipes de développeurs logiciels, ces installations doivent être faites sur des solutions éprouvées tout en gardant un oeil sur les solutions open source qui pourraient être viables au fil du temps.

4- Si vous ne pouvez pas mesurer, vous ne pouvez pas administrer – les directeurs informatiques devraient se poser la question : « Comment intégrer le SDN dans mon infrastructure réseau ? » ou « Est-ce qu’il existe des diagnostics pour mon réseau ? » ou alors « Comment j’organise le diagnostic des réseaux virtuel et physique ? ». Deux choses sont importantes ici. D’abord, réaliser un déploiement « intelligent » s’appuyant sur les endroits potentiellement à problèmes, de façon à ce que disposiez des données nécessaires pour faire face aux problèmes critiques du SDN et des applications grâce à de puissants diagnostics. Une utilisation intéressante des réseaux SDN physiques est l’intégration d’un réseau de surveillance qui est connecté aux principaux commutateurs de l’infrastructure. Le SDN est utilisé pour diriger les flux vers les appareils de capture de données en cliquant sur un simple bouton, ce qui diminue le TTR (time-to-resolution) en cas de problème. Ensuite, les « petits diagnostics » peuvent être une indication pour vous alerter et vous renseigner où se trouvent les problèmes. J’ai même vu des entreprises qui voulaient envoyer tous ces «petits diagnostics » à une solution big data pour lancer ensuite une analyse plus complète (ex : base de données Hadoop).

5- Intégrer l’administration entre les réseaux overlay et les réseaux physiques. Lorsque vous mettez en place la  virtualisation, il n’est pas facile de définir la source des problèmes et par conséquent des problèmes de performances peuvent surgir et s’avérer difficiles à identifier. Vous pouvez avoir un lien super congestionné sur un switch physique mais les clients peuvent vous appeler et vous dire que leur machine virtuelle ne fonctionne pas correctement. Les outils d’administration réseau intégrés sont indispensables pour pouvoir facilement diagnostiquer la cause des problèmes.

Pour résumer et selon un article de GigaOM Research(1), 15% des entreprises ont déployé le SDN (ou sont en phase pilote), et selon IDC (2), le marché du SDN représentera plus de 3,5 milliards de $ en 2016. Les SDN deviennent indispensables aux data centers, et donc les directeurs informatiques doivent réfléchir sur l’impact que doit avoir le software-defined data center sur la construction du data center, car cela aura une incidence sur le SDN et son déploiement. D’un point de vue stratégique, les DSI doivent réfléchir à la construction du bon data center et prendre en compte à parts égales le serveur software-defined, le stockage software-defined et le SDN. La fiabilité est indispensable, le coût sera déterminant (les bugs coûtent trop cher) ainsi que les outils de surveillance.

 

  1. GigaOm Research: Survey: SDN benefits unclear to enterprise network managers, Août 2013
  2. IDC: IDC Predictions 2013: Competing on the 3rd Platform, Janvier 2013

 

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Pascal Couzinet est directeur Emulex Europe du Sud