À quoi ressembleront les prochains métiers de la Tech dans les entreprises ? C’est à cette question prospective que tente de répondre la nouvelle étude Citrix sur le futur du travail.

Menée auprès de 1500 dirigeants de moyennes et grandes entreprises, dans 5 pays, dont la France, la nouvelle étude « Work 2035 » réalisée par la division Fieldwork de Citrix identifie quatre avenirs alternatifs et examine comment les nouvelles technologies révolutionneront le travail et la relation entre les collaborateurs et les machines.

4 FUTURS POSSIBLES

L’étude se base sur 4 scénarios possibles :

* Un monde de freelances (entreprises distribuées, collaborateurs augmentés) : dans ce scénario, les entreprises – même les plus grandes – n’ont plus qu’un petit nombre d’employés permanents. Leur activité repose sur un vaste pool d’indépendants et freelances tous augmentés par de la technologie. Le travail qui génère le plus de valeur est de plus en plus effectué par des « essaims » de professionnels spécialisés. Portés par la réalité mixte, les travailleurs collaborent dans des environnements virtuels à distance et de façon efficiente.

* Un monde de plateformes automatisées (entreprises distribuées, collaborateurs remplacés) : la petite main d’œuvre n’a plus de raison d’être. Automatisation et robotisation l’ont remplacé. L’IA, l’apprentissage automatique et les outils de saisie et d’analyse de données sont devenus si puissants et fiables qu’ils ont permis aux entreprises de réduire considérablement leur main-d’oeuvre humaine permanente. La technologie a changé les règles du jeu et donne aux petites entreprises une portée et un impact d’acteurs autrefois bien plus gros. Les rares personnes qui travaillent encore sont des spécialistes capables de construire, adapter, configurer, personnaliser, enrichir et contrôler les grandes plateformes technologiques sur lesquelles repose le business des entreprises.

* Un monde de productivité « augmentée » (entreprises centralisées, collaborateurs augmentés) : les entreprises grandes et moyennes bénéficient de niveaux de productivité accrus grâce à une très forte intégration entre les humains et l’intelligence artificielle. Les collaborateurs se concentrent sur les seules tâches à valeur ajoutée et la technologie améliore leur performance individuelle et collective.

* Un monde de corporations automatisées (entreprises centralisées, collaborateurs remplacés) : les grandes entreprises sont devenues géantes contrôlant tous les processus. Le travail humain est devenu remplaçable de plus en plus de tâches étant automatisées mais l’emploi permanent prévaut car le talent de collaborateurs polyvalents est essentiel à leur fonctionnement.

LES COLLABORATEURS DE DEMAIN VUS PAR CEUX D’AUJOURD’HUI

Ces quatre scénarios futuristes et alternatifs résultent de quelques données clés, de convictions exprimées par les personnes interrogées dans le cadre de cette étude :

* 83% des professionnels questionnés estiment que d’ici 2035 la technologie aura automatisé les tâches répétitives, rébarbatives et à faible valeur, libérant du temps pour permettre aux collaborateurs de se focaliser sur les tâches les plus significatives.

* 77% des professionnels sondés pensent que d’ici 2035, l’IA va accélérer considérablement leur processus décisionnel, ce qui les rendra plus productifs.

* 66% des personnes interrogées sont convaincues qu’en 2035 les humains intègreront des processeurs corporels améliorant leur efficacité et leur performance.

* 75% des répondants pensent qu’en 2035 l’investissement dans l’IA se révèlera être le principal moteur de croissance de leur entreprise. 72% pensent même que d’ici 2030, l’IA génèrera plus de revenus pour leur entreprise que les collaborateurs humains.

* 63 % des professionnels consultés estiment que la technologie procurera des avantages aux petites entreprises et que chaque secteur sera fragmenté dans de nombreux créneaux d’activités spécialisées.

* 60% des employés interrogés pensent que d’ici 2035, les employés permanents seront devenus rares.

* 60% s’attendent à ce que les gouvernements cherchent à réglementer plus rigoureusement les pratiques de travail en raison de la baisse de l’emploi permanent et de l’augmentation des modèles de travail à la demande.

* 57% des professionnels sondés pensent que l’IA prendra potentiellement la plupart des décisions Business d’ici 2035, éliminant ainsi le besoin d’une équipe de direction traditionnelle.

Il découle de ces chiffres deux constats instructifs. D’abord, le partenariat entre l’homme et la technologie intelligente est plutôt perçu positivement. Ensuite, les équipes dirigeantes et les manageurs ne seront pas épargnés par l’automatisation.

DE NOUVEAUX METIERS POUR LA DSI

L’étude a parallèlement établi une liste des métiers qui vont émergés dans les prochaines années et qui auront leur place, quels que soient les scénarios futuristes qui se concrétiseront. Parmi ces métiers, les plus plébiscités par les responsables d’entreprises sont :

  • Responsable de l’IA et des robots;
  • Entraîneur d’intelligence artificielle;
  • Responsable de la réalité virtuelle;
  • Advanced Data Scientist, une version « sophistiquée » de l’actuel de Data Scientist;
  • Responsable de la Confidentialité des données;
  • Design Thinker qui met en oeuvre une culture centrée sur l’innovation;
  • Responsable des travailleurs temporaires;
  • Responsable de l’éthique;
  • Responsable du bien-être.

Selon l’étude, « l’émergence de tels métiers reflète la révolution numérique que les organisations ont entamée, avec un besoin croissant d’expertise en matière de données, d’algorithmes, de pensée innovante et de nouveaux modes de management ».
L’insertion toujours plus importante de technologies dans nos vies pourrait changer les rapports humains en entreprise et générer de nouvelles fonctions pour s’assurer du bien-être des collaborateurs : 48% des Français interrogés pensent qu’un département dédié à l’analyse des données des employés sera créé d’ici 15 ans dans les sociétés, et 42% croient en l’ouverture d’un département dédié à la santé mentale.

Reste que ce rapport, qui oscille entre scénarios optimistes et pessimistes, démontre surtout l’existence d’une fracture numérique évidente entre les prévisions « prospères » des chefs d’entreprise en matière de technologie et la vision d’un monde du travail « dystopique » imaginée autant que redoutée par les employés.
Les premiers espèrent et même attendent avec impatience un partenariat productif et constructif entre les humains et la technologie, où l’emploi permanent demeure le fondement de la culture du travail et la technologie incite les travailleurs à être les meilleurs eux-mêmes.
Les seconds sont bien moins optimistes et craignent un avenir plus instable, où la technologie est d’abord un rival qui les remplacera.

Le futur immédiat va probablement balancer entre ces espoirs et ces craintes. L’histoire nous apprend que de telles prévisions futuristes ne se réalisent jamais aussi vite que l’humain ne l’anticipe. Il suffit de revoir « Retour vers le Futur 2 » pour mesurer les écarts qui peuvent exister entre un 2015 « futur » tel qu’on le percevait en 1989, et le 2015 que l’on a connu (et que l’on connaît encore en 2020).
Néanmoins, nul ne peut nier l’impact qu’auront les technologies de l’IA et de l’automatisation sur le monde du travail et plus largement sur le fonctionnement de nos civilisations.