L’interopérabilité est le principal facteur du succès de toute initiative de smart cities. La cybersécurité y joue également un rôle essentiel.

Tel est l’une des principales conclusions d’une étude menée par Juniper Networks avec le concours du cabinet Yougov selon laquelle l’amélioration de l’accès aux services publics et à l’information est considérée comme le principale avantage.

Des villages ruraux aux mégalopoles, les technologies sont un catalyseur de la transformation des modes de vie, et ce, dans différents domaines : gestion automatisée des infrastructures, surveillance de l’environnement, véhicules autonomes, transformation sociale, ainsi qu’information et protection des populations. Autant de changements dans l’organisation des cités, dans lesquelles vivent plus de la moitié de la population mondiale depuis 2007. Cette proportion évolue rapidement puisque l’on devrait atteindre 60 % en 2030.

Cette étude, menée auprès de 12 000 consommateurs dans six pays d’Europe et du Moyen-Orient, révèle que les usagers accordent plus d’importance à l’interopérabilité et à la cybersécurité qu’aux avancées technologiques telles que la 5G, le cloud, l’IoT et l’automatisation, en tant que facteurs clés favorisant le développement de « communautés intelligentes.

L’interopérabilité est le principal facteur clé du succès de toute initiative de communauté intelligente pour près de la moitié des personnes interrogées (47% pour la région EMEA, 43% pour la France). Plus d’un tiers (36 % pour la région EMEA, 38 % pour la France) considèrent que la cybersécurité joue également un rôle clé dans ce succès.

Ces éléments ont été jugés plus importants que la connectivité mobile nouvelle génération, comme la 5G, les infrastructures cloud, les capteurs et les dispositifs connectés ou l’automatisation via le machine learning et l’intelligence artificielle.

Concernant la responsabilité en matière de sécurité au sein d’une communauté intelligente (des dispositifs, des services et des données), les avis en France sont plutôt partagés : 24 % des répondants considèrent que cette responsabilité devrait incomber aux autorités ou au gouvernement local, 23 % aux opérateurs réseau et fournisseurs de services (27 % pour la région EMEA). Ces résultats soulignent la nécessité d’adopter une approche conjointe pour assurer le succès de tout projet de communauté intelligente.

L’amélioration de l’accès aux services publics et à l’information est considérée comme le principal avantage d’une communauté intelligente, pour près de la moitié des personnes interrogées. Les autres avantages mentionnés sont les services qui améliorent le confort de vie, une meilleure gestion de l’environnement et l’amélioration de la sécurité publique et des services d’urgence. Mais la notion de smart city n’est pas encore bien partagée puisque près d’un répondant sur cinq a affirmé ne pas savoir quels avantages pourraient apporter de tels projets.

En matière de connectivité et de transfert de données au sein d’une communauté intelligente, un quart des répondants en France pense que cela devrait être géré par un « ensemble de fournisseurs de services réseau qui se basent sur des standards communs ». Toutefois, un tiers des répondants en France a déclaré ne pas savoir et 16 % ont déclaré qu’il devrait s’agir d’un réseau unique appartenant aux autorités ou au gouvernement local, et géré par ces entités.

En ce qui concerne les difficultés potentielles relatives à la mise en œuvre d’un projet de communauté intelligente, les deux préoccupations principales sont la confidentialité des données ainsi que la sécurité des données et de l’infrastructure.

Qui pour mener un projet de smart city ?

« Si le rôle des collectivités publiques doit être réaffirmé, la transformation numérique des territoires ne peut se faire contre les acteurs privés de la ville ni sans eux, considèrent Carine Staropoli, maître de conférences en sciences économiques à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Benoît Thirion, Associé de la société de conseil Altermind, auteurs du rapport Smart city : Quelles relations public-privé pour rendre la ville plus intelligente ? que vient de publier le think tank Terra Nova. Les relations public-privé doivent ainsi être mieux organisées pour favoriser l’émergence de villes intelligentes en France. En particulier dans trois domaines : la réalisation des investissements nécessaires, le renforcement de la « transversalité » de la ville et la complémentarité entre services publics et privés.

 


Responsabilités des collectivités publiques dans la mise en œuvre de smart cities

– Définir une stratégie globale de la transformation numérique, en choisissant le bon maillage territorial : la ville intelligente doit le plus souvent se concevoir à une échelle supérieure à celle de la commune (celle des regroupements de communes, des métropoles ou des régions), pour mutualiser les infrastructures et bénéficier d’économies d’échelle et d’envergure, mais aussi mettre en place une politique de la donnée adaptée.
– Éviter un mauvais usage de l’expérimentation, qui doit être à sa juste place : celle d’un essai avant généralisation. Un recours abusif à l’expérimentation, sans visibilité pour les acteurs qui y participent, installe de belles vitrines mais paralyse un développement ambitieux.
– Généraliser les évaluations socio-économiques ex ante et ex post des projets de la smart city, qui sont aujourd’hui trop rares et pas toujours adaptées aux projets innovants.
– Utiliser les outils de la commande publique pour déployer l’innovation : souvent décrit comme trop rigide, le droit de la commande publique offre des possibilités d’inscrire l’innovation dans une logique d’industrialisation (partenariats d’innovation, sourcing, procédures concurrentielles plus souples que l’appel d’offres, clauses de rendez-vous).
– Profiter de la renégociation des contrats avec les gestionnaires de réseaux de distribution d’électricité (GRD) pour investir dans des infrastructures intelligentes.
– Mobiliser différentes sources de financement, et notamment la finance verte.

(Source : Smart city : Quelles relations public-privé pour rendre la ville plus intelligente ?)