En préparation depuis plusieurs mois, Octave est une solution « à la demande » qui facilite la conception, le déploiement et la gestion de systèmes IIoT de bout en bout pour les entreprises. Octave intègre et gère la connectivité entre le cloud et les objets.

« Aujourd’hui indique Philippe Guillemette, CTO de Sierra Wireless, le marché de l’IoT, et plus particulièrement celui de l’IIoT (les objets industriels) est très fragmenté, avec des centaines de plateformes plus ou moins complètes qui ont été développées autour de modules et d’approches techniques spécifiques. Mais l’entreprise qui veut déployer des IIoT pour effectuer des tâches précises se trouve face à une complexité qui lui demande souvent des ressources et des connaissances qu’elle n’a pas, surtout lorsqu’elle veut tester un nouveau concept ou une nouvelle approche ou tout simplement estimer tous les coûts d’un déploiement. »

Sierra Wireless est à l’origine une société qui fabriquait des composants semi-conducteurs. Avec Octave, elle renforce et élargie son rôle dans le monde des objets connectés en proposant un lien « clé en main » entre le Cloud et les objets. Basée au Canada, elle a acquis plusieurs sociétés Françaises, dont Wavecom et Anywhere (crée par Ludovic le Moan ensuite co-fondateur de Sigfox) et a entamé une évolution de son modèle pour mettre en place une offre de « connectivité » pour les objets connectés industriels, proposant aux entreprises une démarche « à la demande » qui s’inspire de ce qui est déjà largement pratiquée dans le cloud pour les services IT. « Cette approche, appliquée à l’internet des objets est assez unique aujourd’hui dans l’IIoT.» poursuit Philippe Guillemette.

Connectivité à la demande

Olivier Pauzet est VP de la ligne IoT solutions chez Sierra Wireless et donc responsable de la solution Octave. « Nous nous adressons, dit-il, à des clients qui veulent installer et utiliser des objets connectés, et qui se trouvent alors devant un paysage complexe de technologies, de modules, de SDK, d’outils et d’applications dont ils doivent d’abord identifier l’impact, les contraintes, les coûts et le champ d’action, les tester et ensuite les intégrer à leurs actifs, infrastructures et leur savoir-faire pour réaliser une chaine complète IoT… Le processus est trop long, trop risqué et trop compliqué, surtout lorsqu’on aborde la connectivité qui nécessite des ressources en développement ‘embedded’. »

Octave se présente donc comme un ensemble packagé de middleware et de services de connectivité, facilement accessible sur le Web, qui donne à l’entreprise le moyen de connecter plus facilement son infrastructure IT existante (Cloud public, Cloud privé ou Cloud Hybride) aux objets déployés sur le terrain. Il simplifie et clarifie la chaine de valeur IoT pour les entreprises. Grâce à cette approche, Sierra Wireless veut rendre plus abordable et masquer pour les entreprises toute la complexité qui permet de réunir les trois mondes de l’IoT, à savoir l’IT, la connectivité sans fil et les objets sur le terrain.

Une solution basée sur eSIM et LTE-4M

Octave s’appuie sur le cœur de métier initial de Sierra Wireless, à savoir les composants hardware qui constituent les objets connectés. Sierra Wireless intègre donc sa propre eSIM, une carte à puce embedded, dans un petit composant hardware qui doit figurer dans chaque objet connecté.  Il apporte la connectivité de LTE-4M ou NB-IOT grâce à des accords avec plus de 600 opérateurs téléphoniques dans à peu près 160 Pays dans le monde et il permet de réaliser un certain nombre de tâches de filtrage des données, d’orchestration et de gestion des données recueillies, au niveau du « Edge », c’est-à-dire avant qu’elles ne soient envoyées vers le Cloud. Grâce à une API qui facilite l’extraction des données de différents types d’équipements industriels connectés, il applique un certain nombre de protocoles qui aident la caractérisation, la corrélation et le stockage des données qui seront ensuite transmises vers le Cloud. Il permet d’organiser les données recueillies comme peut le faire un data center. Il est doté d’outils flexibles de classification et de priorisation, de création de règles de stockages et d’envois des données vers le Cloud sous forme de flux. Il permet également d’établir ou de modifier facilement des procédures de contrôle et de suivi des données au niveau du Edge. Il gère aussi la sécurité au niveau du Edge grâce à la carte eSIM dans chaque objet, s’assurant que les données sont chiffrées par la carte eSIM et transmises par le réseau LTE 4M avant de subir un premier traitement au niveau du Edge. Ainsi, l’utilisateur qui veut mettre en place un système IoT dispose de tous les outils qui lui permettent de préparer et de tester son projet, de le faire évoluer et de le faire monter en puissance en élargissant les déploiements.

Une tarification simple, transparente et prédictible

A l’autre extrémité, il dispose enfin d’une autre interface API qui lui permet d’échanger avec un grand nombre de services dans les environnements Cloud du marché comme Azur, AWS, Google, IBM, SAP etc… En juin dernier, Sierra Wireless et Microsoft annonçaient un accord de partenariat autour de Azur et mettaient Octave en beta release pour plusieurs clients de Azur. Pratiquement, l’utilisateur qui veut concevoir et mettre en place un déploiement IoT devra acquérir les composants eSIM de Sierra Wireles pour les intégrer dans ses objets qui seront alors directement prêts à fonctionner avec Octave. Octave et tous ses outils et services sont accessible à la demande sur le Web (à la façon de AWS) et sa facturation est simple : 1 dollars par mois par objet connecté auquel s’ajoute 1 dollars par 1000 messages envoyés sachant que le message ne peut pas contenir plus de 20 types différents de données. Ainsi l’utilisateur peut facilement contrôler les coûts de mise en place, la montée en puissance et la gestion en production.  Cette offre souple permet aussi à un utilisateur de tester, à un coût parfaitement maitrisé, plusieurs approches pour son systèmes IoT.

Des objectifs ambitieux

L’ambition de Sierra Wireless est, pour les prochaines années, de doubler son chiffre d’affaire réalisé dans les services grâce à Octave. « Nous comptons bien sur faire évoluer Octave ajoute Philippe Guillemette, en lui ajoutant des fonctionnalités et des services spécifiques liés aux objets connectés, exactement comme Azur ou AWS ajoutent de nouveaux services IT à leur offre pour les services informatiques d’entreprises. »  Sierra Wireless participe activement aux travaux du 3GPP qui préparent la 5G dont beaucoup disent qu’elle sera le déclencheur de la montée en puissance de l’IoT. « Nous sommes opérateurs, explique Olivier Pauzet, ce qui fait que nous pouvons proposer des solutions de connectivité que des entreprises peuvent déployer librement à leurs clients, mais nous travaillons seulement au niveau du Edge et de la première récupération des données. »  Sierra Wireless répond aux 4 contraintes majeures qui jouent dans l’IoT : la couverture, la basse consommation, la complexité et le coût.

La sécurité de bout en bout… le point sensible

La sécurité est probablement l’un des aspects les plus importants mais aussi le plus mal connu de l’IoT. C’est probablement le point qui fait que ce secteur ne connait pas la croissance que l’on espérait. En effet, les systèmes de sécurité sont souvent lourds, coûteux et ne vont pas jusqu’au bout dès le moment où le système fait appel à des réseaux comme Bluetooth, WiFi, ZigBee ou d’autres pour transmettre les données, et c’est souvent le cas dans beaucoup d’applications et de systèmes grand public qui demandes des objets connectés a très bas cout et à très basse consommation, fonctionnat sur batteries pendant plusieurs années. Dans ces cas-là, les opérateurs ne se chargent pas de la sécurité et les données qui parviennent au Edge peuvent avoir été corrompues, et donc conduire à des analyses, voir des décisions fausses. Cet aspect est particulièrement crucial dans l’automobile et les transports et les applications de Smart City… Philippe Guillemette précise que la notion de Edge est « une notion très relative, à utiliser avec précaution ». Pour lui, la eSIM devrait pouvoir continuer son évolution vers une plus grande virtualisation et devenir une solution purement logicielle, de façon à se rapprocher de plus en plus du « endpoint », c’est-à-dire l’objet connecté aussi petit qu’il soit et où qu’il soit.