TaData, startup montée par 2 communicants propose aux jeunes de 15 à 25 ans qu’ils renseignent différents questionnaires : état civil, parcours et projets de formation, mais aussi habitudes de consommation et autres sujets d’intérêt… Et qu’ils acceptent que ces données soit exploitées par des entreprises commerciales, moyennant une rémunération en espèces ou en bons cadeaux, et sans garantie.

L’argument de TaData est assez simple : quitte à ce que les données personnelles soit exploitées par les acteurs du Net, autant qu’elles rapportent directement à celui (celle) qu’elles concernent. Avec derrière une autre idée : chacun est libre de choisir ce qu’il veut bien communiquer à qui, quitte à être moins rémunéré pour des données partielles.

Proposition à la limite du sophisme puisque les concéder à TaData n’arrêtera pas la collecte « habituelle », contrairement à ce que le discours de la startup peut laisser penser.

Après avoir fait frémir les réseaux sociaux, suscité un signalement à la CNIL par l’Internet Society France et être apparue dans les médias (radio, télévision, presse, blogs), l’offre de TaData est toujours d’actualité et peut désormais se vanter du feu vert accordé par le gendarme d’Internet au terme de son enquête. La CNIL a finalement considéré que TaData n’enfreignait pas le fameux RGPD. Pour mémoire, rappelons que le rôle de la CNIL est de valider la conformité réglementaire et pas de s’assurer d’un alignement avec une morale quelconque.

Or la question posée par TaData est bien de cet ordre. Sans jouer les pères la vertu, il paraît plutôt évident que susciter l’esprit de lucre et exploiter la probable précarité financière d’une partie des inscrits n’est guère moral. Surtout si l’on considère la probable immaturité du public visé sur ces problématiques. Et c’est bien là que l’Internet Society France cherchait à placer le débat. Nicolas Chagny, le président d’Internet Society France expliquait notamment qu’un tel service allait encore creuser un peu plus le fossé entre « des riches à même de protéger leur vie privée et des jeunes en situation précaires séduits par l’idée de vendre leurs données pour gagner un peu d’argent« . TaData ne promet d’ailleurs pas des fortunes  : « Tu pourrais tout aussi bien gagner 3€ par mois que 25 ou 30€ en fonction du type et du nombre d’annonceurs que tu auras intéressé » explique le site Web du service.

Si cette dimension éthique a échappé aux créateurs du service, elle sera peut-être prise en compte par les « partenaires » auxquels les données collectées sont destinées. TaData estime son service vertueux et affirme travailler avec des entreprises « vertueuses ».  L’avenir nous dira jusqu’à quel point. Et si le modèle de TaData peut être pérenne. Ce ne serait après tout pas première fois- ni la dernière – qu’une offre de service qui créée le buzz disparaisse corps et biens dans le maelström du web. Disponible uniquement sur la région Parisienne en attendant le feu vert de la CNIL, la plateforme compte auourd’hui près de 3 500 utilisateurs selon ses créateurs. Elle espère en attirer entre 30 000 et 50 000 durant sa première année de déploiement à travers la France.