C’est ce qu’indique UFC-Que Choisir qui vient de publier une étude sur les importants retards pris par le déploiement du très haut débit sur le territoire. A partir des résultats de son Observatoire de la qualité de l’Internet fixe, l’association pointe les effets concrets de la fracture numérique sur la qualité des connexions dans les territoires les moins denses.

L’analyse des plus de 32 millions de données collectées par l’Observatoire de la qualité de l’Internet de l’UFC-Que Choisir apporte des informations sur les différents débits s’appliquant à la population, et sur les impacts concrets que cela entraîne sur les usages.

En haut débit (ADSL), les communes les plus rurales subissent en moyenne des débits 43 % plus faibles que les villes de plus de 30 000 habitants, qui affectent grandement les usages les plus communs de l’Internet. Pour les technologies du très haut débit, les écarts sont encore plus marqués, puisque si les plus privilégiés bénéficient en moyenne d’un débit de 284 Mbit/s, les zones rurales se contentent de débits approchant les 50 Mbit/s.

Cependant, ce sont dans ces zones rurales que les effets bénéfiques du passage au très haut débit se ressentent le plus, particulièrement pour les indicateurs liés à la consultation de vidéos en streaming : baisse sensible du temps de chargement de la vidéo (- 46 %), ou baisse des problèmes de résolution de l’image (- 79 %).

Les chiffres présentés constituent des moyennes qui masquent évidemment des fortes disparités de qualité de l’Internet dans une zone donnée fait remarquer l’UFC-Que Choisir. C’est la raison pour laquelle 18 mois après la publication d’une étude qui mettait en évidence les chiffres désolants de la fracture numérique, l’UFC-Que Choisir a souhaité actualiser les données qu’elle avait alors mises en évidence. Or cet exercice s’est heurté à un déplorable trou noir informationnel, puisque les données sur les débits théoriques proposés aux consommateurs dans sa maille la plus fine, à savoir la commune, ne sont plus rendues publiques depuis plus d’un an.

Sur la base des informations les moins datées, l’UFC-Que Choisir a toutefois pu estimer le panorama de la fracture numérique en France. Ce sont ainsi 10,1 % des consommateurs qui ne disposent pas d’un Internet de qualité minimale (>3 Mbits). Quant au « bon haut débit », ce sont près de 12,8 millions de personnes qui en sont privées. Cette inégalité sur l’accès à Internet en France a une importante dimension géographique. Ainsi, déjà confrontées au recul des services publics ou à la fracture sanitaire, les zones rurales sont en plus celles qui subissent davantage les effets de la fracture numérique. Par exemple, près du tiers (31 %) des habitants des communes de moins de 1000 habitants (soit 73 % des communes en France) ne peut pas accéder à un Internet de qualité minimale, et près de la moitié d’entre eux (47 %) est privée de bon haut débit ! Pour une partie de ces populations, l’arrivée de la fibre optique pourrait améliorer nettement la situation.