En 2013, la déferlante big data s’est abattue sur la Business Intelligence, renversant tout sur son passage. Littéralement prise de vitesse, cette dernière n’a pas eu le temps de faire sa mutation et elle s’est trouvée confrontée à la richesse du domaine des possibles des big data. Aujourd’hui, elle n’a d’autre choix que de s’approprier ce nouvel environnement « full digital ». Place, donc, en 2014, à une BI augmentée dont les attentes sont désormais inhérentes à celles des big data.
1. Vers une BI aussi vive que le web
Sous l’influence des big data, on attend désormais d’une plateforme BI qu’elle puisse être aussi rapide que le web et donc « en temps réel ». Là où la mesure de base s’effectue encore aujourd’hui à J+1, la BI en 2014 permettra d’analyser les données des cinq dernières minutes, voire même des cinq dernières secondes. Avec un utilisateur / consommateur hyper-connecté et hyperactif sur le web, les outils décisionnels se doivent, en effet, d’être synchronisés au rythme de cette perpétuelle activité digitale et calqués à la vitesse du fameux WOM (« word-of-mouth », « bouche à oreille » en français), si cher aux directions marketing.
Outre une plus grande réactivité et agilité, les entreprises réclament, paradoxalement, une BI moins chère à mettre en place, à opérer et à déployer pour un toujours plus grand nombre d’utilisateurs. Une aubaine donc pour les solutions distribuées en Open Source qui sont les seules à proposer à ce jour un déploiement de masse à moindre coût.
2. Vers une BI customer et user centric
Plus besoin de prouver aujourd’hui que le pilotage de la performance se fait autour du consommateur et non du produit. A l’instar des big data, la BI en 2014 a vocation à savoir quels sont les besoins du client, quel est son comportement, quelles sont ses réactions par rapport aux situations qu’on lui propose, quelle est sa valeur, etc. La BI de demain se veut, donc, clairement customer centric. Et c’est là l’un des plus grands défis techniques qui l’attend, car introduire le client au sein de l’ensemble des systèmes d’information décisionnels est un exercice complexe, tant la volumétrie est importante.
D’autant que ce recentrage vers le client va bouleverser la chaîne décisionnelle classique et placer la BI, non plus uniquement sous la responsabilité des DSI, mais aussi sous le contrôle des utilisateurs métiers. Ainsi déployée à toute l’entreprise, la récolte de cette masse de données, si elle veut être pertinente au niveau décisionnel, doit se greffer et être disséminée parmi les différentes applications opérationnelles de l’entreprise : CRM, ERP, Hotline, RSE, ecommerce, intranet…
3. Vers une BI applicative
Outre cette nécessaire évolution sur le fond, c’est surtout sur la forme que les adaptations de la BI sont les plus attendues, car pour aller vers une BI accessible à tous, les outils informatiques doivent être repensés pour ressembler davantage à ceux utilisés quotidiennement dans son univers personnel.
Les tableaux de reporting, d’abord, puis les traitements analytiques, ensuite, ont eu leurs heures de gloire. Place désormais, à la datavisualisation ou comment représenter les données de façon visuelle pour que l’information soit comprise en un clin d’œil et la décision qui en découle prise dans la foulée.
Pour ce faire, il est indispensable de développer des outils BI à l’image d’une application web grand public : intelligente, interactive et prédictive. Intelligente, d’abord, car les applications BI, en 2014, seront capables de capter le flux de données utile à l’entreprise et de les contextualiser en fonction de l’employé décideur, de ses exigences opérationnelles et de l’application qu’il utilise. Imaginez, alors, des solutions qui présentent, en temps réel : pour le chef d’entreprise, les chiffres d’affaires par magasin ; pour la personne en charge du réassort, le prévisionnel des ventes pour les prochains jours ; pour le SAV, une alerte lors d’un taux de retour trop important sur un même produit ; ou encore, pour un DRH, les performances de ses offres d’emplois …
Interactive ensuite, dans les modes de recherche et dans la navigation au sein de la donnée. En 2014, on ne requêtera plus la donnée, on ira la capter directement dans le flux massif des données, simplement, en langage naturel, via un moteur de recherche de type Google Search.
Prédictive enfin, parce que, comme toute bonne application web qui se respecte, elle doit permettre à l’utilisateur d’avoir une vision macro (agrégée) mais aussi micro (détaillée) du flux de données grâce à des algorithmes prédictifs qui vont suggérer les décisions à prendre, par le biais d’alertes, de suggestions, de recommandations ou de classification des priorités de l’information. Un peu comme le fait Facebook avec ses posts « A la Une » ou Twitter avec les Top Trends…
Les réseaux sociaux et les big data ont donc suscité l’envie d’une BI plus souple, flexible, accessible et moderne ; une BI applicative, en temps réel et multi-device. Bref, une BI augmentée en concordance à la fois avec l’environnement technologique dans lequel elle évolue et avec les exigences métiers et business actuelles. Et cette Business Intelligence, en 2014, n’aura de cesse de s’adapter pour rivaliser avec l’élargissement perpétuel du champ des possibles en matière de nature et de volume des données offert par les big data. A tel point qu’il est très difficile de prévoir à quoi elle ressemblera en 2015…
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Romain Chaumais est co-fondateur d’Ysance et directeur des opérations.