Depuis une dizaine d’années, le marché des télécommunications a drastiquement changé. L’émergence d’acteurs OTT (Over-The-Top service / service par contournement) a forcé les fournisseurs de services à adopter des modèles commerciaux axés sur les données, avec forfaits illimités, afin de survivre. Pour mieux comprendre, revenons sur ce qu’est un service OTT. Ces services viennent s’insérer “par-dessus” les infrastructures de transmission existantes (réseaux téléphoniques, Wi-Fi ou bande passante). Autrement dit, ils ne contrôlent pas le réseau et n’ont pas à payer pour son développement et son entretien, mais ils l’utilisent pour livrer leurs services par contournement. Ces derniers ne disposent donc pas de l’infrastructure et des méthodes de travail requises pour s’imposer dans ce nouveau paysage numérique.

Pour être en mesure de concurrencer les OTT et leurs services disruptifs, les opérateurs ont dû modifier intégralement leurs réseaux, en déplaçant leurs fonctions sur le Cloud. Par ce biais, ils sont devenus plus agiles et ont réalisé des économies substantielles pour réinvestir dans leurs propres infrastructures. C’est ainsi que les technologies NFV (Network Functions Virtualization) et SDN (Software Defined Networking) furent adoptées. Grâce à elles, les opérateurs peuvent accroître l’efficacité de leurs services, les lancer plus rapidement, tout en maîtrisant leurs coûts et intégrer un plus large éventail d’applications. Toutefois, avec ces nouveaux réseaux complexifiés, son lot de défis technologiques et un manque relatif de maturité, leur adoption demeure encore timide.

Pourtant le rôle de la virtualisation dans le duel mené par les opérateurs face aux services OTT est capital.

Visibilité réseaux, la barre de contrôle pour les opérateurs

Avec le déploiement de nouvelles fonctions virtualisées telles que IMS et VoLTE, ou encore de nouvelles infrastructures comme le Cloud-RAN et le Mobile Edge Computing (MEC) pour la 5G et l’IoT, le vrai souci des opérateurs reste encore de pouvoir surveiller tout ce nouveau réseau virtualisé. Avoir une bonne visibilité de cet environnement de plus en plus complexe, est essentiel pour pouvoir identifier et résoudre les problèmes passés, présents et futurs inhérents au réseau.

Avec l’avènement de services critiques désormais dépendants d’une excellente connectivité, le besoin d’une visibilité de bout-en-bout de tout le réseau, du Cloud au coeur de l’infrastructure, du hardware au virtuel, se révèle primordial. Au-delà d’impacter l’image et la réputation d’une entreprise dans l’esprit publique, le moindre arrêt de service peut avoir des conséquences hautement désastreuses. Pensons aux conséquences funestes possibles dans le cas d’une perte de connectivité réseau d’un véhicule autonome conduisant une famille entière, d’un capteur de centrale électrique ou d’un moniteur cardiaque.

Pour obtenir cette visibilité totale, les opérateurs ont besoin de bien connaître leurs réseaux à tous les niveaux, afin de comprendre ce qui se passe pour chaque client, en temps réel, dans le but d’identifier et corriger rapidement les problèmes.

Se familiariser avec la data

Avec l’augmentation du volume de données à traiter, il devient difficile d’identifier rapidement et efficacement la ‘bonne’ information. De plus, ces données, provenant de sources interne et externe, sont à la fois structurées et non-structurées, complexifiant davantage les choses. Bien que les opérateurs s’appuient sur ces éléments vitaux pour optimiser l’expérience utilisateur, peu d’entre eux sont en réalité capables de gérer avec qualité, rapidité et exactitude le volume énorme de data.

Tous ces facteurs expliquent la pertinence des Smart Data. Ces dernières sont créées et organisées au point de collecte ; ainsi optimisées, elles sont prêtes pour des analyses plus qualitatives et rapides. Les fournisseurs disposent ainsi d’informations importantes de toutes les données IP traversant le réseau, en temps réel, permettant d’identifier les problèmes et optimiser leur infrastructure en fonction des exigences du trafic. Avec la virtualisation, ces Smart Data deviennent plus rentables pour l’entreprise.

À mesure que les fournisseurs de services virtualiseront leurs réseaux dans la course à la 5G, la donnée intelligente sera encore plus précieuse. En effet, la 5G présente de nombreuses inconnues, soit avec la quantité de nouveaux cas d’utilisation ou de nouvelles technologies, ou avec les normes fragmentées sur les fonctions du réseau virtuel (VNF). Par conséquent, les opérateurs doivent anticiper les changements à venir. Ceci sera notamment accentué par l’arrivée sur le marché de 125 milliards d’appareil IoT prévus pour d’ici 2030. Dans ce contexte, seules des solutions de visibilité totale et des données intelligentes permettront aux opérateurs de monitorer autant de périphériques branchés sur le réseau, et identifier les dysfonctionnements en temps réel.

La Smart Data étant compatible à toutes les technologies et standards, cela permet aux opérateurs de s’adapter à un marché en rapide évolution et donc aux demandes des clients ; et ce quel que soit l’approche au réseau virtuel adoptée ou la technologie de réseau IoT choisie.

La NFV présente un potentiel énorme pour transformer les réseaux, encourager une maîtrise de coûts et faciliter la création de nouveaux services. Toutefois, seule la Smart Data offrira aux opérateurs les capacités de visibilité et d’analyse nécessaires au contrôle de la performance de tous les réseaux, ainsi que pour déployer des stratégies NFV et favoriser ainsi la transformation numérique avec succès. Avec une visibilité complète, sécurisée et optimisée de leurs réseaux, les fournisseurs de services seront en mesure de reprendre leur place de ‘super-opérateurs’ face à un marché concurrentiel bouleversé par les OTT.

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Daniel Crowe est Vice-Président France, Benelux & Southern Europe de NETSCOUT