Sylvain Cazard, le directeur de VMWare France, mardi soir, a mis en exergue, lors d’une conférence, à Paris, les principales annonces de VMworld, l’exposition phare sur la virtualisation.
Pour le patron de la firme américaine, Pat Elsinger, qui animait les conférences, l’évolution de son entreprise tient à la prise en compte d’une architecture unique basée sur le logiciel. L’objectif de VMware, est d’offrir les moyens de faire tourner n’importe quelle application sur n’importe quel ordinateur, qu’il s’agisse du Cloud ou d’un mobile. C’est le Any app, any platform, formule reprise sur les affiches de l’expo.
Pour Sylvain Cazard (photo en bas de la page) : « On doit être capables de gérer des applications traditionnelles ou des applications conçues pour le cloud. De même, on parle de cloud hybride unifié qu’il s’agisse de cloud privé ou public, hybride ou pas. » Là où le discours paraît évoluer, c’est que VMware veut proposer de nouveaux modèles de sécurité « innovants », disponibles aussi bien sur les mobiles (avec des extensions des produits de la plate forme Air Watch) que sur les datacenters. Dans cette approche, c’est NSX, l’outil de virtualisation des réseaux issu de Ncira, qui servira de rempart. Martin Casado, en charge des réseaux, nous avait déjà, il y a près d’un an, souligné l’intérêt de NSX pour la sécurité. Désormais le discours est officiel, mais l’on devra attendre encore les produits.
L’offre pour les datacenters
Pour le patron français de VMware, le SDDC, soit le Datacenter logiciel intégré et hyper convergé (lire VMware poursuit sa stratégie Software-Defined Data Center ) prolonge pour le marché les objectifs d’EVO:RAIL, la fourniture de serveurs prêt à l’emploi avec leurs logiciels embarqués, dont nous avons parlé suite au retrait de HP. Huit firmes vendraient toujours cette solution dont Supermicro, Quanta, Dell, Hitachi et Fujitsu pour ne citer que les plus connues. Mais pour revenir au SDDC, l’argument choc du jour pour les datacenters tiendrait à une réduction de 49% des coûts d’exploitation. Il s’agit, au-delà de la virtualisation des apps (vSphere), du réseau (NSX) et du stockage (vSan) de proposer aussi le provisionnement des ressources (VROPS), la gestion des ressources physiques (HW management services) et la gestion du cycle de vie. Emballée et « prête à l’emploi » par les data centers, cette solution permettrait de gérer un ensemble de serveurs comme un seul appareil. La nouveauté tiendrait à créer des «Workloads Domains » soit des instances de clouds privés pour grouper les ressources et les optimiser en fonction des tâches à réaliser.
L’Unified Hybrid Cloud ou UHC
La seconde annonce importante tient au cloud hybride unifié dont les limites, selon Magdeleine Bourgoin, la directrice technique france (image à droite) tendent à s’effacer. L’UHC pourrait « abolir les frontières du cloud » et cela serait rendu possible par le programme vCloud Air appelé aussi VCA. Celui-ci dispose désormais d’un service de réplication de données, facturable à l’usage et de nouveaux services de stockage Objets. Il existe ainsi un nouveau service dit « premium », réalisé en partenariat avec EMC et ses baies ViPR, qui permettra une géolocalisation des données. Sur son cloud public, VMware va proposer un service d’externalisation de stockage de base de données SQL server comme un service. La capacité de stockage serait de 20 To au maximum ! Interrogé sur les offres de services qui pourraient éventuellement concurrencer ses concurrents, VMware précisait que son offre supportait beaucoup plus d’OS que celle des autres, en particulier Azure et Amazon web services.
Microsoft, concurrent et partenaire
Sur ce sujet, Sylvain Cazard (photo à droite) ajoutait que la présence du numéro deux de Microsoft, Jim Alkove, sur scène lors de la conférence principale, avait impressionné les spectateurs.. Il était venu parler surtout de Windows 10 et du projet A2 avec Sanjay Poonen, le vice président de VMware. Le projet A2 est un projet de mobilité associant AirWatch de VMware au logiciel App Volumes de Microsoft, pour déployer des applications sur des postes de travail virtuels. Pour Cazard, sa présence montrait l’intérêt de Microsoft pour les outils de déploiement de Vmware mais aussi l’intégration des offres de cloud. Celles-ci devraient simplifier les migrations entre les VM du cloud privé et de cloud externe. A ce propos, la firme a fait évoluer son vCloud connector pour que l’on puisse échanger des VM entre différents data centers via le réseau, aussi facilement que l’on pouvait le faire à l’intérieur d’un site unique. Les fonctions qui permettraient cette évolution tiennent entre autres à la synchronisation des catalogues, une amélioration de la gestion des logs et l’utilisation de Vmotion sur le réseau NSX.
L’autre grande évolution du côté virtualisation des applications tient aussi à l’intégration de VCA (vCloud air) pour la distribution des applications mobiles et l’apparition de la plateforme Photon qui fera le lien entre les containers et vSphere. Cette plate-forme sera disponible en Beta privé dans les mois qui viennent et des clients français se seraient déjà montrés intéressés par une étude du sujet. Cette présentation officielle de liens avec les conteneurs marque un virage dans l’adoption par VMware d’un système qui à terme pourrait bien démolir la base de son offre, pourtant dominante. Le fait que Microsoft, son principal rival, soit en train de mettre au point dans son futur Windows 2016 une solution de conteneurs a du stimuler le board de VMware.
Une évolution à venir coté VDI
Selon Stéphane Croix, le directeur de l’avant vente, un autre logiciel qui compléterait Horizon, la solution maison de VDI devrait faire parler de lui mais il ne serait pour l’instant qu’en bêta, son nom provisoire étant Enzo. Il doit faciliter la mise en place de l’environnement utilisateur, que ce soit en mode on-premise ou SaaS, un peu ce que fait déjà Citrix.
Du cloud à la stratosphère
Pat Elsinger avait, lors de la première conférence de VMworld, prophétisé que les éléphants devraient apprendre à danser, une manière de dire que les entreprises ne doivent pas chercher à croître à tous prix, à devenir grosses mais surtout chercher à devenir rapides et agiles. Pour y arriver, il leur faut employer, on s’en doutait, des applications « légères », dans le cloud, comme celle que vend, par exemple, VMware.
Si l’on continue encore dans les métaphores, on serait tenté de dire que la constellation de projets prometteurs de nouveaux logiciels paraît désormais remplir totalement le ciel de VMware. Cette profusion finira-t-elle par nuire à la navigation actuelle qui repose sur une seule bonne étoile, celle de l’hyperviseur unique ? Le nouvel éclairage donné par le projet photon, passerelle entre conteneurs et hyperviseur, pour conclure… religieusement, reste encore dans les limbes, cette zone de béatitude qui correspond à des lieux situés aux portes de l’enfer.
Pas de guerre de succession à prévoir, pour l’instant
Interrogé sur les rumeurs de rachats d’EMC par VMware ou l’inverse, Sylvain Cazard a précisé qu’il y avait toujours eu des spéculations sur ce sujet depuis qu’il était chez VMware et qu’en l’occurrence, il n’y avait rien de nouveau. Pour beaucoup d’observateurs, le départ programmé en 2016 de Joe Tucci, le patron d’EMC, entrainera forcement une guerre de succession entre Pat Elsinger et Paul Maritz, ex Microsoft, les deux patrons des filiales d’EMC, respectivement VMware et Pivotal. Néanmoins depuis la mi-août, Paul Maritz (qui avait déjà été patron d’EMC) n’est plus que le directeur exécutif de cette dernière. Faut-il anticiper un retour à la case départ ?