À l’occasion de la sortie de Windows Server 2016, prévue dans le courant du troisième trimestre 2016, Microsoft a décidé de basculer son modèle de licence, jusqu’ici calculé selon le nombre de processeurs de l’infrastructure sous-jacente, vers un modèle prenant en compte le nombre de cœurs. Explication officielle : cette nouvelle métrique permettrait de remettre de la cohérence dans la politique tarifaire de l’éditeur en utilisant le même étalon, que les licences soient déployées sur site ou dans le Cloud. Un dispositif censé favoriser les architectures hybrides, puisqu’il n’y aura dès lors plus de questions à se poser sur la destination des licences. Un argument qui fait mouche pour les partenaires que nous avons interrogés.
Des coûts de licence pouvant augmenter d’un facteur 4 à 12
En revanche, les partenaires sont beaucoup plus sceptiques concernant la seconde assertion de Microsoft qui assure que ce nouveau modèle sera indolore pour les clients dans la plupart des cas. Certes, « dans 25 % des configurations machines, l’impact budgétaire sera faible, estime Nicolas Schaeffer, directeur associé d’iMuo, un prestataire spécialisé dans l’optimisation des licences logicielles. Mais, dans 50 % des configurations, l’impact sera fort : en gros, le coût de Windows Server doublera. Et dans 25 % des configurations restantes (serveurs high-end), l’impact sera très fort : le coût de Windows Server augmentera d’un facteur de 4 à 12 ».
Pour Wes Miller, un analyste de Directions on Microsoft ayant réalisé une étude sur la politique tarifaire de Microsoft, cité par CRN, au-delà de 8 cœurs par processeur, le prix va grimper. De même, il sera plus élevé pour les petites configurations, puisqu’il sera nécessaire de souscrire a minima des licences de 16 cœurs par serveur. Ce que réfute Microsoft, qui explique, tableau à l’appui (voir ci-contre), dans une FAQ dédiée, à ce sujet que le prix ne changera que pour les serveurs à deux ou quatre processeurs de plus de 8 cœurs chacun.
Eric Labaune, patron de l’activité infrastructures du groupe RDI, est tout prêt à le croire. Selon lui, le passage à la métrique par coeurs de SQL Server 2012 n’a eu aucun impact sur les prix. « Seul le design d’implémentation SQL a évolué pour optimiser le coût des licences ». Dans le cas de Windows Server 2016, il mise sur les systèmes hyperconvergents, notamment ceux de HP, pour optimiser les coûts de licences.
De la difficulté de compter les cœurs
Au-delà de ces controverses tarifaires, les partenaires pointent plusieurs autres problèmes. D’abord, le processus permettant de compter les cœurs est complexe et source d’erreurs. C’est ce qu’explique Paul Degroot, patron de Pica Communications, un spécialiste américain de la politique de licences Microsoft, cité par CRN. « Les outils d’inventaires classiques comptent sans problème les processeurs mais ils échouent généralement à évaluer précisément le nombre de coeurs », selon lui. Et de citer, une mission récente portant sur une infrastructure SQL Server – dont le licencing est passé sous le modèle par coeurs depuis la sortie de l’édition 2012 il y a trois ans – où le nombre de cœurs avait été évalué dans un premier temps à 32 alors qu’il y en avait en réalité 80. Soit, dans ce cas précis, un redressement potentiel de 270.000 dollars en cas d’audit Microsoft. Outre la difficulté à comptabiliser les cœurs, il y a la complexité à segmenter les coeurs physiques et les CPU virtuels, souligne pour sa part Nicolas Schaeffer,
Autre problème pointé par Paul Degroot : l’absence d’harmonisation des tarifs licences entre SQL Server et Windows Server. Les tarifs sont faits de telle sorte qu’il faut opter pour des processeurs à 4 cœurs pour faire tourner SQL Server au meilleur coût, tandis que pour Windows Server, il faut des processeurs à 8 cœurs. Du coup les clients vont être confrontés au dilemme suivant : soit garder leurs processeurs 4 cœurs et maintenir leurs coûts de licences SQL inchangés mais à condition de sur-payer Windows Server par rapport à son utilisation réelle, soit basculer sur du processeur 8 cœurs pour optimiser leur coût de licence de Windows Server, ce qui implique de repasser à la caisse pour rajouter des cœurs SQL…
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