Pour exploiter les services mobiles 4G, sur les bandes de fréquences de 800 Mhz et 2600 Mhz, les quatre opérateurs mobiles ont dû passer par la « case Bercy  » et verser 3,6 milliards au cours des trois dernières années.

Mais le Monopoly organisé par l’état a fait bondir, la semaine passée, les deux opérateurs qui ont déjà bien vidé leurs poches : Bouygues et SFR devenu Numericable. François Hollande a, en effet, évoqué la mise à disposition pour la 4G d’une partie de la bande de fréquence des 700 Mhz initialement attribuée au secteur audiovisuel. Cette bande devait être cédée en partie à l’industrie mobile, si la législation européenne le confirme. Free, par contre, en retard, et Orange qui veut reprendre l’avantage sur Bouygues et qui voit cette annonce comme un débouché, sont plus compréhensifs. Cette nouvelle fréquence leur permettrait de changer la donne actuelle. Ce sont deux milliards que l’Etat espère récupérer de cette vente pour boucler ses autres budgets.h

Une régulation européenne qui pourrait bloquer la décision

Mais l’affaire se joue aussi au niveau européen. Pascal Lamy, ancien commissaire européen, début septembre a rendu à Neelie Kroes, Vice-Présidente de la Commission européenne, un rapport sur l’utilisation de la bande de 700 mégahertz (Mhz) pour  les deux prochaines décennies. La bande de fréquence qui devait être dédiée à la télévision devrait donc passer par les opérateurs mobiles plus riches mais ce n’est pas totalement règlé.

La 4G reste en-dessous des espoirs annoncés

Le réseau 4G français est encore loin de ses objectifs : premier sur ce créneau, Bouygues Telecom ne couvre à l’heure actuelle que 70% de l’hexagone et les autres ne couvrent essentiellement que les grandes villes et leurs banlieues, les zones les plus rentables. Si l’on rajoute que les utilisateurs ne profitent que rarement des débits promis pour les données surtout dans le cas du 4G+, on pourrait dire que la 4G est actuellement un bon argument de vente pour Bouygues mais que la réalité du terrain est décevante.

Des débits en-dessous des chiffres annoncés

Notre confrère Zdnet lors de tests avait relevé l’an passé (en download) des débits de 24 à 45 Mbit/s au lieu des 100 Mbits annoncés dans les publicités. Des chiffres confirmés par d’autres mesures, celles de Clubic et 4G Monitor cette année, avec cependant de grandes améliorations de couverture par régions, le 32 Mbits restant une valeur moyenne. Même si l’on se doutait que ces chiffres annoncés étaient des données relevées en laboratoire, on espérait mieux. Imaginez les réactions des acheteurs si un constructeur automobile faisait la publicité pour une voiture annoncée pour 200 Km/heures et que celle-ci ne dépasse pas les 70 Klm/h. Ne parlons pas de la 4G+ ( LTE –A) annoncée à 220 Mbits. On peut aimer la science-fiction sans être obligé d’y croire.rapidité-4G

Les débuts des programmes 5 G sont prévus pour 2015

Le processus autour de la 5 G lancé par l’Arcep, et dont les premières études sont attendues en début de 2015, inquiète aussi les opérateurs. Le régulateur du secteur télécom paraît largement en avance de phase pour les budgets de opérateurs dont les revenus ont baissé depuis l’arrivée du trublion Free. Pour tous, le prix des 700 Mhz pour la 4G, bien avant d’imaginer la 5G, sera déjà difficile à avaler. Delphine Ernotte-Cunci, directrice exécutive d’Orange France la semaine passée précisait même à notre confrère Les Echos que les fréquences 4G, achetées en 2011 pour près de 3,6 milliards (dont près de 1,2 milliard versés par Orange), « sont largement suffisantes pour les 10 prochaines années ». Le décalage entre le dogmatisme étatique, dans le domaine des télécoms, qui se focalise sur les taxes espérées et la dure réalité commerciale du terrain parait s’accroître au fil des années.