Après Mandiant, Google procède à une seconde acquisition phare dans la cybersécurité, Wiz. La startup qui avait repoussé une première offre de Google en 2024, a gonflé ses prétentions pour devenir la plus coûteuse acquisition de l’histoire du groupe Alphabet/Google.
Souvenez-vous. L’été dernier, Google se préparait à réaliser la plus grosse acquisition de son histoire en s’emparant de l’éditeur de cybersécurité Wiz. Mais la startup israélo-américaine avait décliné l’offre pour tenter plutôt de s’introduire en Bourse. Une IPO qui n’a finalement pas eu lieu laissant une opportunité à Google de revenir à la charge. Mais entre-temps, les prétentions de Wiz ont largement enflé.
Lors de la première tentative, Google avait mis 23 milliards de dollars sur la table. Pour sa seconde tentative fructueuse, Google a cette fois allongé 32 milliards de dollars, considérablement plus que s’emparer en 2022 d’une entreprise cyber bien plus connue et reconnue, Mandiant, pour 5,4 milliards de dollars.
L’acquisition représente l’investissement le plus important jamais réalisé par Google. Cette transaction entièrement en numéraire fait entrer Wiz dans le giron de Google Cloud.
Fondée en 2020, Wiz s’est imposée comme l’une des startups à la croissance la plus rapide dans le secteur de la cybersécurité cloud. La société a atteint un chiffre d’affaires annuel de 700 millions de dollars en seulement cinq ans d’existence, et visait le milliard avant l’annonce de cette acquisition. Sa plateforme de cybersécurité analyse les infrastructures Cloud et managées des entreprises qu’elles soient hébergées sur Amazon Web Services, Microsoft Azure, Google Cloud Platform, Oracle Cloud Infrastructure ou toute infrastructure Kubernetes, pour identifier les risques potentiels.
Une arme pour réduire l’écart avec AWS et Microsoft Azure
Cette acquisition massive s’inscrit dans une stratégie claire : réduire l’écart avec les deux leaders du cloud computing. En 2024, Microsoft Azure et Amazon Web Services ont généré respectivement 105,4 et 107,6 milliards de dollars de revenus, tandis que Google Cloud n’a réalisé « que » 43 milliards de dollars.
« La sécurité est une priorité fondamentale pour les PDG et les dirigeants gouvernementaux du monde entier, mais le paysage évolue« , constate fort justement Sundar Pichai, PDG de Google, lors d’une conférence téléphonique avec les investisseurs. « Le rythme et l’impact des violations s’accélèrent. L’IA apporte de nouveaux risques, mais aussi de nouvelles opportunités.«
Un aspect crucial de cette acquisition est l’engagement de Google à maintenir l’approche « multicloud » de Wiz. La plateforme de sécurité continuera de fonctionner sur tous les grands clouds, y compris AWS, Microsoft Azure et Oracle. « Le multicloud est ce que nos clients veulent, assure Thomas Kurian, PDG de Google Cloud. Notre engagement envers le multicloud signifie que les nouveaux projets informatiques d’une organisation avec Google Cloud peuvent fonctionner avec leurs investissements informatiques existants, et leur permet de choisir différents fournisseurs pour les produits à l’avenir.«
Cette approche n’est pas qu’un argument marketing. Elle vise à fidéliser la clientèle existante de Wiz, dont près de la moitié des entreprises du Fortune 100, et pourrait considérablement aider à éviter les obstacles réglementaires.
Des défis d’intégration et un climat réglementaire incertain
Pour Assaf Rappaport, co-fondateur et PDG de Wiz, cette acquisition représente néanmoins une accélération de sa vision : « Devenir partie intégrante de Google Cloud équivaut à attacher une fusée à notre dos : cela accélérera notre rythme d’innovation plus rapidement que ce que nous pourrions réaliser en tant qu’entreprise indépendante. »
Bien évidemment, la transaction doit encore être approuvée par les différentes autorités de régulation. Or ces autorisations ne sont pas gagnées d’avance. Bien que l’administration Trump puisse être plus favorable aux grandes fusions, Google reste sous surveillance dans plusieurs affaires antitrust en cours. Le risque d’une procédure plus complexe et plus longue qu’anticipée est élevé. Or Google n’a vraiment pas droit à l’échec. Le géant américain a accepté de payer une clause de rupture de 3,2 milliards de dollars en cas d’échec de l’acquisition, l’une des plus élevées jamais enregistrées.
Enfin, certains s’inquiètent des capacités de Google à réussir l’intégration de Wiz même si celle de Mandiant s’est révélée bénéfique. En matière d’intégration d’acquisitions majeures, le bilan du groupe américain reste mitigé, comme en témoignent les difficultés rencontrées avec Motorola Mobility (12,5 milliards de dollars) et Nest (3,2 milliards).
Reste qu’avec l’intégration de Wiz, Google s’impose un peu plus comme un acteur majeur de la cybersécurité du Cloud et s’ouvre de nouveaux horizons pour séduire des entreprises de plus en plus converties aux vertus du multicloud et de plus en plus investi dans la mise en oeuvre d’une posture cyber unifiée entre les clouds.