Fuites de données, ransomware, supply-chain… le danger frappe sans prévenir ! En simulant les assauts d’un adversaire réel, le hacking éthique offre une vision crue des failles et l’opportunité d’anticiper l’attaque suivante.
Aujourd’hui, rares sont les entreprises qui ignorent encore l’importance de la cybersécurité. Mais si la prise de conscience est bien là, la mise en œuvre d’une stratégie efficace reste souvent perfectible. C’est dans ce contexte que les services de hacking éthique et de tests d’intrusion s’imposent progressivement comme des leviers essentiels pour anticiper, détecter et contenir les cybermenaces. Ces pratiques devraient être au cœur de toute posture défensive mature et proactive.
Des pratiques de plus en plus répandues
La majorité des entreprises, quelle que soit leur taille, ont désormais recours à des services de tests d’intrusion ou d’audit de sécurité. Les motivations, toutefois, varient de l’une à l’autre : certaines organisations y recourent pour répondre à des exigences de conformité réglementaire (ISO 27001, RGPD, DORA…), tandis que d’autres y voient un outil de pilotage stratégique, permettant d’identifier leurs vulnérabilités réelles, d’évaluer leurs capacités défensives ou encore de challenger leurs équipes internes.
La maturité croissante du marché a fait émerger différentes approches. Ainsi, un simple scan de vulnérabilité permet de détecter les failles connues à un instant T, sans les exploiter. Il s’agit d’un niveau d’analyse basique, souvent utilisé pour obtenir une première photographie du système. À l’opposé du spectre, le Red Teaming consiste à simuler le comportement d’un attaquant réel, discret et persistant, dans le but de franchir les barrières défensives sans se faire repérer. Entre les deux, le test d’intrusion classique permet de tester concrètement l’exploitation d’une faille, tandis que les approches dites Purple Team impliquent une collaboration directe entre les testeurs offensifs et les équipes défensives internes.
Un cadre strictement éthique et contractuel
Contrairement aux idées reçues, le hacking éthique n’est pas une activité clandestine. Toutes les interventions réalisées dans ce cadre sont strictement encadrées : un périmètre est défini, un calendrier arrêté, des objectifs fixés, et rien ne se fait sans l’accord formel de l’entreprise concernée. Il s’agit d’une pratique responsable, documentée, qui ne vise qu’un objectif : renforcer la posture de cybersécurité de l’organisation testée.
Les résultats sont restitués dans des rapports détaillés, mettant en avant les vulnérabilités identifiées, les méthodes utilisées pour les exploiter, et les impacts potentiels. C’est en tous cas ce à quoi chaque entreprise est en droit d’attendre pour s’assurer de la qualité d’un test de pénétration. Il s’agit d’aller au-delà de l’analyse de vulnérabilité et de la remise d’un rapport automatisé. Puis des recommandations correctives sont faites. Libre alors au destinataire de ces recommandations de les mettre en application ou non. Une fois les correctifs appliqués, une contre-analyse est souvent réalisée pour s’assurer de l’efficacité des mesures prises.
IA, automatisation… et limites actuelles
Le recours à l’intelligence artificielle dans les activités de tests d’intrusion reste aujourd’hui limité. Si l’exploration des cas d’usage internes permet de gagner en efficacité, notamment la rédaction automatisée de rapports ou la génération de scripts, les livrables restent encore intégralement humains. À terme, une automatisation partielle pourrait être envisagée pour industrialiser certains audits à grande échelle, mais dans des contextes bien définis.
L’enjeu ici est double : conserver un niveau de qualité élevé tout en répondant à la demande croissante du marché. Car les entreprises attendent des réponses rapides, lisibles et opérationnelles, et non des tableaux générés par une IA sans prise en compte du contexte métier.
Des entreprises aux profils hétérogènes
L’expérience montre que la maturité cyber varie fortement d’une entreprise à l’autre. Certaines progressent nettement d’année en année, appliquent les correctifs, tirent les enseignements et font évoluer leurs pratiques. D’autres, au contraire, continuent de reproduire les mêmes erreurs, laissant les failles découvertes réapparaître à chaque nouvelle campagne de test. C’est un enjeu majeur : un test d’intrusion annuel est un strict minimum, mais dans les environnements agiles (applications web, architectures cloud en évolution, systèmes OT…), des audits trimestriels, voire mensuels, peuvent s’avérer nécessaires.
Il faut également rappeler que le test d’intrusion n’est pas une fin en soi. Il s’inscrit dans une démarche plus large de gestion du risque, d’amélioration continue et d’alignement stratégique.
Cybersécurité : une priorité de direction générale
La cybersécurité n’est plus cantonnée aux équipes IT. Elle est désormais perçue comme un risque métier à part entière, au même titre que la gestion financière ou la continuité d’activité. Cette évolution est une bonne nouvelle, car elle permet de décloisonner les décisions et de faire émerger des démarches structurantes. L’objectif n’est plus seulement de « passer l’audit », mais bien de bâtir une organisation résiliente, capable de réagir et de se relever rapidement.
Les tests d’intrusion et le hacking éthique sont bien plus qu’un exercice technique. Ce sont des outils puissants pour structurer une stratégie de cybersécurité robuste, alignée sur les enjeux business. Mais ils n’ont de sens que s’ils s’inscrivent dans une démarche globale, avec un engagement réel de l’organisation à tous les niveaux.
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Par Paul Renouf, EMEA Delivery Lead, Sophos Red Team