Alors même que la transition énergétique est en plein boom au niveau mondial et que des modifications d’usages sont pensées pour réduire à court et long terme les besoins énergétiques annuels de la population mondiale, il convient plus que jamais de s’attarder sur les perspectives énergétiques d’avenir offertes et mises en place pour le data center de demain. Avec, à ce jour 50% de la population mondiale raccordée à internet et un pourcentage de 100% prévu dans les années à venir, le nombre de data centers peuplant la planète n’en est qu’à ses prémices. Heureusement, des solutions pour abaisser la consommation énergétique de ces derniers ont déjà été trouvées et mises en place, alors que d’autres sont étudiées actuellement et devraient entrer en phase d’application d’ici l’horizon 2020. Quelles sont ces solutions et quelles perspectives annoncent-elles pour le data center de demain ? Eléments de réponse.

Plusieurs milliers ! Voici l’estimation actuelle du nombre de data centers que notre planète héberge pour satisfaire les besoins en navigation, hébergement et stockage de 50% de la population mondiale raccordée au net. Si l’on en croit les dires de Green IT (communauté écoresponsable des acteurs numériques mondiaux) et que l’on considère le net comme un pays à part entière en termes d’impact environnemental, internet se classerait comme le 6ème pays le plus consommateur en électricité (365 kWh par habitant). Au niveau consommation hydraulique et en émissions de CO2 par internaute, les chiffres indiquent une consommation annuelle de 2900 litres d’eau et une émission de gaz carbonique égale à un trajet en voiture de 1400 kilomètres. Il est encore une fois important de rappeler que la somme de ces chiffres va doubler dans les années à venir et lorsque la planète entière aura accès aux réseaux.

Une gestion des ressources au cœur de la problématique

Maintenant que nous nous sommes attardés sur les chiffres actuels afin de mieux cerner les attentes et besoins d’aujourd’hui et de demain pour les data centers mondiaux, il est temps de se pencher sur les solutions à apporter afin de placer l’indicateur international d’efficacité énergétique (ou le Power Usage Effectivness) de ces derniers à des seuils en accord avec les enjeux environnementaux. Pour ce faire et premièrement, il convient de revoir et de modifier les habitudes de navigation de la population mondiale. En effet et alors que l’on sait qu’une majorité de l’utilisation des ressources disponibles est rattachée à l’utilisation des réseaux sociaux et des ressources exponentielles qu’ils demandent en termes de stockage et de données itinérantes, des mesures « d’éducation » des internautes sur l’utilisation des réseaux sociaux sont actuellement discutées par les géants du net (Google, Facebook, Snapchat, etc.) pour une mise en application probable en 2019/2020. Néanmoins et au vu du nombre de comptes que Facebook compte à lui-seul (2 milliards) et au temps hebdomadaire passé sur ce réseau (6 heures en moyenne), chacun en constante évolution ces dernières années, il est peu probable que ces mesures aient un impact notable sur la baisse de la consommation des data centers actuellement et dans le futur.

Une modification des sources d’énergies utilisées

Partant du principe que la demande ne peut pas être freinée, la modification des sources d’énergies utilisées pour le fonctionnement des data centers est la prochaine étape logique. Les entreprises spécialisées l’ont notées et tentent déjà d’apporter et d’appliquer des alternatives usant peu d’énergies fossiles. Sachant qu’un data center nécessite exclusivement de l’électricité pour l’ensemble de ses composants (ordinateurs et systèmes de refroidissement), les techniques de création et de stockage de cette énergie déjà présentes sur le marché mondial ont facilitées cette transition déjà active. Celle-ci devrait être également perfectionnée dans les années à venir avec l’avènement croissant de nouveaux dispositifs rattachables aux data centers déjà installés et en cours de construction.

Un projet ambitieux marquant l’avenir des data centers de demain

Actuellement en phase de construction, un immense data center d’une consommation de 1 gigawatt et d’une surface totale de 600.000 m² prend place au centre du cercle arctique au cœur même de la Norvège. Construit par la société Kolos, ce data center futuriste est entièrement pensé pour s’auto-fournir en énergies. L’emplacement sélectionné étant l’un des endroits les plus froids de la planète, les besoins en électricité pour le refroidissement des composants sont fortement réduits voire inexistants (cette réponse sera offerte au lancement officiel du data center). Le mouvement hydraulique des environs et des parcs éoliens se chargeront de la création électrique nécessaire pour le fonctionnement total de la surface d’exploitation.

Dans une époque où le développement durable impose une consommation plus responsable et où le fruit de celle-ci est créé à partir de mécanismes protecteurs des ressources mondiales, ce projet de grande envergure semble être le futur tout trouvé du data center. Reste la question de savoir si ce schéma de création et les endroits propices à celle-ci sauront supporter le besoin croissant en data centers du futur. Comme dans bien des domaines, seul l’avenir nous le dira…

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Marion Villand est DG de DataXcentric