Big Data et Data Science constituent un nouvel eldorado pour les entreprises en quête de croissance. Trouver les talents nécessaires pour faire face au phénomène de la « Donnée » est déjà une préoccupation centrale dans le web, la finance et l’assurance, et le sera très bientôt dans l’industrie. D’ici 2018, les États-Unis connaîtront une pénurie de 190 000 professionnels combinant compétences analytiques et informatiques [1]. Au même moment, on aura besoin de un million et demi d’ingénieurs Big Data dans le monde [2].

A grand savoir, grandes responsabilités ?

Plusieurs grandes entreprises spécialistes de la gestion des données – notamment IBM – ont pris l’initiative de former la prochaine génération d’ingénieurs spécialistes data. C’est un bon début, mais cela ne suffira pas à couvrir les besoins mondiaux. La France et l’Europe n’ont jamais eu autant besoin de partenariats et de collaborations entre des grands groupes industriels et l’enseignement supérieur. En France, le mastère de Télécom Paris spécialisé en Big Data existe depuis 2013, mais il en faudra plus.

Par ailleurs, aussi talentueux soient-ils, les jeunes diplômés qui sortent de ces formations ne sont pas… seniors. Or leurs employeurs cherchent des experts techniques dotés « naturellement » d’une compréhension globale de l’entreprise. A peine sortis de l’école, on attend beaucoup des ingénieurs Big Data. On imagine qu’ils vont transférer leurs compétences en interne, former les équipes de développement aux enjeux de la gestion des données à grande échelle, tout en étant force de proposition sur les orientations technologiques à prendre. Des enjeux gigantesques et peu réalistes, qui justifient que les salaires s’envolent.

La gestion des données, un savoir nécessaire

Certes, ce sont les détenteurs d’une connaissance qui a besoin d’être diffusée dans l’entreprise ou l’institution. Mais la transformation numérique de l’entreprise dans son ensemble ne peut reposer que sur eux. L’innovation n’est pas tant technologique qu’organisationnelle. En effet, le Big Data n’est pas une invention au sens traditionnel du terme, ni une nouveauté. Depuis 10 ans, Yahoo et Google ont cherché à paralléliser le stockage et le traitement des données sur plusieurs milliers de serveurs banalisés, à les traiter, à en tirer profit. Les données peuvent rationaliser, produire, prédire, et à ce titre, elles doivent désormais être placées au cœur de la stratégie de l’entreprise.

S’il convient d’accompagner la transformation numérique combinée à la révolution data, c’est l’ensemble des métiers qui doivent être sensibilisés à ces nouveaux enjeux ! Les professionnels des ressources humaines doivent être formés et informés pour être à même d’accompagner cette transformation en interne en opérant les transferts de compétences nécessaires. Les informaticiens devront assurer le développement des infrastructures technologiques nécessaires au traitement de ces données massives. Les futurs professionnels du marketing doivent tous maîtriser l’approche statistique du traitement des données (ex data mining), pour gagner en efficacité à l’heure d’adresser un public.

La Data doit rendre tout le monde plus numérisé dans son domaine, concerner l’ensemble des fonctions dans l’entreprise, et contribuer à abolir la distinction entre ceux qui savent et ceux qui croient. A cet égard, c’est en effet une révolution.

[1] Etude McKinsey Global Institute

[2] Ibid

 

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Judith Tripard est consultante chez Clémentine,
 cabinet de recrutement spécialiste du digital et de l’IT