Le domaine de la cybersécurité fait appel à un large éventail de profils, singularisant le secteur, notamment par rapport à ceux où les salaires sont au-dessus à la moyenne.

C’est le constat que propose Indeed, moteur de recherche d’emploi, en présentant son analyse de l’évolution des recherches/offres d’emploi liées à la cybersécurité en France et en Europe. La part des recherches portant sur le secteur de la cybersécurité en France a plus que doublé en deux ans.

Cette forte augmentation relativement constante sur deux ans reste néanmoins inférieure à celle enregistrée pour le Royaume-Uni ou pour l’Allemagne mais elle est bien supérieure à celle des Etats-Unis.

Le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont deux pays qui ont intégré très tôt les problématiques de cybersécurité dans leur architecture de sécurité nationale. Dans le cas de l’Allemagne, la croissance des recherches pour des emplois dans la cybersécurité s’explique principalement par un bond significatif à partir du mois de mai, période qui correspond au début de la campagne électorale, alors que les craintes sur de possibles attaques ou opérations de déstabilisation similaires à celles observées quelques mois plus tôt aux Etats-Unis ou en France étaient les plus vives.

Et en France ?

La France a encore du chemin à parcourir. Aux États-Unis, les recherches portant sur la cybersécurité sur le site Indeed.com représentent près de 450 recherches par million et 220 au Royaume-Uni pour Indeed.co.uk, soit respectivement plus de 5 et 2 fois plus. La montée en puissance des initiatives publiques comme les réserves de cyberdéfense devraient permettre de mieux faire connaître le secteur, et ses avantages en termes de formation et d’emploi. L’ANSSI par exemple devrait recruter plus de 100 nouveaux spécialistes de la cybersécurité et atteindre 600 collaborateurs pour protéger et défendre l’Etat, les opérateurs d’importance vitale, les entreprises et les citoyens des menaces auxquelles sont exposés leurs systèmes d’information.

Des salaires élevés et un large éventail de profils 

Les profils des candidats attirés par la cybersécurité sont très divers et c’est ce qui distingue ce domaine des autres secteurs qui proposent également des salaires élevés comme la finance. Dans le domaine de la finance, plus de 54% des candidats déclarent avoir un master ou un équivalent bac+5 et 9% indiquent avoir un MBA. En ce qui concerne la cybersécurité, les détenteurs d’un master ne sont « que » 23 %. Ils sont 13 % à avoir un diplôme d’ingénieur et 13 % à détenir une licence. Ce qui retient l’attention est l’intérêt des détenteurs d’un DUT ou d’un BTS pour le secteur : ils représentent respectivement 11 % et 7 % des profils ayant des compétences en cybersécurité.

Ces profils variés reflètent les compétences diverses nécessaires pour travailler dans la cybersécurité : des compétences techniques en programmation, en cryptographie, en architecture des réseaux, mais aussi en communication interne ou en intelligence économique. La liste des métiers que l’ANSSI sur son site Web donne une idée de cette très grande diversité de métiers : Administration, système et réseau, architecture, audit, certification, labellisation, coordination et gestion de projets, détection, développement, intégration et test, expertise technique SSI, management, règlementation, réponses techniques aux attaques informatiques ; support, veille et analyse technique de la menace.

Si, comme dans la finance, la majorité des salaires se situe au-dessus de 40k€, le nombre d’annonces en cybersécurité sur Indeed.fr dont le salaire est inférieur à 40k€ ne représente que 27% du total des offres en cybersécurité, contre 38% pour la finance. La part des salaires au-dessus de 40k€ est donc de façon symétrique plus importante dans la cybersécurité ; celle des salaires supérieurs à 100k€ est même quatre fois plus importante.

Un exemple réussi de décentralisation en région

La cybersécurité offre par ailleurs un bel exemple de décentralisation réussie puisque le département qui compte le plus d’annonces est l’Ille-et-Vilaine, avec 20 % du total. Le département confirme ainsi son statut de territoire d’excellence dans le domaine de la cybersécurité, après la création en décembre 2016 du « pôle d’excellence Cyber » ; regroupant les grands acteurs du secteur (entreprises, centres de recherches, universités). Plus de 90 % des postes explicitement désignés comme étant en cybersécurité en Ille-et-Vilaine sont proposés par des administrations publiques, au premier rang desquelles la Délégation générale pour l’armement (DGA).

Paris n’est cependant pas en reste puisque la capitale arrive juste derrière avec 18 %. On y trouve des annonces provenant de société de conseil (ACENSI, Sogeti) de spécialistes de la cybersécurité (CybelAngel, Adeptis) et des administrations publiques (ANSSI, ministère des Armées). Avec les départements voisins et notamment les Hauts-de-Seine, la région Île-de-France reste en première position au classement des régions.

La bonne place d’autres départements (Haute-Garonne, Rhône et Bouches du Rhône) montre que les entreprises établies dans les grandes villes de province (Airbus, Thales, Continental ou Siemens notamment) s’approprient la culture de la cybersécurité.

 

Dossier Cybersécurité (1/4) : L’email, cible principale des hackers
Dossier Cybersécurité (2/4) : les technologies passent, les humains restent