Liberté, égalité, fraternité… numérique ! En quelques années seulement la France s’est complètement transformée avec des usages numériques qui se sont imposés dans tous les aspects de la vie quotidienne.

Depuis près de 15 ans, la numérisation de la société française se poursuit à un rythme rapide et soutenu. Les trois quarts de la population française se connectent quotidiennement à Internet (76% de la population de 12 ans et plus, +2 points en un an). C’est ce que nous enseigne l’étude que viennent de réaliser l’Arcep, le CGE et l’Agence du Numérique

Tous les usages d’internet étudiés sont, sans exception sont en hausse : Deux personnes sur trois (67%, +5 points) ont effectué une démarche administrative en ligne. On pourrait ajouter que parfois, les Français n’ont pas le choix. Témoin, la demande de carte grise d’un véhicule qui ne peut se faire désormais qu’en ligne. Parmi les autres démarches faites par les Français :  61% (+1 point) ont effectué un achat en ligne, 59% (+3 points) des Français sont membres de réseaux sociaux, 26% (+1 point) ont recherché une offre d’emploi et  22% (+7 points en 2 ans) ont eu recours à un bien ou un service auprès d’un particulier et 13% en ont proposé.

Les Français ont coupé le cordon téléphonique

On le sait l’Internet mobile c’est-à-dire l’accès à Internet via un mobile a dépassé la connexion traditionnelle via un PC, portable ou non.  En quelques années, le smartphone est devenu l’objet le plus familier et le plus personnel de presque tous les Français.  Près des trois quarts de la population en sont aujourd’hui équipés (73%, +8 points en un an) ; en 2011, moins d’un quart des Français en possédait un. Deux Français sur trois utilisent même leur smartphone pour naviguer sur internet, même à domicile.

La diffusion des smartphones participe à l’essor des pratiques numériques en mobilité comme par exemple les messageries instantanées, utilisées par 43% des français (contre 32% l’an dernier), ou le visionnage de vidéos ou le téléchargement d’applications (en hausse respectivement de +10 points et +7 points par rapport à l’an dernier).

Les usages nomades ne cessent de se développer, même lors des déplacements au sein de l’Union Européenne : les trois quarts des 18-39 ans sont concernés, alors qu’ils étaient environ la moitié il y a sept ans. Et pourtant, seulement 59% des Français savent qu’ils peuvent désormais utiliser leur mobile en Europe dans les mêmes conditions qu’en France et sans frais d’itinérance, contre 71% des Européens.

Même présence dans la vie professionnelle

La numérisation de la société est également à l’œuvre dans la sphère professionnelle : les deux tiers des actifs occupés utilisent aujourd’hui un ordinateur au travail (contre 53% seulement en 2013). La numérisation de vie personnelle et professionnelle a d’ailleurs un facteur qui a largement effacé les frontières entre les sphères privées et professionnelles s’estompent. Un actif sur trois (34%) apporte tous les jours sur son lieu de travail un équipement personnel pour l’utiliser à des fins professionnelles, c’est le fameux BYOD (Bring Your Own Device). Paradoxalement, les Français qui considèrent que cette organisation du travail aux contours plus imprécis permet de « mieux concilier vie privée et vie professionnelle » progresse de 12 points en 4 ans pour atteindre 54% des actifs. Le numérique facilite également le télétravail. L’appétence pour le travail à distance se confirme, avec 39% des actifs occupés qui aimeraient télé-travailler (13% « tout le temps » et 26% « de temps à autre »). Sur ce point, les salariés seraient donc en avance sur leurs employeurs pour qui le travail se conçoit principalement sur le lieu de travail.

Plusieurs enquêtes l’avaient déjà montré, les individus sont en avance par rapport aux entreprises. Dans son rapport « 180 mesures pour numériser la France » publié fin 2014, Philippe Lemoine avait déjà pointé ce phénomène. Ce rapport soulignait une fois de plus le rôle moteur que jouent les individus, en avance sur les entreprises dans l’utilisation des technologies et l’innovation des usages. Ces individus étant à l’origine des startups qui doivent constituer un des principaux moteurs de cette transformation. Et ce point de vue, les Français sont plutôt en avance par rapport à rapport à leurs homologues étrangers alors que les entreprises françaises, notamment les grandes, seraient plutôt en retard.

La moitié des actifs estime aujourd’hui ne pas profiter assez des opportunités offertes par le numérique dans leur vie professionnelle. Selon la profession occupée, cette part varie du simple au triple, 78% des ouvriers étant concernés, contre 24% des cadres supérieurs.

Des fractures qui persistent

Bref, Internet serait-il devenu banal et parfaitement intégré à la vie de tous les Français ? Pas tout à fait car 12% de la population âgée de 12 ans et plus ne se connectent jamais à internet, et autant considèrent qu’internet est trop compliqué à utiliser. En moyenne, un tiers des Français s’estime peu ou pas compétent pour utiliser un ordinateur, soit 18 millions de nos concitoyens : ils sont 40% parmi les personnes ayant des bas revenus, 74% parmi ceux qui n’ont aucun diplôme, et tout de même 17% parmi les plus jeunes (moins de 18 ans).

Plus de la moitié des Français (52%) déclare ne pas profiter assez des opportunités offertes par les nouvelles technologies dans leur vie de tous les jours. L’égalité d’accès aux démarches administratives en ligne reste un enjeu, avec 90% des diplômés du supérieur ou des 25-39 ans qui ont recours à l’administration en ligne, mais seulement 59% des bas revenus et 30% des non diplômés.

La confiance et la sécurité,

Le manque de protection des données personnelles est le premier frein à l’usage d’internet cité par les Français (33%). Il est vrai que l’actualité qui révèle un scandale de pertes de données quasiment chaque semaine peut leur donner raison. Dernier en date, les pertes des données personnelles de 57 millions de personnes auprès de 600 000 chauffeurs Uber n’est pas vraiment fait pour rassurer. Les Français se montrent désormais vigilants dans leurs usages : 69% d’entre eux ont par exemple renoncé à installer une application afin de protéger leurs données personnelles, et 34% ont pris des dispositions en souscrivant à un service de sécurisation des paiements en ligne.

68% des participants aux réseaux sociaux ont déjà renoncé à publier, ou ont supprimé, un message sur un réseau social pour protéger leur vie privée ; les trois quarts des Français déclarent par ailleurs que les réseaux sociaux ne leur inspirent pas confiance.

Autre évolution notable de la société, l’habitude prise par beaucoup de tout noter : un service, une entreprise, une personne… La confiance dans les notes, les évaluations ou les commentaires laissés en ligne progresse quant à elle fortement : en 2017, 47% de la population leur fait plutôt confiance (+6 points par rapport à 2015), taux qui s’élève à 60% de ceux qui ont pratiqué un échange (marchand ou non) avec des particuliers. Cette confiance accrue accompagne le développement des pratiques entre pairs sur internet : 28% de la population (+9 points en deux ans) se sont livrés à une pratique relevant de l’économie collaborative.