Le moteur de recherche va-t-il évoluer radicalement dans les années à venir ? En tous cas, Google va proposer de nouvelles fonctionnalités qui laissent entrevoir des changements importants.

« Nous étions habitués à fournir aux internautes des pages de dix liens vers des sites pouvant apporter des réponses » écrit Google dans son rapport annuel de l’année 2014. « Pour obtenir, les réponses, il fallait cliquer sur chaque lien pour accéder aux différents sites Web. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de proposer directement des réponses ». Cette énonciation fait écho au titre de la présentation d’Amit Singhal, Amit Singhal, Senior Vice President, Search & Google Fellow, lors de la conférence annuelle Google I/O de 2013 : « The end of search as we know it » dans laquelle il explique que le moteur de recherche tel que nous le connaissons évoluera dans trois dimensions : « answer, converse and anticipate ».

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Les utilisateurs de tablettes ou de mobiles ont pu expérimenter les premières étapes de cette nouvelle voie en formulant leur question oralement et en obtenant des réponses orales. Par exemple on saura directement que François Hollande est le président de la République française sans avoir à consulter un site Web pour le savoir. Cette fonction de Conversational Search est aussi disponible via le navigateur Chrome disponible sur tous les PC. Cette évolution vers une interface homme/machine à base de reconnaissance de la parole et de synthèse vocale est évidemment liée au développement considérable des mobiles pour lesquels elle est mieux adaptée que les interfaces traditionnelles (clavier virtuel).

Dans cette évolution, la santé sera le premier champ d’expérimentation. Pourquoi ? Tout simplement parce que le sujet qui suscita la demande la plus forte, une requête soumise au moteur sur 20 est liée à la santé. Google lance une nouvelle manière de donner des réponses allant au-delà de simples pages de liens en donnant des faits au système Knowledge Graph, détaillant les symptômes, les traitements, la description générale de la maladie et les statistiques afférentes, des illustrations issues du monde médical pour lesquelles Google a acheté les droits et les suggestions de questions à poser à son médecin. A signaler que la santé est aussi un des tout premiers domaines d’applications du système d’informatique cognitive Watson d’IBM. La prestigieuse Mayo Clinic utilise Watson, l’ordinateur cognitif d’IBM, afin d’orienter les patients plus rapidement vers les essais cliniques qui leur sont appropriés. Une phase de preuve du concept est actuellement en cours, avec l’intention de l’introduire dans les établissements cliniques dès début 2015 (IBM réaffirme ses ambitions avec Watson ; Watson d’IBM à la Mayo Clinic ; Mike Rhodin présente Watson à la Mayo Clinic)

Pour ce projet, Google a travaillé avec une équipe de médecin salariés de Google et avec la Mayo Clinic. Dans la présentation de ce projet, Google prend toutes les précautions pour garantir qu’il ne s’agit que d’un service médical à vocation informationnel en ligne qui n’est, en aucun cas, destiné à remplacer les médecins et qu’en cas de problème, il est impératif de consulter un professionnel.

Google pourrait ensuite développer des offres sur des thématiques particulières liées à des secteurs économiques – ce qu’en leur temps ont essayé de faire les spécialistes du Knowledge Management (voir encadré ci-dessous) – mais il est vraisemblable qu’il va élargir le périmètre sur des applications de la vie quotidienne. Une évolution qui n’est pas sans poser de problèmes à certains acteurs. Google pourra fournir facilement fournir des informations sur les hôtels, les vols aériens… et se transformer par exemple en OTA et « squeezer » ainsi nombre de pure players d’Internet. Pour l’instant, on assiste à une bataille entre Google d’un côté et des acteurs spécialisés qui, sur le smartphone peuvent s’affranchir de cette dépendance au moteur de recherche en fournissant directement des apps : Amazon pour chercher des produits, Yelp pour des informations locales, Priceline pour les vols et les hôtels. Par ailleurs, ces derniers actionnent d’autres moyens, notamment juridiques, pour contrecarrer cette volonté de puissance inassouvie de la firme californienne. Yelp a saisi la Commission européenne sur les pratiques de Google qui favorisent ses propres bases de données au lieu des fournir des informations plus pertinentes.

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Dans ce rapport entre ce qui est trop souvent celui du pot de terre et du pot de fer, il a la possibilité de résister ou de plier. Malgré sa forte position, Twitter vient de signer un accord avec Google permettant à ce d’accéder au firehose de tous les tweets et ainsi de pouvoir les indexer tous pour de multiples applications. Alors que Twitter avait suspendu cet accès en 2011 lorsque Google avait lancé Google+ devenant ainsi un concurrent beaucoup plus direct. Difficile d’analyser le bienfondé de cet accord sans en connaître les termes, en particulier combien Google va-t-il verser à Twitter pour accéder à ses informations. C’est là un exemple parmi tant d’autres entre Google qui ne se connaît aucune limite et tous les autres moyens qui sont souvent mis devant le fait accompli et n’ont pas toujours les moyens de se défendre.

Dans une intervention dans le cadre de la présentation du rapport sur l’Impact du numérique sur le secteur touristique, la députée Annick Le Loch (pour accéder à la vidéo) fait part de l’inquiétude de beaucoup d’acteurs de la place qu’occupe Google aujourd’hui et la prétention de la firme à « se présenter presque comme un service public alors que derrière il y a énormément d’argent en jeu. « C’est le premier état planétaire, indiquait la députée rapportant les propos d’un participant à la Commission et reposant le problème du démantèlement, une question qu’on s’est posée d’autres temps pour d’autres entreprises ayant eu une position dominante et qui a trouvé des réponses variées (Google peut-il être démantelé ?).

 

Knowledge Graph en bref
Le Knowledge Graph est une base de connaissance utilisée par Google pour compiler les résultats de son moteur de recherche avec des informations sémantiques issues par ailleurs de sources diverses. L’affichage du Knowledge Graph est ajouté au moteur de recherche de Google en 2012 aux États-Unis après avoir été annoncé le 16 mai 20121. Cet outil fournit une information structurée et détaillée centrée sur l’objet de la recherche, en plus de la liste d’hyperliens vers d’autres sites2. L’objectif est de permettre aux utilisateurs de résoudre leur requête sans avoir besoin de naviguer vers d’autres sites pour accéder aux informations capitales.
Selon Google, ces informations sont issues de différentes sources, telles que le World Factbook de la CIA (CIA World Factbook), Freebase ou encore Wikipédia1. Cet outil rejoint les objectifs des « moteurs de réponse » comme Ask.com (ex-Ask Jeeves) et Wolfram Alpha. En 2012 son réseau sémantique contenait plus de 500 millions d’objets et plus de 18 milliards de faits et relations entre ces différents objets utilisés par le moteur de recherche afin de comprendre la signification des mots-clefs, saisis lors de toute recherche4.
(Source : Wikipedia)