Lors de sa conférence développeurs à Shenzhen, le géant chinois a lancé la version 2.0 de son système d’exploitation destiné à concurrencer Android sur les smartphones dès la fin de l’année 2021…

Déjà privé d’Android depuis plus d’un an, le constructeur chinois va dans les prochaines semaines devoir se passer des processeurs qu’il fait fabriquer par TSMC mais aussi des écrans qu’il acquiert auprès de Samsung suite aux renforcements des pressions du gouvernement américain à l’égard de Huawei et de ses fournisseurs.

Pour le fabricant, les prochains mois, voire les prochaines années si Trump est réélu, s’annoncent moroses et difficiles. Depuis plus d’un an, Huawei essaye d’échapper à sa dépendance aux technologies étrangères. Mais il lui est toujours difficile de se passer des écrans LED des constructeurs coréens et des usines de fabrication de TSMC qui produit les processeurs de sa filiale HiSilicon utilisés dans ses smartphones.

Créer un écosystème chinois

Pour l’instant les alternatives chinoises ne sont pas à la hauteur. Typiquement le fondeur chinois SMIC ne maîtrise aujourd’hui que les processus de gravure en 14 nm, alors que TSMC produit du 7 nm depuis plusieurs années et maîtrise aujourd’hui le 5 nm. Et la faillite du pseudo concurrent HSMC (qui prétendait pouvoir graver en 7nm dès cette année) ne va pas non plus arranger les choses.

Ces derniers mois, Huawei s’est attaché à recréer tout un écosystème de services (HMS 5.0) pour se passer de ceux de Google et du Google Play Store. Avec un succès relatif mais prometteur.

HarmonyOS 2.0

Hier, Huawei a annoncé la version 2.0 de son propre système d’exploitation : HarmonyOS. Lancé l’an dernier, le système cherche à proposer une alternative à Android qui sera proposé aux constructeurs chinois, y compris ses concurrents, mais également au monde entier. Lors de sa conférence développeurs à Shenzhen, le constructeur a également détaillé sa feuille de route. Le SDK de la version 2.0 est disponible dès aujourd’hui mais continue pour l’instant de prendre en compte que l’IoT et les téléviseurs connectés.  Une version smartphone du SDK est cependant attendue d’ici la fin de l’année (en décembre 2020 avec un support des appareils 4 Go de RAM en avril 2021 et de plus de 4 Go en octobre 2021).

Rappelons que contrairement à Android (et d’autres alternatives mobiles), HarmonyOS ne s’appuie pas sur un Kernel Linux mais sur un micro-noyau créé par Huawei et spécialement pensé pour un monde d’appareils ultras nomades. Les applications, quant à elles, sont créées à l’aide du compilateur ARK de Huawei, très critiqué lors de ses premières versions tant il a été lâché trop tôt et trop immature. ARK est une composante clé d’HarmonyOS puisqu’il prétend simplifier le portage des applications Android sous le nouvel OS en prenant en charge les langages Java et Kotlin mais aussi C/C++ et JavaScript.

Répliquant l’approche de Google avec Android et sa version open-source AOSP, Huawei a également annoncé le lancement du programme OpenHarmony (sous l’égide de l’OpenAtom Foundation) pour gérer la version Open Source d’HarmonyOS.

Des smartphones HarmonyOS en 2021?

Pour le géant chinois, en l’état, le système « maison » couvre déjà 80% des fonctionnalités d’Android et progresse rapidement. Cette vision paraît optimiste. Mais le constructeur compte s’appuyer sur son interface EMUI et sur ses services HMS (sur lesquels reposent les smartphones sous Android de la marque) pour accélérer la commercialisation de premiers smartphones HarmonyOS signés Huawei avant la fin 2021.

Reste qu’HarmonyOS avance à marche forcée. Huawei n’a jamais caché sa volonté de poursuivre son épopée « Smartphones » avec Android, mais les perspectives d’un relâchement des sanctions américaines sont trop éloignées et hasardeuses pour que le constructeur bâtisse son avenir à court ou moyen terme sur une telle incertitude.