Bras armé télécom et nouvelles technologies d’Aéroports de Paris, Hub One travaille au développement des aéroports connectés et décline ces applications dans d’autres secteurs.
Filiale à 100% d’Aéroports de Paris et opérateur télécom à part entière[1], Hub One entend développer et trouver de nouveaux usages à partir des technologies les plus en pointe. Hub One bénéficie du statut un peu particulier d’être sous la protection d’un « monopole régulé » sans pour autant se trouver dans une situation de monopole. Les Aéroports notamment Parisiens représentent environ 50 % de son activité.
Spin off d’Aéroports de Paris en 2001 suite à la déréglementation des télécoms mais aussi à la volonté de la maison mère que sa filiale se positionne sur de nouveaux marchés, en particulier ceux dont les problématiques sont proches de celles des aéroports comme les zones portuaires maritimes ou les centres commerciaux, ou sur les technologies pour lesquelles elle possède une expertise particulière comme le WiFi ou le RFID.
Opérant sous la marque Hub One depuis 2012, la problématique de l’utilisation des technologies en soutien à l’activité aérienne et aéroportuaire se pose depuis plus d’un siècle ; c’est en effet en 1914 que l’aéroport du Bourget a été inauguré (voir encadré ci-dessous). « Nous avons connu toutes les générations de technologies, explique Patrice Bélie, Directeur Général de Hub One, ce qui fait de nous l’équivalent du Jardin des Plantes et du Futuroscope réunis ». Cet héritage des technologies ne doit pas être un poids mais au contraire pousser l’entreprise à saisir de nouvelles opportunités.
Le bon exemple est celui de la technologie PMR (Private Mobile Radio) qui s’appuiera sur la 4G ou plus précisément sur la LTE (Long Term Evolution) qui va être amené à remplacer un réseau Tetra (Terrestrial Trunked Radio[2]), une technologie robuste mais de plus de 30 ans d’âge. Ici, il s’agit d’offrir un réseau adapté à des professionnels ayant un besoin de communication critique temps réel et d’améliorer ainsi leur façon de travailler. Un agent de maintenance par exemple pourra envoyer des vidéos à distance pour réparer un équipement.
« Nous serons un opérateur 4Gde petite taille en comparaison des opérateurs télécoms mobiles traditionnels mais nous avons des contraintes de sécurité fortes, explique Patrice Bélie. Il n’est pas question que des utilisateurs professionnels ne puissent pas accéder au réseau. Nous avons déjà procédé à des expérimentations et espérons un déploiement en 2016 ». Roissy sera alors le 2e aéroport du monde à avoir mis en œuvre une telle technologie.
100 ans de technologies au service des aéroports
L’Aéroport de Paris-Le Bourget a fêté ses 100 ans en 2014. Le 9 octobre 1914, le capitaine Lucca atterrit pour la 1ère fois sur le terrain du Bourget alors qu’il était à la recherche d’un lieu adéquat pour défendre la ville de Paris face à l’ennemi. L’aéroport Paris-Le Bourget est inauguré officiellement 5 ans après, en 1919 et en 1927 Charles Lindbergh y atterrit, à bord du « Spirit of Saint Louis », après avoir traversé l’Atlantique. Il fut accueilli par 200 000 personnes impressionnées par cette prouesse, qui était à l’époque, un exploit.
En 1981, l’aéroport Paris-Le Bourget centre ses activités essentiellement sur l’aviation d’affaires, pour faire face à la montée des aéroports de Paris-Orly d’abord puis de Paris-Charles de Gaulle. Ce repositionnement lui vaut d’être aujourd’hui le 1er aéroport d’affaires en Europe avec 75 entreprises de services aéroportuaires et aéronautiques, dont les grands groupes d’aviation d’affaires.
WiFi à tous les étages
La couverture WiFi des aéroports a été un peu longue à se mettre en place avec des situations différentes. En Asie, les aéroports ont tout de suite été vers le WiFi gratuit pour les passagers alors qu’en Europe et aux Etats-Unis, certains ont proposé des formules mixtes, gratuité temporaire, paiement ensuite. Mais aujourd’hui, l’accès à Internet est une obligation et tous les aéroports le proposent ou sont en voie de le faire. Aéroports de Paris a généralisé le WiFi gratuit en 2014. C’est Hub One qui a fait la conception, le déploiement et en assure l’exploitation. Les différents terminaux sont dotés de quelques 900 bornes Cisco pour assurer une couverture totale et sont raccordées à 8 concentrateurs. L’ensemble des protocoles WiFi sont couverts en 2,4 et 5 GHz (ce dernier assure une meilleure connexion). Le parc est géré par l’outil de supervision CPI (Cisco Prime Infrastructure). À chaque nouvelle version d’un OS – iOS[3] ou Android – Hub One effectue des tests pour s’assurer de la compatibilité. Lorsqu’une borne est saturée, l’outil de supervision envoie une alerte. Hub One examine alors la configuration pour voir s’il y a lieu d’installer de nouvelles bornes. La saturation est évidemment liée au nombre de passagers connectés mais aussi au type d’applications qu’ils utilisent. Consulter ses mails est évidemment moins consommateur qui visionner des vidéos sur YouTube[4].
Parallèlement aux bornes grand public, Hub One a installé 800 bornes pour les clients professionnels. À partir du moment où un besoin de nouvelles bornes a été identifié, l’installation s’effectue rapidement. Le système est facilité par l’utilisation des courants porteurs qui ne nécessitent pas d’installation électrique particulière. L’ensemble du dispositif assure un taux de disponibilité supérieure à 99,9 %.
En revanche, les flux critiques ne passent pas par le WiFi car celui-ci n’est pas sécurisé à 100 % mais par le réseau Tetra qui sera probablement migré vers la 4G.
La promesse à tenir de la RFID
Parallèlement à la gestion des passagers, l’aéroport doit en parallèle gérer les bagages. Quand on sait que plus de 90 millions de passagers transitent à Charles de Gaulle (soit 250 000 par jour dont la moitié est en correspondance), on imagine assez bien la difficulté à assurer cette tâche. En janvier dernier, un des trieurs était tombé en panne pendant quelques heures laissant plus de 60 000 bagages s’amonceler. Il a fallu ensuite faire un tri manuel pour les restituer à leurs propriétaires. La technologie RFID est utilisée au niveau des conteneurs (ULD pour Unique Load Device). Au niveau des bagages, c’est encore le code barre qui prévaut. La réconciliation entre passagers et bagages est en œuvre depuis les événements du 11 septembre 2001. Si un passager ne se présente pas à la porte d’embarquement, il faut alors procéder à l’extraction de ses bagages en soute. Non seulement le système d’identification des ULD dans lequel ils sont placés mais l’expérience permet de savoir à peu près où ils se situent dans les conteneurs.
De telle sorte que l’opération peut être effectuée sans pénaliser le vol. L’utilisation du RFID au niveau des bagages est difficile non pas tant d’un point de vue technique mais plutôt en raison de son modèle économique. Ce n’est pas tant le coût d’une étiquette qui est aujourd’hui d’environ 8 centimes que de savoir qui va payer sans qu’il y ait de nombreux intervenants. Toutefois, des expérimentations sont actuellement menées pour identifier les bagages de certains passagers sur des étiquettes code barre à lecture 360 ° et des tags RFID. Sachant que le taux d’erreur des premières est beaucoup plus élevé. Ce service serait proposé aux compagnies aériennes qui pourraient offrir un service d’information de livraison sur le mobile à leurs meilleurs clients.
Data centers de Hub One
Hub One possède deux data centers à Roissy dont un totalement automatisé, deux à Orly et deux dans Paris pour les accès Internet. Le data center principal de Roissy est de niveau Tier III avec des redondances à tous les niveaux pour assurer un niveau de service sans interruption.. Les data centers sont reliés par deux grandes boucles optiques indépendantes.
[1] Hub One est déclaré auprès de l’ARCEP
[2] TETRA est un système de radio numérique mobile professionnel bidirectionnel (comme des talkie-walkies évolués), spécialement conçu pour des services officiels tels que services de secours, forces de polices, ambulances et pompiers, services de transport public et pour l’armée.
[3] La proportion des iPhones détenus par les passagers est largement plus élevée que la part de marché, elle atteint 50 %.
[4] Lorsque nous avons visité le site, l’outil de supervision indiquait un peu plus de 6000 connexions.