Google permet à ses employés d‘utiliser 20 pour cent de leurs temps de travail pour approfondir un projet qui n’est pas forcément lié à leurs travaux quotidiens. C‘est avec ce temps alloué et sur ce principe, que Gmail, Google Maps ou encore Adsense auraient été inventés.

Ce programme a fait des émules et on peut le retrouver sous d’autres formes dans d‘autres sociétés. Ainsi, Apple a commencé à l’intégrer, via son programme « Blue Sky », qui permet à des groupes restreints de salariés d‘utiliser deux semaines pour travailler sur des sujets libres. Atlasian, l’éditeur de logiciel collaboratif, propose quant à lui, les ShipIt days. Cet événement, d‘une journée et demi, est dédié à la (re)définition d’une interface, à l‘écriture d’un plugin, ou même à la refonte complète d’une fonctionnalité. Quand le temps imparti est écoulé, une démonstration des projets est réalisée, afin qu’un vote soit ensuite effectué, et que la meilleure réalisation soit récompensée par un trophée.

Même si la forme de ces hackathons diffère, le principe reste le même : permettre aux employés de travailler sur un sujet sans contraintes managériales ni business.

Historique des hackathons

Etant donné la notoriété de Google dans le monde, le programme “20 pour cent” leur a été attribué. Hors Google s‘est inspiré de la société Minnesota Mining & Manufactoring Company, plus connue sous le nom 3M. Cette entreprise, fondée en 1902, a commencé dans la production de meules abrasives, mais ce fut un échec, tout comme leur tentative de produire du papier de verre. Pourtant, en 1925 la société lance un ruban adhésif sous la marque « Scotch ». Ils tirèrent une leçon de leurs précédents échecs : il est nécessaire d‘innover si l’on veut réussir. C‘est à partir de ce constat que 3M lance en 1948 le programme « 15 pour cent » : les chercheurs sont autorisés à consacrer 15 pour cent de leurs temps pour travailler sur des projets d’innovation personnels.

En 1966, Spencer Silver découvre un adhésif qui ne colle pas très bien. Ne trouvant pas comment exploiter cette idée, cette découverte est mise de côté jusqu’à ce qu‘un autre chercheur, Art Fry, s’en serve pour coller ses marques pages. C‘est en utilisant le programme des « 15 pour cent » que ces deux chercheurs ont développé cette idée, qui est connu aujourd’hui sous le nom de… Post-it.

Et encore aujourd‘hui, 3M continue à investir dans ce programme. En effet, celui-ci a été élargi à tous les collaborateurs. 3M serait, d’après le cabinet Booz&Co, la troisième entreprise la plus innovante dans le monde, parmi un panel de 1000 sociétés.

Utiliser l’innovation pour booster vos produits/projets et baisser les coûts de maintenance

De prime abord, il semble que ce soit surtout des sociétés ayant une nécessité d‘innovation qui mettent en place une organisation avec du temps libres pour leurs employés. Pourtant, intégrer ce type d’événement en interne peut être intéressant, même lorsque le besoin d’innover est moins présent.

Le but est de ne pas utiliser l’innovation uniquement pour sortir des produits ayant des fonctionnalités différentes de la concurrence,  mais également pour augmenter la qualité des projets. Ceci peut être réalisé en diminuant le nombre de bugs lors du passage en production, en réduisant les coûts de production, en utilisant des solutions ayant moins de contraintes côté “métier”, ou encore en réduisant les délais avec des solutions plus véloces.

Par exemple, une entreprise qui réalise un service web de réservation de places de cinéma ne semble pas avoir de réel besoin d’innovation. Toutefois, elle pourrait utiliser ce levier pour baisser ses coûts de maintenance applicative, en essayant de nouvelles techniques d‘écriture de code, de nouveaux langages, ou autres. Elle pourrait aussi tester d’autres stratégies de déploiement dans le but de pouvoir déployer plus régulièrement et plus sereinement son application.

Ces types de besoins ne découlent pas systématiquement d’un besoin client ou d‘une de vos demandes, mais peut venir de l’exécutif. Donc la recherche de solutions à ces problématiques ne bénéficie pas toujours d’un budget alloué, et dans ce cas, une pression hiérarchique, même non intentionnelle, peut contraindre le périmètre ou bien encore le type de solution.

Deux composantes importantes de l’innovation sont : de laisser une grande liberté et (peut-être plus étonnant) de ne pas attendre de résultat direct. Ces deux points laissent la possibilité aux différents collaborateurs de travailler sur des sujets qui leurs semblent importants, pour leurs travaux, sans avoir la pression d’un résultat attendu.

En effet, cette « pression » peut limiter les pistes de recherche en n‘exploitant que les solutions ayant un résultat garanti, mais n’ayant pas forcément le meilleur rendement. Mettre une pression hiérarchique peut forcer les collaborateurs à n‘exploiter que des connaissances déjà acquises, tout en évitant d’explorer de nouvelles pistes.

Insuffler l’innovation

A partir du moment où un créneau est disponible pour l’innovation, faut-il encore que les équipes profitent de ce temps dédié. Il peut être nécessaire de donner une impulsion pour que la sauce prenne. Pour cela, vous pouvez identifier les personnes motivées pour transmettre de « bonnes pratiques » et leur proposer d‘utiliser ce temps alloué pour partager leurs visions avec d’autres collaborateurs.

Les meilleures innovations attirent les meilleurs innovateurs

La mise en place de ces “moments” d‘innovation va vous permettre de proposer de nouvelles solutions, de réduire des coûts, même de diminuer la pression dans certains cas. L’important est de ne pas forcer la recherche de nouvelles solutions, mais qu‘elles se présentent d’elles-mêmes. Ceci à travers diverses activités, comme des challenges de codes, des présentations animées par des intervenants internes, voire externes, sans oublier les soirées de regroupement d‘utilisateurs.

Outre le fait d’utiliser ces solutions sur vos projets, il est également possible d‘exploiter ces initiatives pour d’autres objectifs : Facebook, Google, LinkedIn, et autres sociétés, communiquent sur leurs hackathons dans un but de recrutement… et après tout, les meilleurs attirent les meilleurs. Pourquoi ne pas faire de même ?

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David Wursteisen est Expert Java EE chez Soat