La pandémie a joué l’effet d’un accélérateur de transformation numérique. Selon une étude BNP Paribas 3 Step IT, cette accélération va aggraver la quantité de déchets électroniques à courts et moyens termes.
Selon l’étude « The State of Business IT 2020 » de BNP Paribas 3 Step IT, plus de la moitié des stratégies informatiques incluent le travail à domicile comme objectif clé, et 51 % des entreprises françaises prévoient de permettre à leurs collaborateurs de continuer à travailler à distance. Et ce changement de paradigme dans le travail pourrait avoir des conséquences non négligeables sur l’empreinte écologique du numérique.
Selon l’étude, 83% des entreprises françaises ont acheté du matériel supplémentaire pour assurer la continuité de leurs activités, et 67% des entreprises s’attendent à voir leur budget IT augmenter au cours des douze prochains mois (les priorités allant à l’achat de nouveaux ordinateurs portables pour 52% des responsables européens, de nouveaux logiciels pour 35% des répondants, de nouveaux services Cloud pour 26% des personnes interrogées).
On le sait, l’empreinte du numérique n’est pas tant du côté des datacenters que du côté des terminaux (ordinateurs portables et smartphones) notamment en raison de l’impact de la fabrication de leurs écrans et de l’impact de transport de ces machines de l’usine au point de vente. S’y ajoute bien sûr l’impact sur l’écologie de la volumétrie des déchets numériques représentés à terme par tous ces appareils. Aujourd’hui, 53,6 mégatonnes de déchets électroniques sont générés chaque année (ce qui équivaut à jeter 1 000 ordinateurs portables par seconde selon l’étude).
L’étude montre que 35% des ordinateurs fixes de bureau en France (29% en Europe) vont devenir obsolète au cours de l’année prochaine suite à l’accélération de l’adoption du télétravail. Les entreprises abandonnant leurs PC fixes au profit d’appareils mobiles (cf l’interview de Nicolas Petroussenko d’Okta, « Bien plus que le télétravail, travailler de n’importe où est le véritable nouveau paradigme… »).
L’étude montre toutefois que la France est loin d’être le pays le moins investi sur ces problématiques. Bien au contraire. L’étude note par exemple qu’ « il existe des différences notables dans les attitudes à l’égard des déchets électroniques en Europe : seulement 6% des entreprises françaises se débarrasseraient de leurs équipements informatiques, contre 10% des entreprises allemandes et 18% des entreprises danoises adoptant cette approche ». De même, 46% des entreprises françaises interrogées essayent de mesurer leur empreinte IT ce qui place la France en 3ème position européenne derrière la Norvège (62%) et la Suède (50%), largement devant le Danemark (38%), la Finlande (37%) et l’Allemagne (27%).
Cependant de gros progrès restent à faire dans le recyclage de ces matériels IT obsolètes (ou jugés comme tels par les entreprises). Parmi les entreprises françaises sondées, 33% ont admis ne pas savoir où leurs déchets électroniques finissaient, et 39% comptent continuer de stocker d’anciens équipements inutilisés. Ces chiffres suggèrent que les appareils abandonnés pendant la pandémie ne feront que s’ajouter à des niveaux de pollution électronique grandissants.
Pour les aider à faire face à la situation, près des deux tiers (63 %) des décideurs informatiques estiment que les gouvernements devraient aider les entreprises à disposer de l’informatique de manière durable.
Si l’étude se focalise essentiellement sur les équipements informatiques, elle rappelle également que la pandémie a également un impact significatif sur le renouvellement des smartphones, les ventes d’imprimantes (les foyers se sont rééquipés durant le confinement ne serait-ce que pour imprimer les autorisations de déplacement) et sur les ventes de cartouches d’impression et autres toners. Autant de produits informatiques dont l’empreinte numérique est très loin d’être négligeable.