Microsoft Research est l’un des rares laboratoires de recherche à baser sa stratégie quantique sur les fermions de Majorana… L’infirmation d’une étude de 2018 jette un froid sur ses recherches mais d’autres études maintiennent l’espoir !
Depuis 2004, Microsoft Research cherche à développer un ordinateur quantique en s’appuyant sur des Qubits topographiques basés sur les fermions de Majorana (Bell Labs travaille également sur les qubits topographiques mais en s’appuyant sur des Anyons non-Abelian). Ces particules quantiques n’ont une existence que théorique (une hypothèse qui remonte aux travaux de Errore Majorana datant de 1937).
On pensait que des chercheurs de l’université technologique de Delft, dont les travaux étaient en partie financés par Microsoft, les avaient observés en 2018, mais l’interprétation des résultats se révèle finalement au mieux fausse, au pire trafiquée.
Deux chercheurs néerlandais ont en effet demandé les données brutes de l’expérimentation et ont découvert qu’un certain nombre d’informations non prises en compte par les chercheurs en 2018 contredisaient les résultats publiés. Les résultats de cette nouvelle étude viennent d’être publiés et invalident donc les « découvertes » de 2018.
Ce n’est pas totalement une surprise. Plusieurs chercheurs avaient déjà émis des doutes sur l’étude de 2018 et lancé de nouvelles pistes de recherche radicalement différente pour démontrer l’existence des fermions de Majorana. Mais la nouvelle jette un froid dans l’univers de la recherche quantique et sur les prétentions quantiques de Microsoft. L’éditeur est d’ailleurs terriblement silencieux depuis 2019 sur l’avancée de son ordinateur quantique.
Toutefois, les recherches ne sont pas au point mort. Bien au contraire.
Microsoft Research a récemment dévoilé son chip Gooseberry, un contrôleur cryogénique permettant de piloter des milliers de Qubits afin d’éliminer la multiplicité des câbles que l’on a sur les machines quantiques actuelles. Une annonce qui démontre que l’éditeur continue d’investir dans la création d’un ordinateur quantique maison et poursuit ses recherches et explorations.
Surtout, les physiciens du MIT ont en avril 2020 affirmé avoir observé les fermions de Majorana sur une surface en or, un métal certes rare mais connu et maîtrisé. L’expérience doit être confirmée par d’autres chercheurs mais constitue une nouvelle voie de recherche qui pourrait bien relancer les travaux de Microsoft.
Il faudra probablement encore de nombreuses années avant de transformer ces observations en qubits utilisables mais la piste des qubits topologiques est quand même relancée.
Toutefois Microsoft ne met pas tous ses œufs dans un même panier et semble aujourd’hui plus investi dans les services quantiques que dans la création de matériels quantiques. L’éditeur vient d’ouvrir à toutes les entreprises, développeurs et chercheurs son service Azure Quantum qui propose différents environnements de développement quantique et donne accès à des émulateurs mais également à de vraies machines quantiques produites par Honeywell, IonQ, ou QCI.