Grande opération de promotion lancée par Axelle Lemaire pour transformer une technologie disponible et mature et un usage courant et répandu.

Nous utilisons les cartes sans contact depuis bien longtemps déjà, sans même parfois en avoir conscience : cartes de transport de nombreuses villes tel le Pass Navigo, passeports biométriques, badges d’accès dans les entreprises ou les lieux sécurisés… Le paiement sans contact aurait donc dû suivre le mouvement. Et pourtant, la réalité est tout autre. Le paiement sans contact reste très peu utilisé en France. Qu’on en juge : 11 millions de transactions pour un montant de 120 M€ en 2014, une goutte d’eau dans un océan d’opérations. Le produit le plus fréquemment acheté avec ce type de paiement est le pain avec 15 % des transactions. La statistique ne dit pas si le client qui l’utilise porte un béret !

Le paiement par cartes est disponible sur 30 millions des 67 millions de cartes bancaires en circulation. Et d’ici à la fin 2016, toutes seront équipées de la petite antenne nécessaire à la réalisation de la transaction baptisé « poser c’est payé » par le GIE Cartes Bancaires dans le cadre de sa campagne publicitaire. Du côté des commerces, 20 % d’entre eux sont équipés, un chiffre en progression assez rapide qui doit permettre d’atteindre les 100 % d’ici 2020. Bref, toutes les conditions sont réunies pour que l’essai du paiement sans contact soit transformé.

« La première révolution des modes de paiements est arrivée en 1995 avec la norme EMV » (voir encadré ci-dessous) explique Olivier Piou, DG de Gemalto et chef de file du plan Services sans contact des 34 plans industriels dont le paiement est une des dimensions. « Avec le paiement sans contact grâce à la technologie NFC (Near Field Communications), nous abordons la deuxième révolution, avec la carte bancaire et le mobile ». Comment expliquer qu’une technologie qui facilite la vie quotidienne prenne autant de temps pour être acceptée ? « Etonnant reconnait Philippe Joguet, représentant de la FCD (Fédération des entreprises du commerce et de la distribution), mais c’est souvent le cas pour les nouvelles technologies, c’est le problème classique du changement d’habitude ».

Europay Mastercard Visa (EMV) est depuis 1995 le standard international de sécurité des cartes de paiement (cartes à puce). Il tire son nom des organismes fondateurs :
– Europay International (absorbé par Mastercard en 2002) ;
– MasterCard International ;
– Visa International ;
Parmi les principales caractéristiques :
– interopérabilité internationale (quel que soit l’émetteur de la carte et quel que soit le terminal de paiement)
– vérification et chiffrement de la clé personnelle par la puce
– gestion plus ouverte de plusieurs applications sur la carte : débit/crédit, points de fidélité, porte-monnaie électronique, Authentification forte

Depuis une trentaine d’années, les Français sont habitués à taper le code ce qui leur donne – à juste titre – le sentiment de sécuriser leur transaction. De fait, le taux de fraude lié à la carte bancaire lié à la carte bancaire dans les magasins n’est que de 0,014 % des montants réglés. « La carte sans contact offre le même niveau de sécurité que la carte traditionnelle », affirme Olivier Piou. Pour sécuriser les transactions par cartes bancaires qu’elles soient sans contact ou avec contact, le terminal de paiement met en œuvre des mécanismes qui permettent d’authentifier la carte avant que le paiement ne s’effectue. De son côté, la carte va « signer » la transaction avec une clé secrète permettant ainsi à la banque d’authentifier la transaction.

« Les craintes qu’un voisin malveillant puisse « pomper à distance » les données sur la carte sont totalement infondées, poursuit-il. Les tests montrent qu’il faudrait se situer physiquement à 3 ou 4 cm de la carte ce qui est difficilement envisageable dans des conditions de la vie de tous les jours ». Les seules données qui seraient aspirées sont le numéro à 16 chiffres et la date d’expiration. Manque le fameux cryptographe demandé dans la quasi-totalité des transactions en ligne. Les promoteurs de la carte sans paiement réunis autour d’Axelle Lemaire dans cette opération de promotion explique même que cette carte offre l’avantage par rapport aux espèces de faire l’objet d’un remboursement par les bancaires en cas de transaction frauduleuse. Bref, tout en offrant le même niveau de sécurité, la carte bancaire sans contact est plus simple d’utilisation, expliquent-ils de concert.

La France qui a été pionnier dans la carte à puce – une invention française[1] – « est aussi leader en matière de paiement par ce type de moyen », rappelle Bruno De Laage, président du conseil de direction du GIE Cartes Bancaires avec plus de la moitié des transactions dans les commerces. Autour de ce paiement, se prépare une rude bataille entre les acteurs traditionnels au premier rang desquels on trouve naturellement les banques et de nouveaux acteurs dont nombre se recrutent les géants du Net, Google et Apple en tête avec leurs systèmes de portefeuille électronique. Ces nouveaux acteurs entendent bien s’imposer sur la chaîne de valeur du paiement et en retire une partie importante.

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« Depuis plus de 10 ans, des expérimentations diverses ont tenté de transférer ces fonctionnalités sur des mobiles. Sans parvenir à surmonter les divergences avec le monde des télécommunications, de la banque et celui du commerce, ces initiatives sont restées morcelées. Malgré quelques rapprochements récents, aucune n’a atteint la taille critique au moment où Google, Apple et Amazon et d’autres mettent sur le marché des solutions industrielles de paiement électronique, et se lancent dans une bataille de titans avec le pionnier du secteur, l’américain PayPal », nous rappelle le rapport Lemoine qui accorde ses faveurs au paiement anonyme sécurisé fondé sur la technologie des blockchains.

Nous sommes entrés dans cette bataille et la France à des armes pour une stratégie offensive en organisant au mieux la phase du paiement par carte sans contact et en préparant l’étape suivante, celle du mobile. Il existe une cinquantaine de modèles compatibles NFC et tous opérateurs confondus, on compte actuellement en plus de 7 millions de processeurs de mobiles NFC. Aujourd’hui, quatre banques proposent le paiement sur mobile. « Au-delà des usages qui doivent tirer les technologies, considère Axelle Lemaire, il faut mettre en place une stratégie d’écosystème réunissant tous les acteurs y compris les startups qui développeront de nouveaux services ». Dans cet écosystème, on trouve l’Etat et les collectivités territoriales, les banques, les industriels, les opérateurs télécoms… « Les collectivités territoriales doivent favoriser le mouvement en développant des services autour du paiement sans contact pour atteindre une taille critique », explique Catherine Trautmann, vice-présidente de la Communauté urbaine de Strasbourg, leader en France dans l’utilisation du paiement sans contact. Un des avantages du paiement sur mobile est qu’il permet aux commerces de proximité de bénéficier des mêmes atouts que les grands de la distribution pour valoriser la relation client. C’est ce que Strasbourg Euro métropole a essayé de mettre en œuvre en les associant en priorité.

« La France a tous les atouts pour gagner cette bataille, concluait Axelle Lemaire, avec des technologies ouvertes et interopérables face aux solutions propriétaires des GAFA ».

Les campagnes publicitaires du GIE Cartes Bancaires

 

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[1]
Le premier brevet concernant un dispositif de type carte à puce (mémoire sécurisée) est déposé le 25 mars 1974 par le Français Roland Moreno, qui, par la suite, pour exploiter ce brevet, transforme en SARL la SA Innovatron, elle-même issue d’une association loi 1901 homonyme née en 1972.