À eux quatre, les GAFA ont réalisé un chiffre d’affaires cumulé de 433 milliards de dollars et un bénéfice net de 74 mds$. Google est devenu la plus grande capitalisation boursière en détrônant Apple, un autre membre de ce club des géants de l’Internet.
Le GAFA représente aujourd’hui une capitalisation cumulée de 1650 milliards de dollars. Un chiffre qu’il faut comparer à un autre pour en comprendre sa signification, son importance. La capitalisation du CAC40 – qui regroupe 40 très grandes entreprises françaises – est de l’ordre de 1170 Md€ soit 1275 milliards de dollars. La puissance de ce groupe des GAFA ne semble pas connaître de limites.
En publiant ses comptes en début de semaine, Google, ou plutôt Alphabet, a dépassé les attentes des marchés. Du coup l’action a subi un coup de fouet propulsant la firme au premier rang des capitalisations boursières, devant Apple : 555 milliards de dollars contre 534 milliards pour la firme à la pomme (les chiffres se sont un peu tassés depuis). Ce qui pourrait lorsqu’on compare les chiffres d’affaires respectifs des deux entreprises : 75 milliards de dollars pour Google, 233 milliards pour Apple. Et le rapport entre les bénéfices nets est à peu près du même ordre de grandeur : 16 milliards pour Google, 53 milliards pour Apple.
Mais on le sait, la valorisation des entreprises est principalement basé sur les revenus futurs et les anticipations sur l’avenir. De ce point de vue, l’arbre Google n’en finit plus de pousser. Tous les clignotants sont au vert – recherche sur Internet, YouTube, Android, Chrome, et le mobile – même si le taux de croissance ralentit quelque peu : 14 % seulement en 2015. Mais cela représente près de 9 milliards de dollars en plus au compteur. Le service de messagerie Gmail a dépassé le milliard d’utilisateurs rejoignant six autres services ayant connu la même fortune : Recherche, Android, Maps, Chrome, YouTube et Google Play. Le service de réponse automatisé Inbox lancé en novembre dernier représenterait près de 10 % des réponses aux mails effectuées depuis un mobile.
Pour la première fois, Alphabet a publié les résultats de toutes ses activités « moonshot » qu’elle classe dans la catégorie « Other Bets ». Celle-ci est un rassemblement assez hétéroclite allant de la santé (Calico) aux voitures autonomes (Google X) en passant par la domotique (Nest), les drones, l’intelligence artificielle (un programme développé par une équipe de Google a battu le champion d’Europe de Go : L’ordinateur bat le champion d’Europe du jeu de Go)… ont cumulé 3,57 milliards de pertes pour un chiffre d’affaires de 450 M$. Ces investissements sont incontestablement des paris sur l’avenir dont la concrétisation est tout sauf assurée.
De son côté, Apple a certes réalisé le meilleur trimestre (L’exercice d’Apple est clos fin septembre) de toute son histoire mais a prévenu les marchés que, pour la première fois, au prochain trimestre. Les marchés n’aiment pas ce genre d’informations sachant qu’ils préfèrent néanmoins être prévenus. Le problème est que le chiffre d’affaires d’Apple est de plus en plus dépendant des ventes de l’iPhone (plus de 60 % au premier trimestre de l’exercice 2016).
Sachant que la Chine est un très important débouché pour ce produit. Or la Chine connaît un sérieux ralentissement de son activité économique. Par ailleurs, les marchés de smartphones commencent à être un peu saturés, on est en train de passer d’un marché d’équipement et de croissance à un marché de remplacement. Et même si Apple pour fortement dans cette direction, on ne change pas de smartphones comme on change de chemise. Et il est peu probable que l’iPhone 7, qui devrait vraisemblablement être présenté en septembre prochain, change fortement la donne. Et les autres produits d’Apple sont loin de prendre le relais : L’iPod qui a été le premier produit de la révolution Apple a disparu des radars, les ventes de Mac se tassent, celles de l’iPad aussi, et l’Apple Watch est reléguée au rang des gadgets et sera certainement pas la nouvelle vache à lait. Quant aux services, via l’Apple Store, ils sont désormais substantiels (plus de 6 milliards de dollars au 1er trimestre 2016) mais ne suffiront pas à alimenter la machine à cash.
Amazon a bien dépassé la barre des 100 milliards de dollars (Amazon au-delà des 100 milliards $ de CA) et réalisé des bénéfices mais elle s’apparente plus à une société de distribution qu’une société d’Internet. Même après 20 ans d’existence, ses marges sont réduites. Depuis l’an 2000, ses bénéfices cumulés ne sont que de 3 milliards de dollars contre 233 milliards pour Apple et 92 milliards pour Google. L’activité cloud de sa division AWS est en forte croissance et a dopé le chiffre d’affaires. AWS a enregistré 2,4 milliards de dollars de revenus pour un bénéfice opérationnel de 687 millions de dollars, soit une marge de 29%. Un an plus tôt, le chiffre d’affaires était de 1,4 milliard de dollars et la case bénéfice opérationnel affichait 240 millions de dollars, ce qui représente une marge de 17%. La progression est donc notable.
Face à ce succès insolent, les GAFA poursuivent leurs démarches d’optimisation fiscale ce qui leur vaut d’être scrutées par les institutions européennes. Apple pourrait se voir réclamer 8 milliards d’arriérés d’impôts en Europe révèle Bloomberg. La plus grande entreprise mondiale fait en effet l’objet d’une enquête minutieuse de la part de la Commission européenne qui l’accuse d’utiliser ses filiales en Irlande pour éviter de payer des taxes sur ses activités en dehors des Etats-Unis (Apple pourrait se voir infliger 8 milliards d’arriérés d’impôts par Bruxelles). Google est aussi sous le collimateur de l’Europe mais on sait que ces affaires avancent tout doucement (Google toujours empêtré dans les tribunaux européens). Les Etats-Unis aussi sont confrontés à ce même problème. Par exemple, Google préfère emprunter sur les marchés plutôt que de rapatrier du cash amassé offshore ce qui l’amènerait à être taxé. Bref, même les riches n’aiment pas payer les impôts.