Après les résultats de Microsoft, Google et Facebook, se sont ceux d’Apple et d’Amazon qui sont tombés en fin de semaine dernière. La conclusion à tirer de ce premier trimestre 2020, premier trimestre de la pandémie, c’est que les GAFAM se sont montrées plutôt résilientes à la crise.

On s’en doutait mais preuve en est donnée : par temps de crise, les GAFAM ne sont pas des colosses aux pieds d’argile mais bien des géants aux reins solides.

À en juger par leurs résultats financiers, la pandémie n’a que peu affecté leurs rentrées financières et à en juger par le nombre de projets, d’annonces, de nouveaux produits et de développements, la pandémie affecte également relativement peu leur capacité à travailler, produire et innover. Le numérique est, bien sûr, plus perméable au coronavirus que les enseignes de la distribution, les commerçants ou l’industrie des voyages.

Apple en est un bel exemple. Dès la fin février, la marque à la pomme avait averti les marchés qu’en raison de la pandémie elle n’atteindrait pas ses objectifs. Et l’entreprise a vu fermer tous ces Apple Store un peu partout sur la planète. Pourtant, l’entreprise affiche un chiffre d’affaires au premier trimestre 2020 (son second trimestre fiscal) de 53,3 milliards de dollars en croissance de 1% (sur le même trimestre 2019) pour un bénéfice net stable de 11,2 milliards de dollars.
La croissance est infime certes, mais elle est là, portée par des ventes records sur les services (qui s’élèvent à plus de 13 milliards de dollars) ainsi que sur les « wearables, Apple TV et accessoires » (6,2 milliards de dollars). Les ventes d’iPhone ont rapporté près de 29 milliards de dollars sur le trimestre, celles des Mac 5,3 milliards de dollars et celles des iPad 4,3 milliards de dollars.

Amazon aussi affiche une belle santé. Son chiffre d’affaires au premier trimestre s’élève à 75,5 milliards de dollars (en croissance de 26% par rapport au premier trimestre 2019) pour un bénéfice net de 4 milliards de dollars. Les résultats sont portés par une augmentation de 28% des abonnements à ses services (Prime, Prime Video, Prime Music, etc.) mais également par une croissance de 33% de sa division cloud AWS qui pour la première fois affiche un CA trimestriel supérieur à 10 milliards de dollars ! Si Amazon s’attend à un second trimestre assez similaire au premier en termes de CA, l’entreprise a prévenu ses actionnaires qu’elle allait réinvestir tous ses bénéfices dans la protection des salariés. Face à la gronde de certains ouvriers aux USA (même si l’entreprise a aussi créé 175 000 nouveaux emplois ces 4 dernières semaines aux US) et celles des syndicats en France, Amazon annonce que 4 milliards de dollars seront investis dans la sécurisation des entrepôts. L’entreprise avait déjà 100 millions de masques, 1000 caméras thermiques et 31000 thermomètres pour lutter contre la dissémination du virus dans ces entrepôts. Elle va aller plus loin et repenser les circuits et réaménager les entrées pour s’assurer d’une totale distanciation sociale quitte à ce que les processus soient moins efficients. L’entreprise a besoin de redorer son image en France comme aux USA. Cet investissement financier à court terme est un investissement à long terme pour son image auprès de ses utilisateurs.

Comme nous l’expliquions dans notre article « Google et Microsoft résistent mieux que prévu à la crise », les deux géants de la Tech ont eux aussi annoncé des résultats supérieurs aux attentes des économistes.
Microsoft a affiché un chiffre d’affaires de 35,02 milliards de dollars en hausse de 15% (par rapport au premier trimestre 2019) pour un bénéfice net de 10,75 milliards de dollars. La division Surface a été moins impactée que le constructeur ne le craignait, Office 365 s’est révélé (avec son Teams) une brique de continuité d’activité pour toutes les entreprises, et le cloud Azure a progressé de 59% par rapport au 1er trimestre 2019.

Alphabet (maison mère de Google) a annoncé un chiffre d’affaires au premier trimestre 2020 de 41 milliards de dollars (en augmentation de 13% par rapport au même trimestre 2019) pour un bénéfice net de 6,8 milliards de dollars. Des bons résultats portés par les deux premiers mois de l’année qui ont sauvé un marché de la publicité en ligne (qui représente 82% du CA de Google) très malmené en mars. Et si Google Cloud affiche une croissance de 52%, Alphabet n’a pas caché son inquiétude pour le prochain trimestre en raison d’un marché de la publicité qui s’annonce plus difficile au second trimestre.

De son côté Facebook affiche un CA en croissance de 18% à 17,74 milliards de dollars sur le premier trimestre pour des bénéfices nets de 1,71 milliard de dollars.

Bref, les empires de la Tech résistent bien à la crise de par leur taille, de par leur ancrage dans les technologies numériques mais aussi de par le fait que leurs services sont abondamment utilisés par les entreprises pour assurer leur continuité d’activité. Tout au moins jusqu’ici. Le second trimestre sera peut-être une histoire différente. Le déconfinement est encore marqué par de nombreuses inconnues, et le redémarrage de leurs entreprises clientes sera peut-être difficile et compliqué. À ces empires maintenant de démontrer qu’ils savent aussi se montrer solidaires des startups et petites entreprises en difficulté.