L’annonce du lancement du service « Azure Quantum » en novembre dernier avait permis de découvrir qu’Honeywell travaillait sur un ordinateur quantique. Une information officialisée en mars dernier dans un billet de blog du constructeur américain qui affirmait avoir développé « le plus puissant ordinateur quantique au monde » et annonçait sa disponibilité mi-2020 via le service quantique de Microsoft.
Promesse tenue puisque l’on apprend cette semaine que son ordinateur quantique est une réalité et qu’il est désormais accessible via le cloud de Microsoft. Offrant un Volume Quantique de 64 (et non 64 qubits comme on a pu le lire ici et là, le processeur quantique d’Honeywell ne possède que 6 qubits), la machine se présente sous la forme d’une sphère en acier inoxydable, de la taille d’un ballon de basket, avec des portails pour permettre à la lumière laser porteuse de données et instructions de s’y infiltrer. Au sein de cette sphère, l’air a été pompé de telle sorte qu’il y règne un vide contenant cinq fois moins de particules que l’espace. La chambre sphérique est cryogéniquement refroidie avec de l’hélium liquide pour ramener la température de la puce à ions piégés à 10 degrés au-dessus du zéro absolu (environ -441 degrés Fahrenheit soit -262,7° C). Au cœur de celle-ci, des champs électriques font « léviter » des atomes individuels de 0,1 mm au-dessus d’un piège ionique, une puce de silicium couverte d’or de la taille d’une pièce de 50 centimes d’euro. Des lasers sont projetés sur ces atomes chargés positivement afin d’effectuer des opérations quantiques.
Rappelons que le Volume Quantique est un indice inventé par IBM pour donner une notion comparative à l’informatique quantique. Un Volume Quantique combine le nombre de qubits, le temps de décohérence, le taux d’erreur, le niveau de parallélisation des portes quantiques, la connectivité entre les qubits… Car pour IBM, le simple nombre de Qubits ne reflète pas la performance réelle de l’ordinateur. Ainsi, la dernière machine quantique d’IBM, Raleigh, avec ses 28 qubits supraconducteurs est mesurée à un Volume Quantique de 32. L’ordinateur de Honeywell est donc deux fois plus performant, en théorie, malgré un nombre bien inférieur de qubits. En pratique, la technologie de qubits à ions piégés est réputée plus stable et moins sensible aux erreurs que les qubits supraconducteurs. Et celle d’Honeywell, dénommée « Nature Qubit » (et plus techniquement Trapped-Ion QCCD), serait parmi les plus stables. Ce qui lui permet effectivement d’atteindre un Volume Quantique de 64 avec seulement 6 qubits !
Quoiqu’il en soit, les entreprises qui ont obtenu un accès au service Azure Quantum peuvent désormais faire tourner leurs programmes quantiques écrits en Q# sur cette nouvelle machine et expérimenter ainsi leurs algorithmes radicalement différents de ceux de l’informatique binaire classique.