Les GPU de Nvidia restent le moteur des grandes innovations IA. Mais tous les acteurs majeurs essayent aujourd’hui de s’affranchir de cette domination monopolistique en élaborant leurs propres accélérateurs maison. Après Google, Microsoft et AWS, OpenAI développe sa propre puce IA « maison ».
Selon Reuters, OpenAI se rapprocherait d’une étape décisive dans sa quête d’autonomie technologique avec la finalisation de la conception de sa première puce accélératrice d’IA. L’objectif affiché : réduire sa dépendance aux puces Nvidia, renforcer son pouvoir de négociation auprès des fournisseurs, et décupler ses capacités d’inférences et d’apprentissage.
Selon les sources de Reuters, la jeune pousse américaine est sur le point d’entamer l’étape dite de « tape-out », phase préalable à la fabrication, en envoyant sa conception à TSMC. Cette opération peut coûter plusieurs dizaines de millions de dollars et s’étendre sur environ six mois.
Selon les informations qui ont fuité, ce processeur IA sera gravé en 3 nanomètres, adopte une architecture en matrice systolique et intègre une mémoire à haute bande passante, des caractéristiques similaires à celles des accélérateurs Nvidia actuels. Conçu pour à la fois entraîner et exécuter des modèles d’IA, cet accélérateur devrait initialement être déployé au sein des infrastructures d’OpenAI chez Oracle Cloud (dans le cadre du projet Stargate ?) et probablement aussi chez Azure.
Une équipe restreinte, un impact stratégique majeur
Dirigée par Richard Ho, ancien responsable des projets de puces IA chez Google, l’équipe dédiée, qui a rapidement atteint une quarantaine d’experts, collabore étroitement avec Broadcom. Malgré des moyens bien plus modestes que ceux déployés par certains géants technologiques, OpenAI ambitionne de lancer une première version qui pourrait servir de tremplin vers des générations de processeurs toujours plus performants. Les coûts de développement d’un tel circuit peuvent avoisiner les 500 millions de dollars, une somme qui risque de doubler une fois intégrées les solutions logicielles et périphériques nécessaires.
Si le premier tape-out se révèle concluant, la production en série est envisagée dès 2026. Ce projet survient dans un contexte de forte demande en capacités de calcul, portée par la montée des modèles d’IA générative, et alors que des acteurs comme Microsoft, Google, AWS et Meta investissent massivement dans leurs infrastructures. Pour OpenAI, le développement de ce processeur interne représente non seulement un moyen de diversifier ses approvisionnements dans un marché dominé à 80 % par Nvidia, mais se veut aussi une réponse stratégique à la concurrence croissante et aux enjeux de performance dans l’IA.
Pendant ce temps-là, Musk essaye de s’emparer d’OpenAI
Parallèlement, Elon Musk continue de persécuter la startup qu’il a pourtant cofondée en 2018 et cherche toujours à bloquer la transformation d’OpenAI en entreprise à but lucratif. Soutenu par un groupe d’investisseurs incluant entre autres xAI, Valor Equity Partners et Ari Emanuel, Elon Musk a formulé une offre de rachat d’OpenAI pour 97,4 milliards de dollars. Sam Altman, PDG d’OpenAI, a immédiatement rejeté l’offre au travers d’un message publié sur X, répondant simplement « No thank you », tout en proposant, en retour et ironiquement, d’acheter la plateforme X pour 9,74 milliards de dollars, « si tu le veux ».
Pour rappel, après le dernier tour de table de septembre dernier, OpenAI est valorisé à plus de 150 milliards de dollars. Par ailleurs, la startup préparerait une nouvelle méga levée de fonds (d’au moins 25 milliards de dollars) ou une IPO, les deux scénarios étant encore sur la table.
Bref, les relations entre Elon Musk et Sam Altman semblent toujours aussi tendues. On notera d’ailleurs que, lors d’une récente audience en Californie, un juge fédéral a minimisé les arguments de Musk qui affirmait subir des dommages « irréparables » si la transformation en entreprise à but lucratif se poursuivait, tout en laissant néanmoins la possibilité au milliardaire de faire valoir ses autres arguments lors d’un futur procès. En attendant, Sam Altman continue ses efforts pour finaliser la séparation de la branche non lucrative d’OpenAI, probablement un préalable à toute IPO ou nouvelle levée de fonds. Cependant, face aux divers obstacles juridiques et aux divergences sur la valorisation de l’entité, nombreux sont ceux qui ne voient pas se concrétiser cette transformation avant 2026…