Cloud multiple, Edge Computing & Integration sont maintenant les points d’appuis de l’OpenStack Foundation qui cherche désormais à établir une vision plus lisible à terme, moins centrée sur les détails techniques des nombreux et différents projets portés par le très large écosystème de développeurs.

L’OpenStack Summit qui s’est déroulé la semaine dernière à Sydney (Openstack accélère sa croissance dans le cloud) exposait le net succès de cette plateforme de cloud basée sur un principe d’Open Source, lancée il y a 7 ans alors que le monde découvrait à peine ce nouveau type d’architecture poussée par Amazon et quelques opérateurs.

La plateforme aborde donc un tournant important dans son développement, et cherche à capitaliser sur ses nombreux acquis et de nouveaux utilisateurs pour répondre plus clairement à des impératifs business très variés des utilisateurs existants et futurs….

OpenStack approcherait $7Mds de chiffre d’affaire en 2021

Pour Jonathan Bryce, Directeur Exécutif de l’OpenStack Foundation, l’arrivé de Tencent dans le club des « Golden Sponsor » représente une grande satisfaction, mais aussi une assurance sur le futur de la communauté. « Le rythme soutenu des nouveaux déploiements et l’apport financier supplémentaire que représente Tencent pour la Fondation, ajouté au poids de ses 950 millions d’utilisateurs, nous permet de voir le futur plus sereinement, précisait-il. Nous avons maintenant un nombre significatif de poids lourds parmi nos supports actifs, ce qui nous aidera à poursuivre et améliorer ce succès. Nous avons aussi constaté que les nouveaux utilisateurs sont beaucoup plus impliqués dans nos projets et participent plus activement dans les comités qui en assurent la gestion. C’est très encourageant car plusieurs initiatives mises en place cette année ont pour objectif d’améliorer l’expérience utilisateur. »

Des enquêtes conduites par SUSE, cloudify, SDxCentral et Heavy Reading, conjointement à l’enquête utilisateurs menée 2 fois par an par l’OpenStack Foundation confirment les différents aspects du succès de la plateforme. Ces études dévoilent un certain nombre de tendances dans les utilisations, tendances que les responsables de l’OpenStack Foundation vont devoir prendre en compte pour préciser une stratégie centrée sur les aspects techniques de tel ou tel projet mais plus sur les avantages qu’ils apportent aux utilisateurs pour résoudre leurs besoins et préoccupations dans leurs activités quotidiennes.

Selon une étude de 451 Research, l’approche open source multiforme offerte par la plateforme OpenStack affiche maintenant une présence significative dans le développement des différentes formes de cloud dans les entreprises puisque que le chiffre d’affaire réalisé directement lié à des applications OpenStack connaitra une croissance de 30% par an jusqu’en 2021, pour approcher les 7 milliards de dollars de chiffre d’affaire à cette date. Cette croissance montre aussi une plus forte appétence des utilisateurs pour le cloud privé au détriment du cloud public, au point que les revenus des opérateurs basés sur un OpenStack privé dépasseront plus vite que prévu les revenus des opérateurs OpenStack publics.

Les entreprises se dirigent plus largement vers des infrastructures de cloud hybride (où une partie des données reste sur l’infrastructure traditionnelle de l’entreprise) ou alors vers du multi-cloud où l’entreprise utilise plusieurs clouds, privés ou publics. L’un des facteurs important de l’accélération des déploiements et de la diversification auprès de nouveaux segments (comme la Finance, passée de 18 à 45 déploiements en un an) a été l’effort réalisé par L’OSF et les développeurs de la communauté pour résoudre les challenges liés à l’installation et les mises à jour. Ceci conduit OpenStack à fonctionner comme une plateforme intégrée et suivie plutôt que comme un assemblage de logiciels ouverts plus ou moins hétérogènes, utilisés surtout pour des projets test, demandant à être mis en œuvre et supportés par des équipes très spécialisées. Elle est vue maintenant comme étant mieux capable de supporter des charges de travail critiques, en production.

Beaucoup d’utilisateurs d’OpenStack, plutôt que de télécharger et installer la version en ligne, font appel maintenant à une distribution plus ou moins enrichie et packagée de la plateforme, supportée par un vendeur qui apporte du support pour la mise en place et le fonctionnement dans l’entreprise. Les principaux fournisseurs d’OpenStack sont aujourd’hui les principaux revendeurs de Linux, Red Hat, SUSE, Canonical.

Enfin, comme cela est apparu clairement au cours du Summit de Sydney, 451 Research constate aussi une vive accélération des déploiements OpenStack en Chine, plus particulièrement sous l’influence du Ministère de l’Industrie de des Technologies de l’Information, et en Asie-Pacifique. Il y a maintenant plus de 25 opérateurs de Public cloud qui utilisent OpenStack, ils sont présents dans 60 data centers répartis dans le monde entier (14 data centers en Amérique du Nord, 31 en Europe, 4 en Amérique Latine, 3 en Asie, etc.). L’activité principale de ces cloud Public OpenStack est d’assurer la souveraineté des données, de répondre à des demandes sectorielles et de permettre des solutions hybrides. OVH est le dernier avoir élargi son périmètre OpenStack. Il était précédé par City Network et Telefónica. Fujitsu a annoncé qu’il a 16 cloud publics accessibles dans différentes régions du monde.

Le Multi-cloud et les Containers se développent rapidement

Les enquêtes réalisées montrent une nette évolution dans la manière d’aborder OpenStack et de l’utiliser. Le multi-cloud semble maintenant s’imposer comme le mode d’utilisation le plus fréquent puisque 48% des utilisateurs interrogés dans l’enquête utilisateurs de l’OSF citent cette approche multi-cloud où un cloud interagit avec un autre cloud, ou plusieurs autres. Cette architecture se distingue du cloud Hybride qui consiste à utiliser un cloud en même temps que des ressources basées sur l’infrastructure interne de la société. Un multi-cloud peut être, par exemple basé uniquement, sur l’utilisation de plusieurs clouds publics.

L’enquête de cloudify faite auprès de 700 utilisateurs révèle que le deuxième multi-cloud le plus souvent utilisée par ces entreprises est un couple AWS avec un cloud OpenStack.

Les containers et les micro-services ont été au centre des discussions tout au long du Summit de Sydney, certains posant la question de la coexistence avec OpenStack. Les containers sont des applications isolées prêtes à l’usage qui contiennent tous les éléments de services (OS, file system, drivers etc..) dont elles ont besoin pour fonctionner. L’image d’un container est facilement portable sur n’importe quelle plateforme Linux. Dans des environnements complexes où plusieurs containers peuvent agir simultanément dans les data center, il est nécessaire de faire appel à un « orchestrateur » qui facilite le management des containers et apporte la scalabilité et l’organisation nécessaire à de larges déploiements. Aujourd’hui, l’orchestrateur le plus utilisé est Kubernetes, développé par Google.

OpenStack a principalement trois approches pour faire fonctionner des containers :  – directement sur Nova, le composant OpenStack permettant le provisionning et l’accès à la demande de « compute resources » (instances) dans un cloud, qui gère les plus récents containers développés par des tierces parties ; – utiliser le projet Magnum, un service d’API qui supporte les orchestrateurs Docker Swarn, Kubernetes et Apache Mesos dans OpenStack et offre la possibilité d’implémentations multi-tenant ; – utiliser le projet Zun qui est un service de gestion de containers pour OpenStack qui permet de lancer et gérer des containers de différentes origines. L’enquête de 451 Research remarque que les containers et les gestionnaires de containers sont en plein développement et participent avec OpenStack à la mise en production de nouveaux développements.

Edge computing (MEC), le cloud massivement distribué avec OpenStack

Pouvoir mettre le cloud dans une boite « the cloud in a box » est l’ambition des responsables de l’opérateur téléphonique Verizon et d’autres opérateurs de cloud. L’objectif est de pousser et de combiner à la périphérie logique du réseau un ensemble de ressources (applications, données, puissance de calcul) pour permettre aux entreprises de traiter les bonnes données, au bon moment et au bon endroit de façon rapide et sécurisée, tout en leur permettant de fonctionner avec des clouds publics ou privés basés dans des data centers. Cette approche, qui était au cœur des discussions OpenDev 2017 de San Francisco en septembre dernier, reflète les préoccupations de 87% des utilisateurs interrogés dans l’enquête 2017 « Innovation in Edge and MEC » de SDxCentral. Ils pensent qu’OpenStack est la meilleure plateforme pour proposer des services distribués à la périphérie. Ceci concerne toutes les industries (et non pas seulement les opérateurs télécoms) qui travaillent avec des ressources distribuées (commerce, fabrication, transports, forages, l’IoT, etc.) dont l’objectif est de mettre une infrastructure complète à disposition au plus près de l’utilisateur.

Plus de 50% de ceux qui ont répondu à l’enquête citent l’IoT comme un des premiers cas d’usage pour fournir des points d’accès à des objets connectés, grand publics ou industriels, viennent ensuite les points d’accès pour du contenu vidéo et la mise en œuvre de services analytiques locaux.  Les bénéfices apportés sont : faible latence, consommation d’énergie mieux adaptée, bande passante élevée, données réduites, prise en compte du contexte, sécurité renforcée, isolation et conformité aux régulations.

Beth Cohen, responsable du projet « cloud in the box » chez Verizon reconnait que le choix d’OpenStack pour être l’épine dorsale de ce projet s’est fait sur « la nature flexible et modulaire d’OpenStack qui est l’outil parfait pour faire fonctionner au mieux des services à la périphérie et offrir des containers, des ressources « bare metal », des machines virtuelles répondant à des besoins spécifiques et locaux ». L’approche de Verizon est proche de celle de Free en France avec sa Freebox, à l’exception près que la Freebox est essentiellement propriétaire, ne fonctionne pas sur OpenStack et reste pas mal bridée. Les 3 principaux cloud Publics, AWS, Azure et Google sont mentionnés à plus de 50% comme pouvant être intégrés dans un déploiement de type MEC (Multi-access Edge Computing).

Il existe une dizaine de projets Open Source existant basés sur cette démarche MEC :  Amazon Green Grass, Azure IoT Edge, OCP, TIP, EdgeX Foundry, OpenStack, Kubernetes, OpenRetriver (OPNFV), ONP (Open Networking Platform). Les principaux obstacles à l’accélération des déploiements de type MEC sont l’absence de business modèle pour les opérateurs qui cherchent encore les moyens de monétiser des services à la périphérie et le manque de maturité des solutions existantes.

Integration et Passeport pour essayer de réintégrer les brebis égarées de l’Open Source…

Lors de la session d’ouverture du Summit de Sydney, plusieurs nouvelles initiatives ont aussi été annoncées émanant d’une volonté d’améliorer et de promouvoir une plus grande intégration entre OpenStack et d’autres efforts de cloud Open Source. Ces initiatives sont : la mise en place d’une équipe dédiée aux services financiers avec plusieurs utilisateurs, sous l’initiative China Union Pay, l’ouverture du programme d’outils de test au sein du nouvel OpenLab et enfin le programme Passeport pour les cloud publics. Jonathan Bryce précisait que « ces initiatives sont des éléments d’une vision à 5 ans en cours d’élaboration ». En effet, dans l’élaboration des projets Open Source, le focus est en général centré sur la technologie et les aspects d’intégration et de support sont souvent laissés de côté. Il apparait que les opérateurs de cloud OpenStack souhaitent une plus grande intégration entre des cloud open source disparates. OpenStack va donc s’ouvrir un peu plus largement et essayer de lancer des ponts avec les autres projets de cloud Open Source sans forcément les obliger à entrer dans le label OpenStack. Ce sera le rôle de l’OpenLab, lancé en septembre dernier, qui a pour but de tester des scénarios et les outils (SDK) de déploiements communs entre OpenStack et ces environnements Open Source de différentes origines comme Kubernetes, Terraform, Apache Mesos ou cloud Foundry. Dans OpenLab sont impliqués des constructeurs comme Intel et Huawey qui étaient à l’origine de l’initiative.

Enfin, le progamme Passport veut faciliter la mise en place d’une manière uniforme pour les utilisateurs de comprendre et d’accéder aux « essais gratuits » que proposent les opérateurs de cloud public à travers le monde. Sur une page d’accueil dédiée à Passport sur le site de l’OpenStack, les utilisateurs pourront accéder à ces essais gratuits proposés dans leur région par les cloud public OpenStack. L’objectif est de faciliter la compréhension d’OpenStack en offrant une approche balisée et gratuite (ou peu chère), à travers l’expérimentation qui permet aussi à des entreprises d’étendre leurs accès cloud dans de nouvelles régions. D’ores et déjà, plusieurs opérateurs OpenStack de cloud public ont rejoint l’iniitative, ce sont Catalyst, City Network, Elastx, Home at cloud, Memset, OVH, Scale Up Tech, Telefonica, UKcloud and Vexxhost.