OpenStack promet de réconcilier les clouds : à terme, il devrait offrir une interface unique pour orchestrer et automatiser les différentes parties de l’infrastructure d’une entreprise hors site.

Le nombre et l’importance des contributeurs au projet sont garants du futur succès d’OpenStack auprès des entreprises. Mais le passage à OpenStack se fera plus ou moins facilement, et les choix technologiques d’aujourd’hui pèseront lourd demain. La difficulté pour les entreprises est de savoir par où commencer … Et si la réponse était : « par le stockage ! »

Récemment le bigdata et le stockage cloud sont devenus très populaires mais une tendance marketing derrière un concept technologique ne résout pas tous les problèmes. Le big data est une problématique réelle pour certaines entreprises. Une tendance marketing peut générer de l’anxiété, tout en masquant la solution. Au lieu de s’inquiéter, peut-être faudrait-il commencer à penser au Software Defined Storage comme une solution permettant de redessiner l’accès aux données de l’entreprise – fournissant ainsi la réponse idéale au défi posé par le big data.

La business intelligence, que l’accumulation et l’analyse de données peut produire, est probablement l’aspect du big data auquel les entreprises ont le plus prêté attention : la BI permet d’envisager une potentielle création de valeur. Pour autant, il ne faut pas négliger l’aspect gestion du stockage. Les solutions traditionnelles de stockage ont fait leurs preuves et ont encore de beaux jours devant elles. Mais elles ne répondent absolument plus aux contraintes liées à l’explosion du volume des données.

S’il est entendu que les données qui doivent être facilement et rapidement accessibles à des fins de traitement vont demeurer sur des solutions de stockage telles que celles utilisées jusqu’à présent, il semble cependant aujourd’hui évident que toutes les autres données devront de préférence être hébergées sur des solutions plus abordables, plus économiques et plus évolutives.

À cet égard, le Software Defined Storage offre clairement le meilleur des deux mondes. Non seulement il fournit un moyen de consolider et standardiser sur une plate-forme x86, ce qui est abordable et facile à gérer au sein d’une infrastructure existante, mais il consolide également une large variété de stockage. Openstack (Cinder, Glance et Swift) permet également de réduire la complexité, les coûts ainsi que d’éviter les ilots de stockage.

Répondre à la problématique de l’explosion des données semi-structurées et non structurées

Faut-il vraiment archiver les fichiers de type texte,  audio, vidéo et plus globalement tous les fichiers non structurés ou semi-structurés sur des baies de stockage hors de prix ? (et finalement toutes les données qui ne sont pas stockées dans les bases de données de type SQL).

Les solutions de Software Defined Storage sur serveur x86 standard sont plus rentables pour gérer ce genre de données. Néanmoins, la solution fournit des technologies de disponibilité qui permettent d’assurer l’intégrité et la récupération rapide des données comme par exemple la réplication synchrone et asynchrone quel que soit le modèle de déploiement, sur site ou en nuage ou encore un mélange des deux.

Il y a 10 ans de cela, la répartition entre les données structurées et les données non-structurées équivalait à environ 50-50%. Aujourd’hui, les données structurées ne représentent pas  plus de 10% du volume total. Les 90% sont le résultat de l’explosion des données générées par les nouveaux médias, les données issues d’internet, les équipements mobiles, les réseaux sociaux et le « machine to machine ». Cependant, la plupart des data centers récoltent encore des données calquées sur le vieux scénario du ratio 50-50. Compte tenu de la croissance globale des données, c’est devenu un énorme défi pour les budgets informatiques et la complexité.

Accompagner les DSI dans la migration vers un data center souple, agile et virtualisé

L’enjeu actuel consiste à accompagner les Directeurs de Systèmes d’Information dans la migration du data center physique en silos vers un data center plus flexible et standardisé non seulement sur la partie calcul, mais aussi sur le stockage et le réseau. C’est la perspective qu’offre OpenStack à moyen-terme. Derrière OpenStack, se cachent aujourd’hui beaucoup de théories et de concepts ; aussi, la tâche des éditeurs de solutions d’infrastructures Cloud va consister à accompagner les entreprises de manière pragmatique et concrète dans une démarche de construction de cloud privé qui intègre une stratégie d’adoption d’OpenStack.

Il y a beaucoup de spéculation autour de la migration OpenStack. Selon moi, la meilleure façon de débuter le passage vers OpenStack est de réaliser des choix d’avenir sur la partie stockage. La démarche la plus pragmatique consiste à commencer par évaluer l’augmentation des données et le coût de la gestion des données semi ou non-structurées.

Avec toutes les solutions de stockages actuelles, l’utilisateur est limité par la capacité physique maximum de stockage de l’infrastructure, et donc dépendant des tarifs pratiqués par son fournisseur. La part d’imprévisible de ce choix commercial rend très risqué l’hébergement de données de type Tier 2 et Tier 3 sur des solutions propriétaires. La solution la plus simple et la moins coûteuse reste donc le serveur x86 assorti d’un système logiciel de virtualisation du stockage.

Avec ce choix, la prévisibilité des dépenses est la plus élevée de toutes : le coût du serveur étant connu et le coût de la souscription sur du logiciel de classe entreprise étant fixe pour chaque serveur, la dépense sera exactement proportionnelle au besoin de capacité de stockage. Si ce dernier double, on peut s’attendre logiquement à ce que le prix soit plus ou moins le double à capacité égale des composants du serveur.

C’est l’avantage que procure une infrastructure de stockage construite sur la base de « briques » : si le coût du composant initial est connu d’avance, tout n’est plus qu’une question d’additions et de multiplications. En outre, pouvoir choisir parmi un large éventail de serveurs X86 au meilleur rapport prix performance auprès de différents fournisseurs contribue également à réduire les coûts et la dépendance à un fournisseur. Avec  ce type d’infrastructure de stockage construite sur la base de « briques » l’élément surprise disparait. Même si l’accroissement du volume des données est imprévisible, la dépense associée reste quant à elle hautement prévisible et les décisions peuvent être prises plus facilement. Si l’agilité et la souplesse des systèmes sont compliquées à atteindre avec les solutions traditionnelles, elles deviennent une évidence avec les solutions de Software Defined Storage. Elles peuvent également constituer une base pour une infrastructure hybride évoluée. Le stockage ouvert peut facilement s’intégrer dans un environnement physique, tout en étant prêt pour une infrastructure virtuelle lorsque vient le temps de faire le changement.

Comme toujours, nombreux sont les éditeurs qui se sont engouffrés dans la brèche du stockage virtualisé sur matériel standard. Mais tandis que le matériel se « standardise », il serait incohérent de privilégier un logiciel propriétaire : une fois de plus le risque serait grand de se retrouver entravé par des verrous propriétaires alors même que l’opportunité est enfin offerte de bénéficier d’une infrastructure a minima standard, sinon standard et ouverte !

Si je devais mentionner un dernier avantage au choix d’une solution de SDS (Software Defined Storage) open source de classe entreprise, ce serait que l’architecture permet – en plus du stockage – de libérer des ressources  pour les serveurs X86 hébergeant ce-même stockage. Ainsi les analyses Hadoop vont pouvoir être exécutées directement sur les serveurs de stockage, ce qui conduira également à la baisse des coûts d’une telle infrastructure.

Le cas typique d’utilisation d’une solution de stockage logicielle ira de la simple gestion sur site à la gestion du stockage sur des clouds ​​hybrides libres (open hybrid clouds) privés et publics. Le SDS est donc une excellente manière de préparer le terrain pour l’adoption d’OpenStack, en pariant sur l’avenir des solutions de stockage OpenStack.

Encore faut-il faire les bons choix stratégiques dès à présent…

 

_______________
Alexandre Kusic est Storage Business Development Manager chez Red Hat, le premier fournisseur mondial de solutions open source.Avant d’assumer cette responsabilité, Alexandre Kusic a occupé diverses fonctions au sein de sociétés telles que France Télécom, Cap Gemini, Dell et NetApp.