Alors que la 4G en est encore à ses premiers développements, la 5G était omniprésente dans les salles de conférence du Mobile World Congress qui s’est tenue la semaine dernière à Barcelone.

Depuis 2012, les technologies 3G/4G représentent la majorité des abonnements de téléphonie mobile aujourd’hui selon les dernières statistiques de la GSMA Intelligence. Et en 2020, elles devraient représenter 80 % des abonnements. Toutefois, plus de 800 d’utilisateurs dépendront encore de la 2G à cette époque-là.

La 5G un des sujets majeurs du Mobile World Congress. Mais quelle idée que cette fuite en avant alors que nous digérons à peine la 3G et que la 4G fait ses premiers pas ? Pourquoi nous rebattre les oreilles avec une technologie dont les premières expérimentations sont prévues pour 2020 ? Tout simplement parce que le chemin de la 5G ne sera pas un long fleuve tranquille avec son lot de finalisation des spécifications techniques, de normalisation, de positionnement des différents acteurs, d’installations des équipements…

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Le Japon espère bien montrer au monde qu’elle maîtrise la technologie lors des JO d’été de Tokyo en 2020. La prouesse technique de la Mondovision des J.O. de 1964 à Tokyo avait permis à 600 millions de téléspectateurs de suivre les épreuves en direct avec pour la première fois la rediffusion de séquences grâce au ralenti. Les droits TV ont représenté à l’époque 1,5 million de francs (oui millions et par milliards !).

En 2012, l’ITU (International Telecommunication Union) a retenu l’appellation IMT-2020 pour décrire une nouvelle génération devant à la 4G, logiquement baptisée 5G. Le plan de l’ITU est de définir la vision de la 5G cette année et les besoins en 2017. L’objectif étant de finaliser la standardisation en 2020. Aujourd’hui, on parle donc de la 5G sans plus savoir qu’il s’agit de la 5e génération succédant à la 4e.

L’idée assez largement partagée est que la 5G devra supporter un débit 1000 fois supérieur au standard LTE[1] et garantir 1 Gbits/s pour chaque utilisateur. Mais des compléments techniques sont proposés. La 5G devra assurer une latence extrêmement faible. La 5G devra supporter 1000 fois plus de terminaux et d’objets que LTE. Etant donné la quantité considérable de données qui seront collectées des terminaux et des objets, la 5G devra offrir des services personnalisés basés sur des infrastructures de réseaux dynamique et programmable (le NFV et le SDN seront alors largement diffusés) et des solutions analytics temps réel. Enfin, elle devra être 100 plus performante que la LTE sur le plan énergétique.

Mais attention à la course aux performances. Dans ce discours repeint aux couleurs d’un marketing parfois excessif, Marcus Weldon, président des Bell Labs et CTO d’Alcatel-Lucent veut garder la tête froide et ne pas céder à la presse des annonces inconsidérées. « La plupart de nos concurrents parlent de 5 Gbit/s ou 10 Gbit/s ou avancent d’autres spécifications techniques mais ils ne précisent pas avec quelle configuration, ce qui est ridicule », a-t-il indiqué au Mobile World Daily, le quotidien du MWC.

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Alors que les réseaux 3G et 4G ont été construits sur des nouveaux réseaux indépendants, l’infrastructure d’accès réseau radio 5G sera, elle, déployée à partir des réseaux LTE-Advanced (LTEA) et de nouveaux accès (RAT ou Radio Access Technologies), le 3GPP a développé de nouveaux standards pour le LTE-A avec la version 13 et devrait commencer à standardiser le nouveau RAT avec la version 14 en 2016.

« The Internet of Things will become the Internet of everything with the advent of 5G » expliquait Stéphane Richard, Pdg d’Orange à l’occasion de la MWC. « Toutefois, il n’y a pas d’urgence » se pressait-il d’ajouter, « le 4G est un succès (…) L’industrie doit apprendre les leçons de la 3G car il y a toujours un délai de plusieurs années entre le lancement d’une technologie et sa disponibilité réelle, avec parfois un certain désenchantement ». Mais le 5G apportera une différence essentiel par rapport aux réseaux existants, elle sera flexible grâce à l’infrastructure de réseau programmable qui la sous-tendra et pourra ainsi s’adapter aux services qui ne sont pas encore inventés.

Et dans ce débat entre maximiser l’utilisation de la 4G ou pousser vers la 5G, les opinions ne vont pas toujours dans le même sens. Ainsi Steve Mollenkopf, CEO de Qualcomm appelait à la première voie en protégeant les investissements de la R&D et des déploiements des équipements alors que Ken Hu pressait de passer à la 5G. Proposant quelques exemples d’utilisation, ce dernier expliquait que la LTE ne peut supporter les milliards de connexions qui seront nécessaires pour l’IoT. La latence de la 5G sera seule capable de mettre en œuvre la conduite sans conducteur.

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[1]
La norme LTE, définie par le consortium 3GPP, a d’abord été considérée comme une norme de troisième génération « 3.9G » (car proche de la 4G), spécifiée dans le cadre des technologies IMT-2000, car dans les « versions 8 et 9 » de la norme, elle ne satisfaisait pas toutes les spécifications techniques imposées pour les normes 4G par l’Union internationale des télécommunications (UIT). La norme LTE n’est pas figée, le consortium 3GPP la fait évoluer en permanence (en général une nouvelle version tous les 12 à 18 mois1).