Si l’industrie française est au-dessus de la moyenne européenne en matière d’utilisation des ERP (PGI) et de l’EDI, elle est en-dessous sur tous les autres fronts de la numérisation.
Tel est le constat d’une note intitulée Avec la numérisation des entreprises manufacturières, l’industrie du futur prend forme que vient de publier la Direction Générale des Entreprises (DGE) à partir de données fournies par Eurostat et qui fait suite à celui publiée dans nos colonnes montrant que les entreprises françaises étaient en retard en matière d’utilisation de services cloud (La France parmi les mauvais élèves du cloud en Europe).
L’arrivée d’outils numériques dans l’industrie permet de réaliser des gains de productivité importants. Cela représente aussi un défi pour les entreprises qui doivent réorganiser la chaîne de production afin d’exploiter le flux d’information nouvellement créé.
Alliant les dernières avancées technologiques – robotisation, systèmes d’intégration horizontaux et verticaux, cloud computing, big data et cybersécurité – l’industrie du futur est constituée d’unités plus flexibles et agiles. Cette transformation nécessite toutefois un effort d’adaptation au sein des entreprises : investissements de modernisation importants et formation de la main-d’oeuvre à ces nouveaux outils.
Consciente de ces enjeux, l’industrie française a commencé sa transformation numérique. L’usage des ERP et l’EDI (échange informatisé de données) y est particulièrement élevé avec respectivement 52 et 37 %. On constate par ailleurs l’émergence de nouveaux outils dans l’industrie française, le cloud (16%) ou l’analyse du big data (7%) où la France est en retard. L’arrivée de ces technologies génère des besoins en matière de cybersécurité, domaine dans lequel les entreprises manufacturières françaises doivent encore faire des efforts et est également en retard sur ses homologues européennes.
Dans l’ensemble, l’adoption des outils numériques par le secteur manufacturier français se place dans la moyenne européenne. L’Allemagne figure parmi les pays les plus en pointe en la matière, notamment dans les technologies permettant de centraliser l’information au sein de l’entreprise. Si la robotisation de l’industrie manufacturière française est en retrait avec 137 robots pour 10 000 employés contre 308 en Allemagne, le secteur automobile français se distingue comme le premier pays européen en matière de robotisation (voir encadré ci-dessous).
Comme dans le reste de l’Europe, il existe de grosses différences entre les grandes entreprises et les PME dans l’adoption des technologies du numérique. En effet, si les grandes entreprises ont réalisé leur transition et sont parmi les plus utilisatrices des nouvelles technologies, les PME accusent un retard important en la matière.
La France en retard en matière de robotisation
Technologie ancienne, la robotique, associée à l’intelligence artificielle, permet des innovations de procédé et des gains de productivité importants. Les robots peuvent désormais reconnaître les objets sur lesquels interagir et effectuer des tâches avec une précision extrême. La Fédération internationale de robotique (IFR) estimait le stock mondial de robots industriels opérationnels à 2,1 millions fin 2017, en croissance annuelle de 15 % par rapport à 2016. Bien que supérieure à la moyenne mondiale de l’industrie manufacturière (85 robots pour 10 000 employés), la robotisation de l’industrie manufacturière française (densité de robots : 137) est en retrait par rapport aux pays leaders tels l’Allemagne (densité de robots : 322) ou le Japon (densité de robots : 308).
Toutefois, le secteur automobile français se distingue avec 1 150 robots pour 10 000 employés en moyenne en 2016, soit la première place en Europe devant l’Allemagne (1 132 robots pour 10 000 employés). Le secteur automobile est pionnier en France dans le domaine de la robotisation. Il concentrait 42 % des installations de robots industriels en France en 2016, après que ses achats en robotique aient augmenté de 7 % par an entre 2010 et 2015.