AWS Wavelength… Azure Edge Zones… L’authentique 5G dite « autonome » est encore loin d’être là mais la bataille du cloud se déplace déjà vers la périphérie pour préparer la prochaine génération d’applications et services à très faible latence profitant de ses promesses.

Sans mettre en péril leur modèle de business, le Edge Computing constitue néanmoins un défi pour les grands hyperscalers. Ces derniers n’ont pas l’intention de laisser la périphérie grignoter leur marché. Et les géants du cloud public s’empressent de placer leurs pions. AWS a pris les devants en décembre dernier. Azure a réagi cette semaine. Les autres acteurs avancent également.

Ainsi, en fin d’année dernière, lors de sa conférence AWS Re:Invent, AWS annonçait deux initiatives allant dans ce sens.
AWS Local Zones sont des micro-datacenters, déployés et orchestrés par Amazon, qui ne proposent qu’une fraction des services d’AWS, ceux à même de servir des applications à besoin de faible latence (jeu en streaming, intelligence artificielle, serveurs de publicités locales, etc.).


AWS Wavelength cherche à profiter des avantages de la 5G à savoir l’exploitation des ondes millimétriques et le partitionnement du réseau pour servir des applications locales à connectivité critique, des centres hospitaliers ou des campus industriels. Une fois déployée, notamment en mode SA (5G autonome), la 5G promet de fournir de nouvelles expériences immersives en temps réel autrement avec des exigences de latences ultra-basses et de connectivité fiable. Avec Wavelength, AWS cherche à installer ses propres serveurs (et services) dans les datacenters des opérateurs de télécommunication à l’extrémité des réseaux 5G afin de permettre l’exécution d’applications nécessitant des latences extrêmement faibles (flux TV, vidéo surveillances automatisées, AR/VR, etc.).

Les « Wavelength Zones » sont des « Availability Zones » d’Amazon en périphérie, directement placées sur les réseaux des opérateurs et s’appuyant sur des connexions locales en 5G. Typiquement, AWS a lancé une expérimentation avec la NFL et Verizon pour récupérer et analyser les données des matchs dans les stades avant de les agréger dans le cloud et les fournir instantanément aux équipes.

Il y a quelques jours, Microsoft annonçait de son côté le rachat de Affirmed Networks. L’opération a surpris plus d’un observateur. Mais la startup spécialisée dans la livraison de solutions NFV et de services pour la 5G dans le cloud présentait pour Azure un double intérêt : profiter des relations nouées par Affirmed Networks avec les opérateurs 5G du monde entier et récupérer une expertise déjà affirmée sur les services en périphérie.
Preuve en est ce jour avec l’annonce d’Azure Edge Zones et d’Azure Private Edge Zones, réponses directes d’Azure aux AWS Local Zones et AWS Wavelength. Yousef Khalidi, VP Azure Networking, rappelle que la 5G, avec ses vitesses décuplées, ses faibles latences et surtout sa très haute densité d’appareils jusqu’à 1 million par kilomètre carré, va changer la donne et ouvrir de nouveaux horizons applicatifs en périphérie. Car qui dit ultra faible latence, impose de rester sur des boucles locales et de bénéficier d’une proximité directe avec les opérateurs 5G.
Azure Edge Zones s’inscrit totalement dans ce paysage. Son objectif est de permettre la concrétisation de scénarios mixant 5G, Azure et Opérateurs de télécommunications pour concrétiser des calculs ultra-faibles latence. Azure annonce avoir déjà signé des accords avec AT&T, Etisalat, NTT Communications, Proximus, Rogers, SK Telecom, Telefonica, Telstra, Vodafone pour apporter ainsi les services Azure au plus proches des campus, entreprises, industries et organisations qui en ont besoin. Bien évidemment, les scénarios envisagés autour d’Azure Edge Zones n’impose nullement une connectivité 5G. La 5G n’est qu’une partie de ces applications en périphérie visée par la nouvelle offre Microsoft.

Parallèlement, Azure Private Edge Zones dérive d’une idée similaire mais dans des contextes « Edge Computing Privé ». La solution est présentée comme « un réseau privé 5G/LTE combiné à Azure Stack Edge sur site, offrant une solution de latence ultra-basse, sécurisée et à large bande passante pour les entreprises ».

De son côté, Google s’active également même si les offres et services ne sont pas encore clairement définis. Google Cloud a annoncé en mars « un partenariat avec AT&T pour bâtir une suite de produits et services d’entreprises offrant de faibles latences et une forte sécurité aux entreprises ». Kubernetes et les services Google AutoML sont notamment au cœur de ce partenariat stratégique qui répond au nom de Global Mobile Edge Cloud (GMEC). Rappelons qu’en parallèle Google Cloud a également annoncé son offre « Anthos for Telecom » justement destinée à déployer sa plateforme cloud hybride Anthos en périphérie des réseaux des opérateurs.

Dans un même ordre d’idée, Equinix, l’un des leaders mondiaux de l’interconnexion s’est offert ces dernières semaines Packet, le spécialiste du « Bare Meta as a Service » dont l’offre « Go Anywhere » permet de déployer des mini datacenter au cœur même des tours de communication 5G. Equinix compte ainsi développer tout un réseau de datacenters Edge pour les applications nécessitant de faibles latences.

Bien évidemment tous ces scénarios Edge préparés par les grands clouds publics consistent à déplacer à la périphérie nombre de services et plateformes déjà existant dans leur cloud public en s’appuyant notamment sur Kubernetes. On y retrouvera typiquement les offres serverless (FaaS), les offres de stockage objet, les offres de machine learning et les services cognitifs, mais aussi les services IoT. Et l’ensemble est pensé, aussi bien chez AWS que chez Azure, comme autant d’extensions naturelles de leur cloud public dont les données remontent sous une forme ou sous une autre au final vers les infrastructures cloud public. En témoigne le schéma ci-dessous.

Bref la 5G – et ce qu’elle permettra une fois déployée en mode autonome – est devenue le nouveau terrain de bataille, mais aussi de croissance, des grands acteurs du cloud public. Le combat est en train de se déplacer vers ces nouveaux espaces en périphérie tout aussi essentiels aux futurs services de proximité des entreprises que ne l’a jusqu’ici été le cloud.