La distinction entre cloud et data center n’est pas toujours claire pour tout le monde et la confusion règne parfois dans certaines discussions ou réflexions : « le cloud » est-il d’une certaine manière un centre de données ? Les data centers sont-ils en quelque sorte « le cloud » ? Chacun de ces termes peuvent paraître interchangeables, mais au-delà d’être tous deux utilisés dans le cadre d’environnements IT, ils n’ont pas beaucoup plus en commun.
Dans le même ordre d’idées, les termes « on-premise » (sur-site) et « off-premise » (hors-site) sont souvent utilisés et peuvent faire référence aux data centers comme au cloud. Il est vrai que le cloud représente généralement une forme d’IT hors-site, mais il existe aussi des solutions cloud on-premise et les Data Centers peuvent être aussi bien localisés sur-site que hors-site.
Alors, comment s’y retrouver ? La principale différence entre un data center et le cloud, c’est que le service IT interne à l’entreprise est généralement responsable du matériel informatique et du réseau lorsqu’il gère un centre de données, tandis qu’avec le cloud, c’est une autre entreprise spécialisée qui s’en charge.
Les data centers sont souvent plus attractifs pour les entreprises aux informations sensibles, réfractaires à l’idée de faire confiance à un tiers pour sécuriser leurs données. Il est donc important de se demander si l’entreprise fait partie de cette catégorie ou si elle peut se permettre de déplacer ses données dans un système standardisé.
Ces premières considérations peuvent être utilisées pour une différentiation rapide, mais il reste bien sûr d’autres éléments à prendre en compte. Par exemple, les data centers sont employés pour faire tourner des serveurs, des équipements réseau ou divers dispositifs de stockage. Les fournisseurs de services cloud utilisent donc logiquement des data centers pour héberger leurs équipements servant à faire fonctionner leurs services. Et ils ont souvent besoin de plusieurs data centers situés dans différents lieux et dotés d’équipements spécialisés, afin de sécuriser la disponibilité de la donnée, en cas de panne ou d’autres problèmes.
Quel choix faire entre solutions on- et off-premise ?
La réponse à cette question dépend réellement d’un nombre restreint de facteurs. Pour de multiples raisons, le cloud semble être le chemin à suivre actuellement, et en premier lieu pour des questions de coûts. Avec le cloud public, on paye seulement pour ce que l’on utilise. A contrario, lorsque l’on construit son propre serveur, on le paye en permanence, ce qui peut certes s’avérer moins coûteux si l’on fait tourner une application qui utilise 100% du CPU. Mais en pratique, il est compliqué de maintenir en continu un serveur fonctionnant à plus de 50% de ses capacités car peu d’applications sont utilisées en permanence.
Par ailleurs, avec son propre serveur, l’évolutivité du système selon ses besoins (le « scaling ») peut vite devenir difficile. Tandis qu’avec la plupart des solutions cloud, les ressources sont presque illimitées pour faire évoluer son système et gérer les pics et creux d’activité. En revanche, si un système dédié et personnalisable est nécessaire, les data centers peuvent s’avérer plus attractifs que les solutions de cloud public, car il peut être chronophage d’adapter son application ou son service aux spécificités de son fournisseur.
Il y a donc des avantages et des inconvénients pour les solutions cloud comme pour les data centers traditionnels. Mais « migrer dans le cloud », ce n’est pas qu’une histoire de machines virtuelles que l’on déplace vers AWS, Azure ou Google, ou de serveurs dont on se débarrasse. C’est aussi la chance de pouvoir repenser les processus de son entreprise, les moderniser et les simplifier.
Le cloud s’impose pour une partie des besoins de l’entreprise
Il est préférable que les services IT se concentrent avant tout sur les systèmes critiques liés au coeur de métier de l’entreprise. Tout le reste devrait migrer vers le cloud, en ayant recours à des systèmes standardisés : emails, RH, paie, chaîne logistique, approvisionnements, gestion de la performance, ventes, marketing ou encore service client.
Mais avant de déplacer de tels services vers le cloud, il est important de se demander : « que puis-je faire pour compenser certains risques possibles et à quel prix ? ». Etant donné la corrélation directe entre investissements et haute disponibilité des services, on utilisera cette formule pour effectuer son analyse : (coûts < (pertes de revenus X probabilité d’incidents)).
A titre d’exemple, l’e-mail est typiquement le service à utiliser en cloud. Tous les utilisateurs ont besoin des mêmes fonctionnalités et il est donc possible d’obtenir de grandes économies d’échelle. Et puisque les données sont transmises par Internet de toute façon (et souvent non chiffrées), exploiter son propre serveur d’e-mails semble aujourd’hui anachronique. Le cabinet d’analyse en technologie Gartner a révélé récemment que déjà 9% des entreprises actuelles utilisent Office 365 et 5% d’entre elles Google Apps.
Des choix hybrides pour un meilleur équilibre
Difficile de prédire de quoi sera fait le futur, mais pour le moment, il semble que l’on déplace la plupart de la puissance de calcul et de stockage vers le cloud, et que l’on utilise les appareils mobiles principalement pour de la consultation, plus ou moins intelligente.
Par ailleurs, une majorité croissante d’entreprises utilisent à la fois les solutions cloud et hors-site pour de bonnes raisons : elles ont réussi à trouver le moyen d’optimiser l’utilisation des deux, en plaçant leurs données les moins confidentielles dans le cloud (pour un accès simplifié), et les informations les plus essentielles et critiques dans un data center.
Pour terminer, il existe enfin des formes mixtes : le cloud hybride représente un environnement cloud qui combine des services sur site, dans un cloud privé ou provenant de tiers, avec une orchestration entre les plateformes. En permettant aux charges de calcul de basculer entre cloud privé et public, en fonction des besoins et des variations de coûts, ce concept de cloud hybride donne aux entreprises davantage d’options de déploiement de la donnée et une plus grande flexibilité.
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Christophe da Fonseca est Sales Development Manager France chez Paessler AG