Aujourd’hui, l’utilisation des solutions cloud (Infrastructure et Software as a Service) est devenue incontournable, aussi bien pour les petites entreprises que pour les grands groupes internationaux. Mais le cloud hybride – mix de plusieurs cloud (Privé, Communautaire, Public) – séduit désormais de plus en plus d’entreprises. Quelles sont celles qui sont concernées et comment bien appréhender l’hybridation du cloud ?
Définissons le cloud hybride
Dans un premier temps, les data centers ont transformé leurs infrastructures en cloud privé afin de produire industriellement de l’IT as a service de la façon la plus automatisée possible. La transformation de l’IT pour l’aligner avec les besoins opérationnels des métiers est désormais une priorité pour les entreprises. L’objectif est de mieux répondre à la demande des métiers en délivrant aux utilisateurs les applications et les services dont ils ont besoin le plus rapidement possible et au moindre coût. Cette typologie a d’abord séduit par son côté agile et isolé, en termes de sécurité, et par sa capacité à maîtriser les données, de processus métiers et de conformité (SOC2, ISO 2700x, GDPR, etc.)
Le cloud Public a également rencontré de nombreux partisans pour externaliser les services – par exemple de développement – afin de concentrer l’énergie de l’entreprise sur son cœur de métier (la production).
Le cloud hybride n’est pas une infrastructure cloud à proprement parlé mais un ensemble de technologies permettant l’hybridation des services. C’est la capacité, à travers une plateforme de management du cloud (aussi appelée CMP, Cloud Management Platform), de pouvoir provisionner les ressources privées et/ou publiques et de les faire communiquer de façon transparente. Le cloud hybride, résultat de cette unification, offre beaucoup plus d’opportunités que chaque type de cloud pris séparément (élasticité, simplicité, flexibilité) et transforme la DSI en cloud Broker (fournisseur de services multi-cloud) afin d’éviter le shadow IT.
Pourquoi de plus en plus d’entreprises s’y intéressent ?
Pour des services sans valeur ajoutée et qui ne sont pas permanents mais occasionnels, le cloud Public est idéal : il permet une facturation à la seconde et est facilement accessible car « Internet native ». Mais une ressource de production utilisée à plein temps est aujourd’hui moins onéreuse dans un cloud Privé que dans un cloud Public, pour un niveau de services souvent bien supérieur. Il est plus intéressant d’utiliser le cloud Public de façon fragmentée. En d’autres termes, on pourrait comparer le cloud Public à un hôtel : pratique lorsqu’on est de passage, mais non envisageable pour du long terme. Quant au cloud Privé, il présente également des limites dès lors qu’une entreprise veut ouvrir ses données vers l’extérieur en mode « internet native » ou tester rapidement l’opportunité d’une nouvelle application digitale.
Tous les acteurs du B2C ont ainsi été early adopters de cloud hybride par nécessité de gérer des pics d’activité saisonniers : la vente par correspondance, les transports, le tourisme, etc. Certains domaines s’y convertissent avec un léger décalage, c’est le cas de l’industrie avec la production à la demande de produits personnalisés.
Quelle est la place des entreprises françaises dans le secteur ? À dire vrai, la France est légèrement en retard en matière d’hybridation par rapport aux pays anglo-saxon, comme le Royaume-Uni par exemple. Cela s’explique par le fait que culturellement, les entreprises sont plus prudentes de ce côté de la Manche. Mais les entreprises françaises sont en pleine phase d’adoption.
Quel avenir pour le cloud hybride ?
Il y a encore peu de temps, une des limites du cloud hybride résidait dans ses fonctions réseaux : en utilisant plusieurs cloud, cela démultiplie la gestion nécessaire et peut peser sur les réseaux et la sécurité de la ou des entreprises concernées. Certaines évolutions récentes ont permis de simplifier l’ouverture à la demande de réseaux d’hybridation : grâce au Software Defined Network (SDN), qui permet aux administrateurs de gérer les services de réseaux en mode software et donc objets (Firewall, VPN, équilibrage de charge, antivirus, etc..), le nombre de projets cloud hybrides va exploser dès cette année. Globalement, on constate que le marché se prépare à une adoption massive de l’hybridation ces trois prochaines années.
Il est important de préciser qu’hybridation ne rime cependant pas systématiquement avec cloud Privé/cloud Public. À l’heure actuelle, 90% des projets d’hybridation sont de type communautaire : par exemple, deux centres hospitaliers ayant transformé leurs infrastructures en centre de service santé (donc en cloud Privé) peuvent aujourd’hui croiser leur plan de reprise d’activité afin de réaliser des économies d’échelle importantes. Les deux établissements ayant les mêmes contraintes règlementaires et légales (HADS), l’hybridation représente une solution pertinente. Une problématique qui s’applique également à bien d’autres corps de métiers : avocats, notaires, prestataires et sous-traitants, etc.
En synthèse, le cloud hybride représente une solution idéale pour un grand nombre d’entreprises qui souhaitent combiner les avantages majeurs du cloud Public (flexibilité, mise en place rapide, développement ou expérimentation) et ceux du cloud Privé (contrat de service garanti, contrôle total des données et sécurité auditable). Grâce à l’hybridation, les données sont naturellement conservées dans l’environnement cloud le plus adapté : le cloud devient alors un atout complet qui offre une souplesse et une efficacité inégalées aux entreprises.
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Yves Pellemans est CTO d’Axians France