Le remplacement des serveurs physiques – après 3, 5 ou 10 ans de bons et loyaux services – est souvent l’occasion pour l’entreprise et la DSI d’une réflexion autour du renouvellement de son infrastructure « On-premise » (sur site) ou du passage au Cloud et à une Infrastructure-as-a-Service (IaaS).

Les deux options présentent des avantages et peuvent être adaptées dans des contextes différents ; qu’il s’agisse d’une entreprise à fort potentiel de croissance nécessitant des investissements légers et un maximum de flexibilité, ou bien d’une entreprise bien établie avec des capacités d’investissements importants et des équipes support en place.

Le choix d’une infrastructure doit être réfléchi pour garantir les meilleures performances et un coût adapté. Les entreprises doivent ainsi se poser les bonnes questions, particulièrement autour des 6 questions à se poser :

1. Comment les besoins de l’entreprise vont-ils évoluer ?

Dans le cas d’une infrastructure « On-premise », il est important de savoir que le retour sur investissement atteint des performances optimales entre 70 % et 80 % de charge pendant sa durée d’amortissement (3 à 5 ans). Si l’entreprise anticipe ses besoins à 3 ou 5 ans, l’infrastructure risque d’être surdimensionnée et donc sous-exploitée, ce qui aura pour effet de diminuer le ROI. A l’inverse, si les limites techniques de l’infrastructure sont rapidement atteintes, l’entreprise devra relancer un investissement complémentaire et donc imprévu.

Les besoins IT sont difficiles à anticiper et se prévoient le plus souvent sur du court terme. Dans ce contexte, une infrastructure basée sur du Cloud aura la faculté de s’ajuster à la hausse comme à la baisse beaucoup plus facilement et permettra un meilleur contrôle des budgets IT.

2. Quelles seront les technologies à venir ?

Dans une stratégie « On-premise », avant d’investir, il est important de maitriser le marché des solutions technologiques ainsi que leur évolution pour identifier les ruptures technologiques. Les technologies peuvent diminuer le ROI de l’investissement initial. Il est donc important de les acquérir au bon moment pour en optimiser la rentabilité. Très souvent, les nouvelles technologies fraichement commercialisées ont un coût supérieur aux autres pendant une période donnée, puis baissent de manière significative une fois la période consécutive au lancement passée.

Prenons un exemple concret :

  • En 2015, une infrastructure de stockage était optimisée en rapport/performance avec des disques SSD de 800 Go.
  • En 2016, les disques SSD de 1600Go ont amélioré le ratio et en 2017, les disques SSD de 3200 Go prendront certainement le relais, voire même avec des tailles encore supérieures.

Bien connaitre le marché permet de faire les meilleurs choix et d’investir au plus juste.

3. Quel est le coût d’ingénierie à prévoir lors du renouvellement ?

Au-delà du matériel, lorsque l’on compare les coûts d’une infrastructure « On-premise » à ceux d’une infrastructure basée sur le Cloud, il est nécessaire d’estimer les coûts d’ingénierie pour la mise en œuvre et la maintenance de cette infrastructure. Dans les deux contextes, les coûts liés à la configuration avant le démarrage de la plateforme peuvent s’avérer très lourds. De même, maintenir une infrastructure « On-premise » nécessite de constituer une équipe d’experts (réseau, stockage, virtualisation, etc.. La taille de l’équipe va dépendre du niveau de service que l’entreprise vise pour ses utilisateurs internes, notamment en termes de GTI (Garantie de Temps d’Intervention) et GTR (Garantie de Temps de Rétablissement) mais aussi en termes de couverture d’horaires, classique ou 24/7.

Ces besoins d’expertise ne sont pas nécessaires dans le cadre d’une infrastructure Cloud puisqu’ils sont directement assurés par les équipes du fournisseur de Cloud.

4. Quelle est la résilience de mon réseau ?

Quelle que soit la solution (On-premise / Cloud), la dépendance des entreprises au réseau et notamment à Internet est une réalité. Les infrastructures Cloud reposent sur une composante essentielle : le réseau. Il est primordial de fiabiliser au maximum l’accès au Cloud provider pour ne pas rendre les environnements de production dépendants du réseau. Des solutions existent et sont nombreuses (multi opérateurs, SDWAN, etc.) mais elles peuvent représenter un budget non négligeable. La consommation des applications en mode Cloud impose donc naturellement la refonte du réseau : réévaluation du débit, niveau de disponibilité attendu, etc.

5. Quelle est le niveau disponibilité à atteindre ?

De la même manière que le point précédent sur la partie réseau, il est important de penser à la disponibilité de son architecture, et cela en fonction du niveau de services que l’on souhaite atteindre. Dans le cas du « On-premise », la question va notamment se poser autour du choix d’architecture, mais aussi de l’hébergement de cette architecture. L’hébergement peut se faire dans une salle informatique de l’entreprise qui doit respecter des règles permettant de garantir la disponibilité des ressources énergétiques. Si ce n’est pas le cas, il faut alors prévoir un budget pour transformer la salle informatique en véritable salle blanche et prendre en compte les coûts associés (onduleurs, redondance des groupes froids, etc.). Il est également possible d’héberger une solution « On-premise » au sein d’un Datacenter, permettant de garantir un taux de disponibilité des ressources énergétiques.

Du côté des solutions Cloud, il faudra aussi prendre en compte le niveau de services garanti par le Cloud Provider. Néanmoins, cela n’est pas toujours suffisant et il peut être intéressant de vérifier les architectures utilisées par celui-ci ainsi que la classification des data centers.

6. Comment sécuriser mes données et mes applications ?

Dès lors que l’entreprise dispose d’une équipe d’experts en sécurité informatique, l’infrastructure « On Premise » présente clairement l’avantage de permettre une maitrise complète des aspects sécurité. A l’inverse, du côté du Cloud, les entreprises ne doivent pas hésiter à poser des questions sur la sécurisation de l’hébergement de leurs données et des ressources informatiques : certification, lieu d’hébergement, visite de Datacenter, audit, rencontre des équipes, etc. Le choix reposera sur une relation de confiance et des moyens mis en œuvre par le prestataire. Les Cloud Providers disposent d’équipes d’experts dans le domaine de la sécurité que l’entreprise ne peut s’offrir.

Le Cloud accompagne la transformation numérique des entreprises. Celles-ci prennent de plus en plus la mesure des bénéfices du Cloud, notamment la capacité à se consacrer à leur métier historique, et l’adoption du Cloud est ainsi en augmentation constante. Néanmoins, tout n’est pas externisable, notamment certaines applications existantes au sein de l’entreprise. Le bon compromis peut être un environnement hybride. Mais le meilleur conseil à donner aux entreprises dans leur choix de la solution la plus performante, c’est de choisir celle qui prend en compte à la fois leurs besoins actuels et ceux de demain.

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Quentin Patou est Directeur de l’offre technique Scalair