A partir de septembre prochain, les automobiles américaines devront posséder une boite noire presque aussi évoluée que celle des avions. Alors que les recherches des boîtes noires du Boeing 777 malaisien se poursuivent dans l’Océan Indien, les regards se tournent vers l’automobile us qui tue, chaque semaine, l’équivalent des passagers d’un Boeing 777-300.

40 000 personnes meurent chaque année au volant. C’est l’occasion de souligner qu’en septembre 2014, les voitures seront tenues d’avoir une «boîte noire », désormais connue sous le nom de  MVEDR (Motor Vehicle Event Data Recorder), soit un « enregistreur électronique de données pour véhicule à moteur ». Celui-ci permettra d’enregistrer beaucoup d’informations essentielles dans le cas d’un accident. Cette mesure était très attendue depuis plus de 10 ans par les compagnies d’assurances américaines qui sont souvent paralysées dans des procédures complexes, fautes de preuves, en particulier dans le cas de décès, par des procès sans fin.

car-crash_420-420x0 Les normes américaines existent, les françaises arrivent

Une normalisation existe déjà dans ce domaine depuis longtemps et même des spécifications informatiques, l’IEEE 1616, avec une roadmap, un programme qui donne une vue d’ensemble de ce qui sera obligatoire dans les années à venir. Pour l’instant, les premières informations qui doivent être capturées concernent une dizaine de paramètres comme la vitesse, l’état des freins, la position et la direction des roues, l’état des ceintures de sécurité, etc.

L’essentiel des documents, un peu austères de la norme IEEE 1616, concerne les procédures pour garder les informations de manière inviolable. En France, on n’en est toujours qu’aux balbutiements, le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) s’était prononcé le 29 novembre dernier, lors de son assemblée plénière, en faveur d’une recommandation sur les boîtes noires (ou enregistreurs de données routières), proposant à la Commission européenne de « normaliser les données » qui pourraient être enregistrées par ces appareils, afin de retenir « les plus pertinentes ». Les données enregistrées ne seraient conservées « qu’en cas de choc à raison de 30 secondes avant le choc et jusqu’à 15 secondes après ».edr-02 Cela fait plusieurs années que la législation automobile évolue vers toujours plus de rigueur.

Le protocole et les informations « publiables  » concernant l’accès au MVEDR étaient encore récemment en cours d’élaboration. Le connecteur blindé du verrouillage de la boîte noire, précisément l’appareil qui conserve les informations dans le système doit être, par exemple, à la fois accessible mais aussi inaltérable.

Avant que les autorités autorisées, à priori la police, ne les analysent, on peut se poser beaucoup de questions sur la liberté « surveillée » des conducteurs. Si les principaux problèmes des boîtes noires pour la protection des données sont déjà résolus, la diffusion de l’information recueillie sur le fonctionnement du véhicule et en particulier les données personnelles associées restent un sujet complexe qui n’ a pas encore été discuté. Cela reste un problème touchant à la vie privée qui sera en France verrouillé par la Cnil, d’où la préconisation de la sécurité routière sur 15 ou 30 secondes d’enregistrement seulement. Va-t-on juger les personnes qui ne suivent pas leurs traitements médicaux et qui sont potentiellement dangereuses sur les routes ? Où s’arrête la législation sécuritaire et où commence l’inquisition ?

Des capteurs pour tous  

Le partenariat entre Apple et la firme d’automobiles Tesla qui porte sur la protection des conducteurs cardiaques grâce à un système de monitoring permanent via le cloud participe à la définition de nouvelles générations de capteurs. Les nouvelles fonctionnalités pourraient en effet se focaliser sur le conducteur avec les détecteurs de somnolence, solutions qui existent déjà, ou une mesure électronique du taux d’alcoolémie au démarrage. Mais tous ces capteurs qui seront ajoutés à l’ensemble des paramètres automobiles nécessitent un stockage immédiat de l’information et une analyse immédiate, synonyme de puissance de calcul. Des notions pas faciles à examiner hors de leur contexte.

D’où l’idée qui prévaut aux USA qui serait de connaître l’état de santé de la personne qui conduit. Celle-ci pourrait s’effectuer sur la base de la surveillance de sa vie active via les mobiles, devenus à la fois mouchards et bouées de sauvetages. Un sujet de santé « mobile » qui lui aussi intéressera les assurances-vie. Comme la plupart des véhicules seront conçus pour incorporer la communication externe en tant que partie intégrante de leur électronique, le transfert vers le cloud pour l’analyse du véhicule paraît incontournable, une notion concurrente des boîtes noires. Des solutions qui là aussi existent sur les véhicules de luxe mais aussi pour les voitures électriques comme celles des Autolibs. Le prochain salon mondial de l’auto à la rentrée prochaine devrait révéler des nouvelles générations toujours plus connectées.