Qu’ont en commun les employés de la banque, les comptables, les secrétaires, les caissiers et les ouvriers de la manutention ? Ils sont tout simplement menacés par la vague numérique en cours et ses deux bras armés que sont l’automatisation et l’intelligence artificielle.

C’est l’analyse que propose l’institut Sapiens dans sa dernière étude intitulée L’impact de la révolution digitale sur l’emploi |Top 5 des métiers en voie de disparition.

La diffusion d’une innovation dans une économie provoque la disparition de certains métiers et en fait émerger de nouveaux. Même si Schumpeter n’en avait pas fait un concept économique, à travers sa théorie de la destruction créatrice bien connue, les auteurs de l’étude constatent que nous pourrions en faire le constat tous les jours.

« Le numérique dévore le monde » écrivait Marc Andreessen[1] dans un article du Wall Street Journal. « Si tu fais deux jours de suite la même chose, le troisième jour un logiciel le fera à ta place », expliquait Daniel Cohen, Directeur du département d’économie de l’École normale supérieure, en présentant son livre Le Monde est clos et le désir infini.

S’il existe une alternative technologique à un emploi humain, celle-ci sera systématiquement choisie, dans une optique de gain de productivité. S’il n’est pas nouveau, le mouvement de remplacement de l’homme par la machine est favorisé par le mouvement cyclique suivant : l’automatisation génère de la croissance par une augmentation des gains de productivité, et la croissance génère à son tour de l’automatisation par l’augmentation des salaires qui engendre une incitation à automatiser. Et avec les technologies récentes, ce mouvement ne fait que s’accélérer.

La vague digitale qui engloutira de nombreux emplois risque d’être socialement néfaste si elle n’est pas anticipée, prévient l’auteur du rapport Erwann Tison, Directeur des études de l’Institut Sapiens. Ne pas prévoir les métiers qui vont disparaître, c’est risquer une aggravation du taux de chômage et donc un déséquilibre critique de nos comptes sociaux.

Quels sont les emplois menacés ? John Maynard Keynes prévoyait que d’ici la fin du XXe siècle, la technologie aurait détruit les emplois aliénants et pénibles. Une intuition qui se révèle exacte :  le classement DARES des métiers les plus pénibles se superpose avec celui des métiers menacés.

Les métiers retenus sont ceux qui sont à la fois directement remis en question par une technologie et qui ont vu leurs effectifs diminuer depuis 30 ans.

Au total, selon nos estimations, ce sont près de 2,1 millions d’actifs concentrés dans ces 5 métiers qui ont une forte probabilité de voir leur emploi disparaître dans les prochaines années. Les métiers sélectionnés pour illustrer cet effet sont donc ceux ayant connu la plus forte diminution de leurs effectifs depuis 1986[1] : manutentionnaires, secrétaires de bureautique et de direction, employés de comptabilité, employés de la banque et de l’assurance et caissiers et employés de libre-service.

Néanmoins, si de nombreux métiers vont disparaître, d’autres, en plus grande proportion vont également émergés. Parce que nous ne pouvons encore cerner avec certitude la nature de ces nouveaux emplois, nous devons alors créer un cadre propice à leur émergence, basé notamment sur une formation professionnelle agile et personnalisée.

 

Fiches d’identité des 5 métiers menacés

1 – Employés de la banque et assurance
Effectifs en 1986 : 356 000
Poids dans l’emploi total en 1986 : 1,8%
Effectifs en 2016 : 221 000
Poids dans l’emploi total en 2016 : 0,9%
Variation des effectifs 1986 – 2016 : -39%
Date d’extinction estimée : entre 2038 et 2051 

2 – Employés de la comptabilité
Effectifs en 1986 : 335 000
Poids dans l’emploi total en 1986 : 1,7%
Effectifs en 2016 : 300 000
Poids dans l’emploi total en 2016 : 1,2%
Variation des effectifs 1986 – 2016 : -10%
Date d’extinction estimée : entre 2041 et 2056 

3 – Secrétaires bureautiques et de direction
Effectifs en 1986 : 765 000
Poids dans l’emploi total en 1986 : 3,9%
Effectifs en 2016 : 560 000
Poids dans l’emploi total en 2016 : 2,2%
Variation des effectifs 1986 – 2016 : -26%
Date d’extinction estimée : entre 2053 et 2072 

4 – Caissiers et employés de libre-service
Effectifs en 1986 : 255 000
Poids dans l’emploi total en 1986 : 1,3%
Effectifs en 2016 : 270 000
Poids dans l’emploi total en 2016 : 1%
Variation des effectifs 1986 – 2016 : +6%
Date d’extinction estimée : entre 2050 et 2066

5 – Ouvriers de la manutention
Effectifs en 1986 : 811 000
Poids dans l’emploi total en 1986 : 4,1%
Effectifs en 2016 : 675 000
Poids dans l’emploi total en 2016 : 2,7%
Variation des effectifs 1986 – 2016 : -17%
Date d’extinction estimée : entre 2071 et 2091

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