Elon Musk aura eu le dernier mot… La direction de Twitter a préféré accepter les 44 milliards de dollars proposés plutôt que de partir au combat… Pas sûr que la liberté de parole et la popularité du réseau social y survivent…

Il est la personne la plus riche du monde… Et il contrôle désormais le hub d’information le plus populaire au monde… Elon Musk va effectivement racheter Twitter pour la somme de 44 milliards de dollars.

Elon avait acquis de façon très médiatisée 9% du capital de Twitter il y a quelques semaines. Puis, le 14 avril, le riche patron de Tesla et SpaceX annonçait son intention de racheter Twitter pour « sauvegarder la liberté d’expression », selon ses propres mots. Le conseil d’administration avait alors repoussé les avances du milliardaire et tenté de le contrer par une technique de « poison pill » (pilule empoisonnée) avant finalement de totalement virer de cap Lundi pour accepter ses propositions.

Elon Musk se présente lui-même comme un « free speech absolutist ». Il compte retirer Twitter de la Bourse puis réviser (pour ne pas dire simplement supprimer) les règles internes de modération du réseau social. Elon voit dans Twitter « la place publique de l’ère numérique où sont débattues toutes les questions vitales pour l’avenir de l’humanité ».

La nouvelle du rachat est très diversement appréciée. Bien sûr, sur le réseau lui-même, les utilisateurs ont vivement réagi certains saluant la « liberté » ainsi acquise par le réseau, d’autres s’inquiétant des intentions réelles du milliardaire.

En réponse à leurs interrogations, Robbert Reich explique dans The Guardian : « Lorsque des milliardaires comme Musk justifient leurs motivations en utilisant le mot « liberté », méfiez-vous. Ce qu’ils recherchent en réalité, c’est la liberté de ne pas être responsable… Elon Musk veut posséder Twitter pour protéger sa « liberté », et non celle des autres ». De son côté, Bloomberg estime que « Musk est le mauvais leader pour la mission vitale de Twitter ».

La directrice de l’ONG Free Press, Jessica Gonzales, s’inquiète aussi de la situation alors que Musk tend à utiliser Twitter pour influer sur ses followers (notamment pour faire fluctuer les flux des cryptos monnaies) et attaquer ouvertement les personnes qu’il n’apprécie pas (Bill Gates par exemple) d’une façon qu’elle juge « infantile ».

Du côté du gouvernement, c’est aussi l’inquiétude qui domine. Selon la porte-parole de la Maison Blanche, « le président parle depuis longtemps de ses préoccupations concernant le pouvoir des plateformes de médias sociaux, Twitter et d’autres, de répandre la désinformation« . Mais elle n’a pas voulu commenter davantage le rachat lui-même.

Elon Musk promet non seulement du « Free Speech » (la liberté de parole) mais aussi d’enrichir la plateforme de nouvelles fonctionnalités, lui qui réclame depuis des mois et des mois une fonction « edit » permettant de corriger et modifier un message publié. « Mon intuition forte est que le fait de disposer d’une plateforme publique qui soit d’une confiance maximale et largement inclusive est extrêmement important pour l’avenir de la civilisation », explique-t-il. « Je ne me soucie pas du tout de l’aspect économique ». Selon la direction, les emplois des 7.500 collaborateurs de Twitter ne sont pour l’instant pas menacés.

 

Quand l’UE signe son Digital Services Act pour réguler la liberté d’expression

De façon quelque peu ironique, ce deal intervient alors que l’Union Européenne, la Commission européenne et le parlement européen ont finalisé ce week-end une nouvelle législation qui doit permettre de mieux lutter contre les discours de haine, la désinformation, les contrefaçons et autres dérives de l’internet. Le DSA « Digital Services Act » veut justement « réguler le numérique » et imposer aux plateformes comme Facebook, Amazon, YouTube, Tik Tok et Twitter l’éradication de contenus jugés illicites ou dangereux. Le DSA impose aux services de numérique de reconnaître comme illégaux les contenus en ligne qui sont illégaux dans la vie réelle. Le texte vise à « protéger l’espace numérique contre la diffusion de contenus illicites et à garantir la protection des droits fondamentaux des utilisateurs ». De quoi inspirer Elon Musk pour les futures règles de régulation de Twitter ?

 


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