Richard Stallman fait son come-back à la Free Software Foundation. Un retour applaudit par certains mais certainement pas par tous, car le personnage divise. Ce retour pourrait même mettre en danger l’avenir de la FSF.

La fantasque et charismatique figure de proue du logiciel libre, Richard Stallman, annonce son retour au sein du comité de direction de la Free Software Foundation, 18 mois seulement après en avoir démissionné.

Père du projet GNU et de la licence GPL, développeur émérite du GNU Emacs mais aussi du compilateur GCC et du debugger GDB, Richard Matthew Stallman (surnommé RMS) reste la grande figure du logiciel libre et son militant le plus passionné.

Suite à des prises de position controversées sur les forums du MIT concernant le légendaire Marvin Minsky et les liens de ce dernier avec Jeffrey Epstein, Stallman avait démissionné en septembre 2019 de son poste de président et membre du board de la Free Software Foundation, fondation qu’il a créée en 1985.

Cette semaine, il a donc annoncé son retour lors d’un streaming en live autour du projet LibrePlanet : « certains d’entre vous seront heureux de cela, et certains pourraient être déçus, mais qui sait ? En tout cas, c’est comme ça. Et je n’ai pas l’intention de démissionner une deuxième fois ».

Et effectivement ce retour fait grincer bien des dents. Il est vrai que le personnage a toujours été clivant. En froid avec Linus Torvald et d’autres figures de l’open source, Richard Stallman n’est pas le bienvenu dans toutes les communautés.

Dans une lettre ouverte, plusieurs leaders de l’open source et du monde Linux (dont Neil McGovern de GNOME, Deb Nicholson de l’OSI, Matthew Garret ex-FSF et autre grande figure du Libre, …) ainsi que des centaines de signataires affirment que « Richard M. Stallman, souvent connu sous le nom de RMS, est depuis longtemps une force dangereuse dans la communauté du logiciel libre. Il s’est montré misogyne, discriminant et transphobe, entre autres accusations graves de comportements inappropriés ».

Ouch… Le ton est dur. Et les signataires de la lettre d’appeler ensuite à ce que « l’ensemble du conseil d’administration de la FSF démissionne et que RMS soit démis de tous ses postes de direction ».

Même au sein du comité de direction de la FSF, ce retour est très diversement apprécié. Ainsi Kat Walsh, un de ses Boards Members, explique sur Twitter que « quelle que soit la valeur de RMS, je n’ai pas soutenu la décision de le réintégrer. J’ai fait valoir mes arguments et j’ai voté contre. Si j’ai été heureux d’avoir pu le faire, je regrette de ne pas avoir pu inverser la décision ».

Paul Fisher de Lyft se montre de son côté encore plus virulent : « RMS a lancé le mouvement du logiciel libre et la GNU GPL est un document révolutionnaire. Mais la communauté a toujours le droit de le tenir responsable de ses actions odieuses et de ses discours nuisibles. RMS ne devrait pas faire partie de la FSF. Le mouvement est devenu plus grand qu’une personne. Nous avons besoin de leaders qui soient inclusifs et traitent tous les humains avec le respect et la dignité qu’ils méritent. »

D’autres voix s’élèvent pour défendre la FSF et rappeler que les choses ont changé ces dernières années au sein de l’organisation alors que d’autres craignent justement que le retour de RMS n’engendre un retour à des pratiques et des propos malvenus.

Le combat entre les fans de Richard Stallman et ceux qui estiment que le monde open source se porte mieux sans lui ne fait que commencer (ou plutôt redémarrer, car le clivage n’est pas nouveau). Mais ce retour met directement en danger la survie de la FSF et creuse encore un peu plus l’écart naissant entre les adeptes de la FSF et le monde des communautés open source (FOSS). Typiquement, la Software Freedom Conservancy, réputée pour ses travaux juridiques et la défense de la GPL dans bien des affaires légales, vient d’annoncer arrêter son partenariat avec la FSF en réaction au retour de RMS.